Si vous êtes un inconditionnel de death mélodique, vous connaissez peut-être déjà le nom de
Shredding Sanity. Après un premier album confidentiel, le groupe rémois, bien qu’encore presque anonyme à cette époque, avait sorti un full length assez impressionnant de maturité et de maitrise instrumentale en 2014, qui ne manqua pas de l’imposer comme l’un des grands espoirs nationaux du genre.
En ce début d’année 2016, les Champardennais nous reviennent donc avec un Ep de cinq titres nommé
Post-Apocalyptic Era qui, avant même de nous chatouiller les oreilles, nous régale déjà les yeux avec un superbe artwork très professionnel et collant à merveille au titre.
Le line-up est ici légèrement remanié, Chamoul ayant laissé la place à Clément Dellis à la seconde guitare, et le groupe évoluant désormais sans clavier, d’ailleurs ces changements auront une influence assez évidente sur la direction musicale prise par
Shredding Sanity : si
Modern Inertia était un album frais et virtuose qui mélangeait à merveille power prog’ et death mélo, s’appuyant justement beaucoup sur les plages de clavier de
Leo, Post-Apocalptic Era nous présente un metal plus conventionnel, moins axé sur la technique et les envolées progressives.
On reconnaît néanmoins la patte du groupe, notamment dans ce riffing très mélodique et gorgé de feeling : le premier titre,
Secrets of Time, représente bien la nouvelle direction musicale prise par les Rémois, avec un morceau parfaitement exécuté, très propre, aux guitares qui restent bien en tête, mais manquant cruellement de folie et de puissance. Ces cinq titres, toujours aussi impeccables musicalement, toujours émaillés de ces superbes leads de guitares qui s’accrochent dans un coin de votre tête, sont loin de la spontanéité et de l’audace décomplexée de
Modern Inertia, s’embourbant dans un mid tempo quasi systématique qui étouffe le potentiel de compos par ailleurs toutes incontestablement bonnes.
Pour le deathster confirmé, ces 21 minutes manqueront cruellement de mordant et d’intensité, s’écoulant avec une homogénéité un peu préjudiciable, le son, trop propre et lisse, n’aidant pas. Sans être linéaire (le jeu des gratteux est très diversifié, et les compos, bien que plutôt courtes, sont assez riches et variées pour maintenir l’intérêt de l’écoute) l’ensemble ne décolle jamais vraiment, semblant coincé entre death mélo classique et envolées heavy contenues bien plus timides que sur le full length précédent (les très bons soli qui émaillent l’opus) : on aurait aimé plus de passages comme le début d’Enslaving
Dream Machine, qui, démarrant sur un arpège, enchaîne sur un bon riff, un cri guttural et un court blast qui lancent le titre de la plus belle manière... C’est d’autant plus dommage que la composition est bonne, regorgeant de bonnes idées le refrain de Promised
Land, les riffs orientalisants de Omniscient) et les musiciens parfaitement en place.
Pour conclure, Post Apocalyptic Era est incontestablement un EP très professionnel et plus que correct, mais qui montre un groupe encore un peu timide et hésitant quant à la nouvelle direction musicale à adopter. On conseillera surtout la galette aux amateurs de metal très mélodique et de belles envolées guitaristiques, les deathsters purs et durs risquant de faire la grimace face au manque de rythmiques tapageuses, de riffs gras et velus et de gros breakdowns pète-nuque. Néanmoins, une fois de plus, le potentiel est bien là, et on ne peut qu’encourager
Shredding Sanity à persévérer et à continuer à nous proposer de la musique de qualité. Certes, ce n’est pas encore l’apocalypse, mais qui sait ce que demain nous réserve ?
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