Scandinavie, 1993 …
Le Grand Nord de l'Europe est en ébullition, théâtre privilégié de la seconde vague du black metal.
L'esprit aussi avivé que les flammes des églises incendiées, les idées fusant tels les coups de couteau du jeu mortel des petits meurtres entre amis, ses acteurs de l'extrême en définissent les contours, encore bien flous durant la genèse des années 80, en même temps que leur inspiration parfois audacieuse pousse le genre vers une diversification en de multiples courants nettement délimités. C'est à partir de cette sorte de big bang artistique qu'on parlera "d'atmo", de "sympho" ou encore de "true" pour qualifier ces différentes ramifications du black metal.
Pour l'heure, c'est dans ce chaudron bouillonnant que le norvégien Øystein "Euronymous" Aarseth (
Mayhem) enrôle sur son label
Deathlike Silence Productions un trio de ses compatriotes originaires de la glaciale contrée du
Nordland, fasciné par la qualité et l'originalité de leurs deux démos "
Wintermass" et "
Medusa's Tears" mixant habilement black metal et rythmes électroniques. Le deal ne dure pas, la faute à un intempestif taillage de boutonnière signé Varg, mais le nom de
Mysticum creuse son chemin dans l'underground, prêt à déverser l'Enfer sur Terre.
Dans les flots des Enfers, 1996 …
L'alliance entre black metal et éléments électroniques n'est pas nouvelle, des précurseurs du "black ambient" tels que
Burzum,
Abruptum et
Beherit ayant déjà intégré à leur musique quelques dissonants soupçons de dark ambient et d'indus "nappé".
Le trio
Prime Evil / Robin / Cerastes, quant à lui, y injecte une dose conséquente d'indus "rythmique". L'approche est bien plus véloce, bien plus martiale, et le "son
Mysticum" baptisé "black indus" apparaît à la surface avec le maintes fois repoussé premier album "
In the Streams of Inferno" et sa base rythmique exclusivement synthétique.
Des percussions 100 % electro, certes, mais ne vous y trompez pas : on ne parle pas ici de techno, pas plus que d'EBM. Non, chez
Mysticum, la froideur mécanique des beats crachés par la boîte à rythmes est propre à frigorifier dare-dare la mouille de toute adepte de soirées dance de base.
La marche implacable des machines s'active sur "Industries of
Inferno" avant de se mettre à canarder à tout va. Du mitraillage effréné de "The Rest" et "In Your Grave" au bombardement en règle de "Where the
Raven Flies" et "
Crypt of Fear", en passant par le charcutage infernal de "
Wintermass",
Mysticum frappe fort et avec une précision chirurgicale. Le rendu clinique et robotique de cette diabolique mécanique qui agit sans faire de prisonniers, loin d'en atténuer les aspérités, renforce l'aspect inhumain des toiles de guitares arides et des vocaux rêches, que des strates de claviers immatériels enveloppent d'une aura surnaturelle et d'un souffle exterminateur.
Le ravage prend une dimension cataclysmique au son des arrangements d'orgue de "Let the
Kingdom Come", tandis que retentissent les cloches de l'
Apocalypse. L'égrènement des notes de piano sur le final "In the Last of the
Ruins …" n'exprime plus que la peur et la désolation dans une immense étendue glacée.
L'Enfer sur Terre, mais un Enfer dégorgé en un froid impitoyable …
La purification, non par le feu, mais par le zéro absolu …
Quelque part dans les ruines du Monde, 1997 - aujourd'hui …
Mysticum ne se manifeste plus que par bribes éparses. La Bête est en sommeil, mais son héritage s'est transmis à des légions d'initiés dignes d'en porter le flambeau.
A leur tête,
Aborym qui a épisodiquement compté en ses rangs un certain
Prime Evil, et
Ad Hominem qui s'est distingué par la reprise de "
Crypt of Fear" sur l'album "Climax of
Hatred".
La boucle est bouclée, et la dévastation sera éternelle …
Surtout que j'aime assez Mysticum. Je n'ai jamais eu l'album par contre, du moins en dur. La plupart de leurs oeuvres étaient en dl libre sur leur site officiel. J'ai eu l'occasion d'en bouffer.
Mais je regrette beaucoup de ne pas avoir une galette de in the streams. Ce skeud a ses imperfections, ce ne sont pas les riffers les plus inspirés que je connaisse et il a fallut longtemps pour s'habituer à la texture indus qui ne soutenais pas toujours la comparaison.
Oui et pourtant ils parviennent la plupart du temps à incarner le style et à lui offrir une alternative qui en inspireront beaucoup, et tu l'as très justement remarqué, ce son indus assume pleinement son rôle : Des rouages infernaux lancés à pleins tubes, fréquemment doublés d'effets de styles déchirants comme sur le terrifiant Let the Kingdom Come. Rajouté à ça une énorme perle d'acier : Crypt of Fear.
On leur pardonne leurs errances, ils ont balancé tout ce qu'ils avaient.
enfin thx pour la chro, me suis aperçu que le BM indus est un genre que je connais mal.
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