Les contrées artistiques allemandes, généralement réputées pour être souvent des terres peu fertiles s'agissant de cette nuance et de cette fantaisie pourtant salutaire, auront tout de même engendré quelques formations sinon atypiques, s'affranchissant au moins de ce rigorisme culturel notoire. Et ce, bien évidemment, en des styles aussi divers que variés. Prenons par exemple
Gun Barrel dont d'aucuns pourraient aisément s'imaginer qu'il n'est rien d'autre qu'un énième groupe typiquement germaniques, typiquement semblables à ses pères et typiquement désespérant. Il y a bien sûr les stigmates de ce legs spécifiquement allemands dans leurs travaux, mais pas uniquement. En effet, il est aussi possible de ressentir, dans le Heavy
Metal de ce groupe, de doux parfums Rock'n Roll et
Hard Rock qui, en un mélange improbable d'inspirations séduisantes, nous évoquent immanquablement des noms aussi prestigieux qu'AC/DC, Motorhead ou encore
Running Wild. Et alors qu'en aprioriste imbécile nous nous attendions à y découvrir un art désespérément traditionnel au classicisme éculé, la surprise nous étreint. Mais revenons donc au commencement.
Fondé en 1998 sur les rives du Rhin, à Cologne pour être plus exact, par le chanteur Guido Feldhausen et le guitariste Rolf Tanzius la formation sort une première démo (
Bomb Attack (1999)) et un EP remarqué (
Back to Suicide (2000). En 2001, elle nous propose un album du nom de
Power Dive composé de nouveaux titres, mais aussi d'anciens réenregistrés. Intéressons nous donc à ce manifeste.
Le morceau éponyme qui a ici la lourde tâche de lancer l'offensive est un titre éminemment sympathique et entrainant venant agréablement nous surprendre. Toutefois, pour être tout à fait honnête et pour quelques raisons inexplicables, le charmant plaisir naissant, suscité par cette première balle, ne sauraient être tout à fait plein et entier. Pour ce faire, il faudra, en effet, attendre un excellentissime Only the
Passenger, toujours aussi vifs et plus inspiré encore ou un superbe For All Like You aux couplets paisibles que n'auraient sans doute pas renié les frères Young ou
Tom Keifer et aux refrains divinement remuant. Trois morceaux, trois salves d'une efficacité redoutable. Une première cartouche crachée par le canon d'un revolver atteignant sa cible avec une précision formidable et les deux suivantes nous achevant.
Gun Barrel remporte le duel sans contestation aucune.
Non content de laisser nos carcasses abandonnées au milieu du chemin ocre et poussiéreux de cette bourgade, les Allemands dégainent encore et encore.
Bomb Attack,
Gate of
God, Straight
Down to
Hell ou encore, par exemple,
Back to Suicide transpercent nos corps sans vie.
En outres insistons sur le fait que si le Heavy Rock'n Roll de ce quartette saxons sera évidemment déterminant dans la bonne tenue d'une œuvre aussi étonnamment savoureuse, ses chants seront, quant à eux, tout aussi cruciaux. Rugueuses et éraillées, mais non dénuées d'harmonieuses musicalités alors que les aspirations plus quiètes du groupe se feront ressentir, les interventions de Guido Feldhausen, en une interprétation où certains accents familiers sont succinctement perceptibles (Lemmy Kilmister, Rock'n'Rolf, Udo
Dirkschneider...), donnent un surcroit d'aspérités, et donc de relief, aux propos de ces musiciens.
Power Dive est donc un premier opus très intéressant dont les contours séduisants, et nuancés, ne manqueront pas d'enthousiasmer les adeptes du genre.
Je m'attendais à tout autre chose au niveau du style. La faute à ces a priori que tu évoques bien dans ta chro (merci d'ailleurs).
Même si la musique est ici moins proche de l'influence Motorhead que pour (l'excellent) Peer Gunt, j'ai souvent pensé à eux.
Et "For All Like You" est une petite tuerie!
Ah que c'est bon de tomber de temps en temps sur d'aussi bonnes surprises.
Ensuite j'ai effectivement récupéré assez récemment l'album suivant mais je n'ai pas encore suffisamment d'écoute au compteur pour émettre un avis significatif...
J'ai beaucoup de retard sur un tas de groupe. Un retard que je ne comblerais sans doute jamais...
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