Souvenez-vous, c’était en 2003.
Bornholm, petit groupe hongrois sorti de nulle part, créait la surprise avec … On the Way of The Hunting
Moon, album de black mélodique et épique exécuté avec le cœur et les tripes qui rendait un fier hommage aux grands noms de la scène pagan black scandinave des années 90.
Les fiers Magyars ont depuis acquis une reconnaissance méritée, notamment après la sortie d’
Inexorable Defiance en 2013 qui leur permettra de partager l’affiche avec
Arkona et
Wolfchant lors de l’édition du
Pagan Fest de cette même année.
Voilà donc le trio qui revient avec ce Pirmaeval Pantheons signé sur
Massacre Records. Les premières notes de Eye of Knowledge résonnent, clavier, chœurs, et cuivres synthétiques semblant annoncer le début d‘une grande fresque épique et fantastique. Puis jaillit un riff black très clair et un blast rapide, et le titre se lance, certes pas très novateur mais plutôt efficace dans son genre, avec les vocaux rageurs de Sahsnot qui ajoutent la petite pointe d’agressivité indispensable au style. Ce premier morceau de 7,13 minutes présente un black metal rapide, accrocheur et très mélodique au feeling viking, avec ces riffs conquérants et ces chœurs clairs qui nous font voyager dans des contrées sauvages et enneigées. Le tout est très bien exécuté et sonne comme une entrée en matière agréable, mais force est de constater que malgré son professionnalisme, les Hongrois manquent un peu d’identité et que leur musique reste trop commune. Le son, très lisse et trop propre, presque synthétique, gomme les aspérités d’une musique que l’on aurait aimé un peu plus rugueuse et intense.
Atavism est quant à lui un morceau majoritairement mid tempo très réussi, porté par de belles envolées de guitares et un sens de la mélodie qui fait mouche. Les claviers sont discrets mais apportent une certaine profondeur au morceau, et cette touche nordique est omniprésente, rappelant des groupes tels
Thyrfing,
Enslaved ou
Kampfar. On est donc d’autant plus surpris à l’écoute de morceaux comme Runes of
Power ou
Old au riffing plus lourd et saccadé rappelant parfois
Melechesh, et qui, avec un March of Saturn un peu long, forment le ventre mou de l’album :
Primaeval Pantheons ne décolle pas vraiment, et si l’ensemble de ces neuf morceaux reste soigné et que l’on sent un vrai travail sur le riffing et les arrangements, le tout reste trop prévisible et souffre d’une certaine monotonie à cause d’un manque d’intensité certain.
Heureusement, Iron
Crown vient nous tirer de notre léthargie, titre dynamique et efficace d’à peine 3,43 minutes qui fait beaucoup penser à
Istapp ou
Wintersun, avec ce martelage de batterie intensif, cette avalanche de notes à la fois froides et limpides et ces mélodies galvanisantes.
Il serait également injuste de passer sous silence les quelques moments de bravoure que nous offrent l’accélération centrale de March of Saturn ou la mélodie entêtante de Bloodstorm, qui nous ébouriffe d’entrée d’une bourrasque glaciale, et qui font de cet album un opus très agréable à défaut d’être inoubliable.
Ces 51 minutes s’achèvent sur un
Imperium (Divus Rex) aux ambitions épiques qui se perdent rapidement dans un mid tempo un peu lourd et longuet et le bilan de ce nouveau
Bornholm est finalement assez mitigé : d’un côté, les Hongrois n’ont pas perdu leur savoir-faire, excellant toujours autant dans l’art de composer de belles mélodies, et quand ils accélèrent, ils sont capables de composer des hymnes païens sauvages et jouissifs extrêmement prenants ; de l’autre, on a ici une musique un peu trop aseptisée où pas grand-chose ne dépasse, et l’ensemble, malgré ses qualités musicales indéniables, reste un peu trop convenu et sonne déjà entendu.
Oui,
Primaeval Pantheons est un album musicalement léché et techniquement parfait composé par des artistes qui n’ont plus rien à prouver, mais force est de constater qu’il manque d’un petit quelque chose pour réellement nous emporter, certains diront de l’intensité, d’autre de la personnalité, d’autres encore parleront d’âme… Toujours est-il que ce nouvel album des Hongrois, s’il s’apprécie sur l’instant, ne marquera probablement pas les esprits sur la durée et risque de prendre la poussière au bout de quelques écoutes, noyé dans le flot des bonnes sorties du genre, ce qui est bien dommage quand on connait le potentiel du groupe. Contrairement à ce que semblerait indiquer son titre, ce n’est pas encore avec son nouvel album que
Bornholm entrera au panthéon, mais rassurez-vous, les Anciens sont patients, et comme nous l’a promis la première démo du groupe en 2001 déjà, ils finiront bien par se réveiller…
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