Liste des groupes Black Metal Demande A La Poussière Quiétude Hostile

Tirant son patronyme d’une œuvre de John Fante, actif depuis 2017 et originaire de Paris, Demande A La Poussière, composé de Christophe « Krys » Denhez (chant, guitare, chœur), d’Edgard Chevallier (guitare), de Neil Leveugle (Basse) et de Vincent Baglin (Batterie), publie son deuxième long format, intitulé « Quiétude Hostile ».

En préambule, il est à signaler que les bougres en imposent puisqu’ils sont issus de la crème du métal extrême hexagonal et de formations telles que The Great Old Ones, Spectrale, Omrade ou Würm. « Quiétude Hostile » a été produit par le guitariste du groupe, Edgard Chevallier, au Lower Tone Place Studio et, l’artwork très mystérieux est signé Aurélie Raidron et, le moins qu’on puisse dire, c’est qui colle parfaitement au contenant de cet enregistrement.

Pour une œuvre aussi massive qu’hermétique, inutile d’effectuer un track by track pour étayer l’avis de cet album, cela serait un non-sens. « Quiétude Hostile » s’appréhende dans sa globalité et dans son intégralité. Le patronyme de ce disque est assez antinomique même si la quiétude est bien moins omniprésente que l’hostilité. Le propos de Demande A La Poussière se veut oppressant, inquiétant, dérangeant, brumeux, boueux, violent et vicieux, il se glisse insidieusement dans votre cortex afin d’en prendre possession et vous traîner au fond d’une cave moite, puant l’humidité, où un bête innomable vous attendra et vous saisira à la gorge. Le soucis, c’est qu’au lieu de trouver une échappatoire, vous vous laisserez entrainer dans cette souffrance extrême, avec même une pointe de jouissance mal placée.

Tout comme Pilori, Demande A La Poussière s’affranchit de tout étiquetage, la formation empreinte aussi bien au black-métal au travers de blast furibonds (« Léger Goût De Souffre », « Eréthisme », « Bois De Justice » ou encore « L’Oubli Du Contrarié »), au doom grâce à des rythmiques massives et lourdes (« Morphème », « Perdu » ou « Expiravit ») au sludge qui parsème l’ensemble de ce disque, avec également une pointe de hardcore. Tout sur « Quiétude Hostile » n’est qu’obscurité et ténèbres, il y émane de la souffrance mais aussi de l’aliénation de part les lignes vocales de Krys. Si votre serviteur devait résumer ce « Quiétude Hostile », il dirait qu’il est une espèce de monstre polyforme hermétique, très sombre, duquel il ressort une atmosphère lancinante et hypnotique, puissante et massive. Le seul faisceau lumineux en forme de lumière au fond du tunnel moite, réside dans les quelques breaks disséminés ici et là.

Si un titre devait être mis en exergue, il s’agirait de « Perdu ». Doté d’un riff principal pachydermique, ce morceau bénéficie d’une montée en puissance qui happera l’auditeur, l’ambiance délétère et suicidaire qui y règne, finira d’achever ce dernier. Sa mélodie sous-jacente est à la fois addictive et mélancolique, il en ressort une véritable tristesse.

Les arrangements et l’interprétation des titres sont un travail d’orfèvre, chaque élément a été soigneusement pensé et travaillé, mais le grand gagnant est incontestablement Krys qui, non content d’éructer et de vociférer tel un dérangé mental, ce qui amène une réelle atmosphère malsaine à l’ensemble, le bougre écrit également les textes avec une plume et une intelligence rare. Le texte de « Bois De Justice », qui narre les dernières pensées du dernier condamné à mort de France, en est le parfait exemple. La production sied à merveille aux propos de Demande A La Poussière, elle est charbonneuse à souhait, faisant ressortir un certain aspect nihiliste de la chose, les claviers, assez présent, étoffe le son et les ambiances, mais ils ne prennent jamais le dessus sur les autres instruments. Aussi, il est à noter que Dima de White Ward (combo ukrainien) assure les lignes de saxophone sur « Expiravit » et que Julien Gebenholtz de Supachill (ex-No Return) appose de la contrebasse sur « Perdu ».

Une multitude d’écoutes seront nécessaire pour pénétrer ce pavé hermétique, seuls les auditeurs téméraires et tenaces pourront percevoir les richesses de cet album, mais malheureusement, l’élitisme de la musique de Demande A La Poussière en laissera plus d’un sur le bord de la route.

Un temps d’adaptation et une certaine obstination seront utiles, « Quiétude Hostile » est une créature féroce qui ne s’apprivoise pas aisément. Mais une fois domptée, elle vous guidera au fond du trou, trou duquel vous ne pourrez jamais en ressortir, pour votre plus grand plaisir. Sombre, glauque, oppressant et dérangeant mais aussi violent, féroce et puissant, cet album ne laissera personne indifférent et fait preuve d’une très grande richesse. Voilà le printemps, il est fort à parier que Demande A La Poussière va plomber l’ambiance.

Attention, réservé aux oreilles averties et aguerries.