Planet Satan

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16/20
Nom du groupe Mysticum
Nom de l'album Planet Satan
Type Album
Date de parution 27 Octobre 2014
Style MusicalBlack Industriel
Membres possèdant cet album41

Tracklist

1.
 LSD
 04:53
2.
 Annihilation
 04:41
3.
 Far
 04:43
4.
 The Ether
 06:43
5.
 Fist of Satan
 04:59
6.
 All Must End
 07:01
7.
 Cosmic Gun
 05:40
8.
 Dissolve to Impiety
 08:35

Durée totale : 47:15

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Mysticum


Chronique @ Icare

23 Octobre 2014

Planet Satan est la suite logique et imparable de Streams of Inferno, et Mysticum reste au sommet de son art

Si on évoque immédiatement Burzum, Mayhem et Darkthrone quand on fait référence à la mythique scène norvégienne des 90’s, et si les noms d’Emperor, Immortal, Satyricon et Gorgoroth reviennent également sur les lèvres des amateurs quand on s’amuse à détailler les piliers fondateurs du genre qui ont eu une influence considérable dans le monde entier et ont parfois même contribué à donner naissance à des sous genres respectifs, il y a un trio qui est bien trop souvent et injustement oublié au profit de ses petits camarades grimés. Je veux évidemment parler de Mysticum, trio fondé en 1993 sous le nom de Sabazios, qui viendra d’ailleurs à l’époque comme tant d’autres faire un petit tour sur Deathlike Silence Productions, et à qui l’on impute la paternité du black indus, mélange glacial de riffs froids et hypnotiques et de percussions robotiques superbement cristallisé sur le Streams of Inferno de 1996, seul full length du combo jusqu’alors. Le groupe, bien que discret et moins reconnu que nombre de ses compatriotes norvégiens, a tout de même eu un impact non négligeable sur la scène black, et il n’est pas sûr que des combos comme Aborym ou Ad Hominem aient vu le jour sans la vision musicale de ces précurseurs.

2014 sera donc une grande année pour les amateurs de black froid, spatial et psychotique car il voit le grand retour, maintes fois annoncé et maintes fois repoussé, du trio d’Asker. Planet Satan, c’est donc le nom du nouveau et seulement deuxième full length de Mysticum, a la lourde tâche de succéder près de 20 ans plus tard à un Streams of Inferno quasiment culte, et semble indiquer par les tons bleutés et gris et bleus de sa pochette que l’orientation musicale du trio n’a pas changé : bienvenue dans le chaos mouvant d’un univers glacial et désespérément hostile.

D’emblée cette clochette à la tonalité angoissante et ce mugissement de vortex grondant nous perdent dans une ambiance spatiale et inquiétante, mais ce tâtonnement mystérieux est de courte durée car les guitares jaillissent aussitôt, crachant un magma de riffs acérés à la puissance dévastatrice sur un rythme implacable et mécanique. La déflagration est redoutable et nous entraîne dans son flot saturé et distordu, noyant notre être disloqué dans une vacuité noire et hostile. Les éructations de Cerastes sont bien plus graves que par le passé, sonnant moins déchirantes mais plus impérieuses, donnant un aspect encore plus martial à cette musique totalement déshumanisée. Le bougre ne chante pas, il aboie, despotique et cruel, sa voix marquant au fer rouge notre cortex vidé de substance. Pendant 47 minutes, ces percussions synthétiques, parfois à la limite du beat techno (The Ether, qu’on croirait droit sortie d’une rave party malsaine pour blackeux héroïnomanes avec ses grosses basses hardtech abrutissantes en fin de titre) se répercuteront douloureusement dans notre boîte crânienne vide, imprimant un rythme aux allures de transe chimique qui contribuera à nous courber l’échine et à broyer notre pitoyable carcasse humaine, nous réduisant définitivement en esclavage. Les riffs, simples et efficaces à l’extrême, roulent en des boucles hypnotiques et bourdonnantes qui viennent composer un mur de son tétanisant et ne nous laisseront de répit que sur le Dissolve Into Impiety de clôture, long titre ambiant et hanté à la Trist qui achèvera de nous geler l’âme. Ajoutez à cette orgie bruitiste quelques petits effets électroniques et touches de clavier glaciaux habilement dosés, histoire de distiller cette ambiance de fin du monde, de néant et de désespoir, et vous aurez une petite idée de la teneur de ce Planet Satan.

Annihilation porte bien son nom, débutant sur cette alarme aux stridences d’apocalypse et nous mitraillant de ce rythme robotique et très militaire qui nous lobotomise sans pitié, quant à Fist of Satan, où les percus synthétiques nous ravagent les tympans comme un marteau sur une enclume dans une vieille usine désaffectée, il incarne l’apogée de la décadence urbaine, de la dégénérescence et l’échec d’une société industrielle à l’agonie, cette voix rageuse et désespérée se mêlant aux rafales de la boîte à rythme en un chaos bruitiste et éprouvant. La partie de guitare à 2,14 minutes fait même penser aux Bérus, crade, noire, et désespérée, puant le mal être et la rage impuissante.


Mysticum semble totalement dépourvu de sentiments, détruisant avec application toute once d’humanité, et nous balançant sans vergogne ses riffs hypnotiques d’une beauté douloureuse. A l’écoute de ce Planet Satan, le constat est évident : certes, les Norvégiens ont peu évolué musicalement, et cet opus ressemble énormément à son aîné, ceci dit, l’ambiance est toujours aussi saisissante, on est toujours tiraillé entre fascination et horreur et ce sentiment d’oppression et d’enfermement ne nous quitte que très rarement (sur la fin de All Must End, par exemple, plus lente, mélodique et solennelle avec ces riffs plus spatiaux).
La conclusion s’impose donc d’elle-même : Planet Satan est la suite logique et imparable de Streams of Inferno, et Mysticum reste au sommet de son art plus de 20 ans après ses débuts, point final.

8 Commentaires

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Damus - 25 Octobre 2014: Cet album est une tuerie, le groupe prouve que c'est bien eux les papas du black indus et tant mieux !
Eaque - 25 Octobre 2014: En effet, il était temps que ça se sache depuis l'enormissime "In The Streams..."
Vinterdrom - 16 Décembre 2014: On pourra dire qu'il s'est fait attendre ce 2ème album, puisque les sieurs Cerastes, Prime Evil et Malmberg (ces derniers s'étant depuis rebaptisés Svartravn et Dr. Best) en avaient parlé juste après la sortie du culte "In the Streams of Inferno" en 96 ; projet avorté par le split du combo norvégien. Puis le sujet était revenu sur le tapis lors de l'éphémère reformation de 2003, mais il n'a pris du sérieux et de la consistance qu'à partir du retour aux affaires de Mysticum en 2011 et des rééditions sorties depuis chez Peaceville. 2014 s'achève et voici enfin cette arlésienne du black indus nommée "Planet Satan". A l'époque, "In the Streams of Inferno" avait su innover par son mélange entre riffs glaciaux typiquement norvégiens et une BàR bien mise en avant, dont le combo d'Asker appuyait volontairement l'aspect robotique et déshumanisé. Alors qu'en est-il aujourd'hui avec ce "Planet Satan" ? ... Mysticum nous avait laissés dans les ruines à la recherche d'une nouvelle planète ("In the Last of the Ruins We Search for a New Planet") ... et cette nouvelle planète (qu'ils ont donc mis 18 ans à trouver) se place dans la (quasi-) parfaite continuité de l'ancienne. Donc pour l'innovation, on repassera. En contrepartie, leur black indus demeure d'une efficacité terrible, ressortant aujourd'hui comme s'il avait été cryogénisé à l'époque. Quasi-intact, si ce n'est un son plus puissant en volume, une voix plus rauque, moins criarde, bien que tout aussi péremptoire, une atmosphère glaciale qui en appelle davantage au froid cosmique qu'au froid terrestre et quelques ajustements par-ci par-là (ça fait quand même pas mal de petits détails mis bout à bout...). Trois morceaux pour se remettre en jambe et raviver les sensations ("LSD", "Annihilation", "Far") et l'album franchit un cap d'intensité avec des compos portant chacune leur marque distincte. "The Ether" en impose par sa cadence martiale, tandis que "Fist of Satan" détone par son approche résolument punk. S'ensuit l'épique "All Must End" qui nous transporte jusqu'à l'explosif "Cosmic Gun", impitoyable d'une intensité qui donne envie d'envoyer tout péter. Enfin, comme en 96, l'apocalypse s'achève dans la désolation, mais donnant cette fois-ci davantage l'impression d'un trou noir que de ruines glacées. Un passage vers une autre dimension ? ... C'est tout ce que je souhaite à Mysticum, en espérant que cette dimension pousse l'expérimentation plus loin (maintenant que le groupe a enfin redonné un excellent signe de vie).
Fabien - 28 Juin 2018:

Dès 1996, j’avais acheté (chez Osmose Productions, bien sûr !) Streams of Inferno, qui annonçait déjà son successeur Planet Satan. Finalement, l’album somophore aura mis environ vingt ans à sortir, mais on le dirait tout droit sorti lui aussi de la même période. On retrouve ce style unique, d’avant-garde, mécanique, martial, frénétique, ce côté occulte et nihiliste imparables, et toujours cette force hypnotique si bien entretenue. De plus, je trouve Planet Satan fort bien produit et sa batterie idéalement programmée.  Une suite réussie, à mes yeux. ++ FABIEN.

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