Que connait-on exactement du Moyen-Orient dans la culture metal, si ce n'est les principales têtes qui osent sortir de l'anonymat et s'importer un peu partout dans le monde comme
Orphaned Land ? On le sait depuis un certain temps maintenant, règne là-bas, une terre sombre vouée à officier dans la musique dite extrême sous toutes ses formes, allant du plus soft jusqu'au black oriental arabe, noir et menaçant comme
Al Namrood. Si pour autant, le peu de représentants metal dans chacun de ces pays s'avère être un frein pour ceux qui souhaitent s'y aventurer, la qualité des mélodies et les émotions délivrées offrent une belle part de prestige dans les pays européens, friands de metal oriental.
Entouré par l'Afghanistan, l'Inde ou encore la Chine, le Pakistan, même s'il est fortement exposé à la culture arabe du Moyen-Orient, reste un pays un peu plus libre musicalement (il faut tout de même relativiser). Il manquerait ainsi, comme il faut s'en douter, de grands moyens d'exposition et de diffusion.
Jehangir Aziz Hayat a donc su être le premier à s'imposer véritablement dans la scène metal pakistanaise, en délivrant son premier single "
Never Change" en 2004, à l'âge de 16 ans seulement, l'élevant comme fier représentant du grunge au Pakistan.
Pour cause, il peut aussi bien passer d'une voix posée et mélodique, émouvoir ses auditeurs par les histoires de sa vie qui l'ont particulièrement touché, partir vers des notes plus sombres avec toute la rage et l'aspect crasseux du grunge, ou bien encore fusionner le metal avec des sonorités parfois arabisantes et donc plus fines. Ce dont on rêverait d'un album pour qu'il franchisse le palier de la reconnaissance, et ainsi pouvoir goûter à un succès bien mérité. "Read Between the Lines" - même s'il n'est encore qu'un premier album, possède déjà toute la maîtrise d'un grand ouvrage et rassemble un incroyable panel d'émotions, constituant la richesse même de cet essai.
Musicalement,
Jehangir Aziz Hayat pourrait se situer dans la branche du grunge dit "oriental" - dont les représentants sont finalement très peu nombreux. Seuls les américains de
Live arrivent à s'en rapprocher, depuis la sortie de "Secret
Samadhi" en 1997, sans pour autant plonger ses auditeurs dans une ambiance typiquement orientale, car ils n'ont jamais vraiment exploité leurs influences jusqu'à en tirer quelque chose de plus brute. Mais dans le cas de ce jeune pakistanais, on ne parle plus d'influences mais véritablement de sa propre culture, le berceau de son enfance. Autrement dit, ses racines.
Du fait de sa présence plutôt forte dans les pays orientaux, le metal extrême peut parfois servir à transmettre un message particulier, délivrer un sentiment de haine ou de désespoir, de façon à combattre ses problèmes et les interdits qu'il peut exister. Aussi, c'est sans une certaine noirceur que Jehangir nous délivre deux premières pistes ("Bringing Me
Down" et "
Frozen Waters") aux frontières du neo-thrash et du grunge bien grassouillet, tout deux, teintés de riffs sauce
Pantera. Notre one-man-band semble d'ailleurs s'être volontairement rapproché de ses influences les plus sombres, avec "Penny
Eyes" et ses ambiances morbides ou encore avec "See You Soon" livrant un message d'adieu dans un langage death atmosphérique, bien loin de n'être qu'un simple morceau de clôture, car contenant tout un ensemble de décors assez intrigants : choeurs mystiques, ambiance torturée, clavier dramatique...
On se rapproche d'ailleurs plus du style d'Ogün Sanl?soy en solo, sur la très personnelle "Pretend to Be" - avec toutefois, un côté profond et intime expliquant certainement l'intérêt du public vis-à-vis de ce morceau (ayant remporté plusieurs prix). Ainsi, cet album possède un bel équilibre entre le sombre et le mélancolique avec des titres tels que "I Remember" ou la magnifique ballade "Light the
Fuse" qui viennent renforcer l'image d'un grunge solide, touchant et prometteur.
L'année 2009 aura non seulement signé le retour fracassant d'
Alice In Chains, celui de
Creed avec "Full
Circle" - malheureusement aussi, la séparation tragique de
Live, avec le départ de son leader charismatique... Mais finalement, le grunge compte maintenant dans ses rangs l'un de ses plus grands espoirs, qui en plus, représente à lui seul, le style dans le Moyen-Orient. C'est dire, que le jeune adolescent de l'époque "
Never Change" a suffisamment mûri et a su exploiter son talent jusqu'à en tirer le meilleur de lui-même. Aucun doute,
Jehangir Aziz Hayat a bel et bien fait avancer l'histoire du grunge en livrant son premier album "Read Between the Lines" - arrivant à combiner de nouvelles atmosphères, tout en gardant une base suffisamment solide.
@ LeLoupArctique : C'est en effet, un bon choix pour commencer à découvrir le monde du grunge, surtout si tu aimes les sons un peu typiques et orientaux qui font voyager. Car de plus, avec cet artiste, tu auras déjà fait le tour de ce qui se fait en grunge dans le Moyen-Orient car je n'ai aucun autre nom de groupe à te proposer, sauf le projet parallèle du chanteur : The Baffled Penguins. Je te conseille donc d'écouter "Pretend to Be" - "I Remember" ou encore "Light The Fuse" en priorité, tu devrais aimer :)
Merci à vous deux!
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