Plus qu’une grosse pointure, «
Kampfar » est devenue une véritable institution. Etrangement, un modèle à part, pas forcément des plus suivis. Néanmoins, à l’annonce de chaque album tous les amateurs de black pagan font la fête. Rien de mieux que de s’isoler dans leur black pagan inflexible et nerveux pour se ressourcer. Depuis «
Mare » en 2011 la troupe de Dolk a gagné en profondeur, en noirceur. Le redoutable «
Djevelmakt » a confirmé cette tendance, se révélant même parmi les albums les plus déterminants de la formation norvégienne, déjà fameuse avant ce sinistre et éblouissant forfait. Une peinture peu connue de Zdzisław Beksiński avait servi à illustrer la pochette de cet album. Un an tout juste après, un septième volume de «
Kampfar » sort chez Indie Recordings, de nouveau avec une illustration de l’artiste polonais décédé il y a près de dix ans, confirmant encore cette vénération poussée pour les ténèbres. Un septième album sortant officiellement un vendredi 13. On ne savait pas «
Kampfar » superstitieux. Les membres auront coûte que coûte cherché à attirer la chance de leur côté.
La crasse est à nos pieds. L’endroit est peu sûr. «
Gloria Ablaze » tente de nous intimider avec son black metal incandescent et nerveux en couplets. Il est aéré sur le refrain, et par l’ajout d’une voix claire et d’un raisonnement beaucoup plus souple, prend alors des airs de «
Borknagar ». Le break de milieu de piste propose même une petite et lourde escapade dans les domaines de sieur «
Einherjer ». S’il y a une extrême agressivité, on ne la retient pas de bout en bout. Elle est toujours relativisée à un certain moment. Même sur le très imposant « Daimon », remarquable pour son entrée tribale et son rythme au pas à pas. Le titre est ambigu, proposant vives accélérations tranchant avec l’empathie du milieu, mais aussi un refrain tout en fluidité. Ce dynamisme fait la force et l’intérêt de ce «
Kampfar » à l’apparence assombri. Il est néanmoins transparent sur le ténébreux « Skavank ». Percutant, mais trop tiède et surtout trop répétitif. A comparaison, « Tornekratt » s’en sort beaucoup mieux dans cette même tiédeur, produisant un rythme lent couplé par un chant bien mis en valeur.
Le morceau «
Profanum », tout comme « Skavank », n’est pas non plus impérissable. Il figure toutefois plus solide, rigide même, en grande partie grâce au formidable apport de la batterie. En fait, nous sommes dans un vrai champ de bataille sur la première partie de piste, jusqu’à aller sur les flottements du second. C’est un peu ici que se situe le décrochage. L’opus prend davantage en valeur pour son «
Icons » tyrannique, colérique. «
Kampfar » tente ici une surenchère de violence et met véritablement les bouchées doubles pour nous rentre addicts de la force. Cette charge apparait suite à une fluette et inquiétante entame symphonique dans le but de créer un brusque décalage frappant. C’est plus direct avec « Pole in the
Ground ». On s’attendrait pratiquement à du «
Melechesh » dès ses débuts. L’extrait va se révéler plus subtil à la longue, avec un chant en retrait pour laisser place nette aux mélodies. On assiste à un break énigmatique au milieu, préambule d’un joli passage instrumental mêlant musique pagan et prog. Il n’y a pas de doute que « Pole in the
Ground » ait atteint un point culminant.
Celui qui a connu, qui a été durablement marqué par «
Djevelmakt », ne sera pas forcément très impressionné par son suivant. En vérité, «
Profan », distant d’un an tout juste, lui est très similaire. C’est une continuité logique. Une continuité logique, mais pas une continuité pleine. Car l’ombre a pris de nouvelles dimensions, s’est intensifiée. Aujourd’hui, «
Kampfar » ferait bon voisinage avec le plus récent de «
King Of Asgard » par exemple. On regrette quelques longueurs, quelques errements sur la première moitié des morceaux de l’album. Les trois derniers sont beaucoup plus marquants, beaucoup plus sensibles aussi. La seule force ne compte pas si elle n’est pas maniée avec finesse. «
Kampfar » produit toujours un black pagan de premier ordre. Toujours un peu plus sombre à chaque fois. C’est un cheminement qui doit mener vers l’annihilation totale. La lumière s’éteint au fur et à mesure, effaçant le visage d’un puissant prédateur, mais la menace n’a jamais été aussi présente. Elle continue à exister et à régner.
14/20
Perso j'ai été mitigé aux écoutes de cet album des norvégiens ! Dans la continuité du précédent mais beaucoup moins marquant, moins percutant...
Et comme toi, la seconde partie de l'album est plus inspirée et moins tiède que la première moitié quelque peu fade (notamment à partir de Daimon...)
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