Liste des groupes Black Metal Chadenn Pour Redevenir Poussière

Nous revoilà donc deux ans plus tard pour un deuxième album de Chadenn. Le premier avait déjà fait l'objet d'une chronique, et marquait tant par son agressivité que par la haine qui s'en dégageait. Tel était d'ailleurs la caractéristique majeure d'Aux Portes de la Mort : classique, mais sincère et d'une efficacité redoutable. Que nous offre donc ce nouveau Chadenn ? Un travail sérieux, ne serait-ce qu'au niveau du son. La prod' est plus travaillée, plus aboutie. Si le son reste heureusement assez crade (restons sérieux), la production plus professionnelle permet une meilleure appréciation de l'œuvre : Aux Portes de la Mort souffrait parfois d'un son lointain, voire étouffé par moments ; la puissance de l'œuvre pouvait en souffrir. En effet, si l'émotion perçue était intacte – n'est-ce pas le plus important? –, l'appréciation des compositions en elles-mêmes était par moment plus difficile, sans que leur écoute ne soit pour autant laborieuse.

Les compos en elles-mêmes ont d'ailleurs évolué, et dénotent une plus grande maturité, chose qui se constate dès le début de l'album : là où Aux Portes de la Mort commençait par les gargouillements de Chadenn, rapidement suivis du rythme rapide de Black Metal, Pour Redevenir Poussière nous propose en entrée un Sic Luceat Lux plus lent, plus mesuré, qui nous permet de nous plonger petit à petit dans ce qui sera, à n'en pas douter, une claque. Chadenn semble avoir fait le même pari que Marduk à l'arrivée de Mortus, après World Funeral – sans pour autant comparer les deux groupes, hein – et sacrifier la vitesse à des compos plus lentes, plus pesantes, et à un tempo plus mesuré. La chanson éponyme – Pour Redevenir Poussière – est, à ce titre, un excellent exemple. Certaines influences thrashy se laissent percevoir, comme sur Sous l'Arbre Éternel ; la haine et l'agressivité, omniprésentes sur Aux Portes de la Mort, semblent plus ténues, sans pour autant disparaître : Entends l'Appel est, de ce point de vue, très appréciable. Lancinant, effréné, le morceau représente une puissante charge d'émotion et de violence, une charge de cavaliers pourrions-nous presque dire, pour le clin d'œil au troisième titre. Niveau agressivité, Mes Propres Lois n'est pas en reste : le premier aperçu public de l'album s'impose comme l'un des meilleurs titres, par ses riffs carrés et puissants.

Passons maintenant aux textes. Leur lecture permet de constater qu'ils sont, au premier abord, moins religieux que précédemment, ou plutôt moins concentrés sur les Chrétiens. Car tel était l'un de mes principaux reproches au précédent album : le groupe s'attaquait à la cible de toujours, qui ne dérange plus personne et n'est même plus en mesure de se défendre, le Christianisme. L'aspect spirituel semble plus présent, plutôt que le culte à Satan (vous remarquerez, au passage, le subtil changement de logo : plus de pentagramme). Et ce n'est franchement pas plus mal, sincèrement. Le fond des textes reste cependant très classique : pour résumer, mort et destruction vont nous submerger. Mais cela n'implique pas pour autant que les textes ne sont pas recherchés ; les paroles de Pour Redevenir Poussière sont dans l'ensemble plus profondes que celles d'Aux Portes de la Mort, ce qui rejoint mes remarques sur les compositions plus matures. Le tout, bien évidemment, en Français. Chadenn appartient à ces quelques groupes de la scène souterraine française qui a le mérite et le souci de chanter en Français, groupes de plus en plus nombreux à mon grand plaisir : Neptrecus, Oes Galliath, Les Chants de Nihil, Hecate, Moonreich, Sale Freux, Autarcie, Peste Noire bien sûr, et j'en passe.... Et ça, ça fait vraiment du bien.

Que penser de ce nouveau Chadenn ? Incontestablement, ils ont fait du bon boulot. Carré, puissant, efficace, ce nouvel album est plus mature et plus varié que le précédent. La voix de Yell est toujours aussi tranchante, et mieux maîtrisée. Les compos, à n'en pas douter, vous feront réagir et vous entraîneront sans la moindre difficulté. Moins haineux et moins agressif, moins classique également, mais plus profond, Pour Redevenir Poussière confirme ma conclusion de la dernière fois, au sujet d'Aux Portes de la Mort et de Chadenn : le groupe a de l'avenir, et un bon. Ah, oui, petit bonus gratos : le morceau Funeste Passage, du précédent album, a été remixé et figure à la fin de celui-ci. Je vous recommande d'écouter la première version, puis d'enchaîner avec la nouvelle. Les subtils changements devraient vous faire le même effet qu'à moi, et vous faire ressentir l'évolution sonore. Pour en finir, je parlerai peu mais je parlerai bien : bougez-vous, et procurez-vous cet album. Il vaut le détour.