Puisque l’expression à la fois très Européenne (
Edguy, Iron Maiden…) et à la fois très brésilienne (
Angra) n’aura définitivement pas suffit à
Aclla pour imposer sa vision à un monde décidément définitivement sourd à ses sollicitations sur ce
Landscape Revolution de 2010, il aura décidé, avec son nouvel opus baptisé
Pindorama d’ajouter à la palette de sa créativité d’autres couleurs empruntées, une fois encore, à d’autres.
C’est le cas avec ces deux titres démarrant de manière tonitruante ce nouveau méfait. Un incroyable
Thunder God à l’entame très latino-brésilienne bientôt remplacé par une furie très anglo-américaine et un
Blood Stained Ground du même acabit dont la nervosité et l’ambiance sont très directement inspirées par le
Helstar de ces dernières années, Cage et par le
Judas Priest de Painkiller. Dès lors les esprits étriquées mais féru de cette saine virulence comme le mien auront tôt fait de se réjouir d’une progression vers une expression certes toujours pas original et innovante mais plus plaisante. Du moins à mes oreilles. Même si les volutes plus mélodiques d’un Our Father, The Sun dans lequel on revient davantage aux inspirations amazoniennes d’
Aclla, celle-là même que le regretté André Matos et ses comparses avaient sublimement transcendées, seraient propice à faire froncer les sourcils à un puriste dans mon genre, le morceau garde tout de même suffisamment de tenue pour ne pas décevoir.
Ce qui n’est pas nécessairement le cas avec la suite. Passons sur l’aspect sans doute trop joyeux d’un moyen A Call from a
Land et sur un Seed of Tommorrow dont on se demande s’il ne serait pas mieux sur un album solo de
Bruce Dickinson pour en venir directement à The
Riverside. Cette ballade enjouée au point de nous faire regretter
Bon Jovi, et aux accents folkloriques latino-sud américains est juste une catastrophe. Comment peut-on sérieusement penser réunir, qui plus est sur le même disque, les adeptes du Tem pra Todo Mundo de
Viper et du
Glory of Chaos d’
Helstar ? C’est peut-être une croyance brésilienne puisque
Viper a pensé lui aussi pouvoir y parvenir.
Dès lors, autant dire que l’auditeur est complètement désorienté. Et des pistes comme Where Roots Grow Deep,
Wind in the
Trees ou
Pindorama fort d’un retour à des choses un peu plus nerveuses et rugueuses, malgré des refrains souvent gênants (
Wind in the
Trees tout particulièrement) ne parviendront pas à nous faire retrouver le chemin. Même un
Land of No-
Evil Uirapuru qui, au-delà de ses prémices très étranges, nous proposent ensuite, sans aucun doute, le titre aux passages les plus extrêmes de ce disque, puisque l’influence d’un
Sepultura du temps de Roots
Bloody Roots y est présente, ne parviendra pas à nous remettre d’aplomb.
Notons qu’il existe une version de cet opus entièrement chantée dans la langue natale de ce groupe, à savoir le Portugais. Une langue et quelques autres avec lesquelles, en réalité, je n’ai aucun souci mais que personnellement je trouve parfaitement inadaptée aux genres qui nous intéressent ici dans la plupart des cas. Aussi, dès lors que le choix m’est donnée, comme ici avec ce
Pindorama, je fais toujours celui de la langue de Shakespeare dont je trouve les ‘‘rondeurs’’ beaucoup plus agréable à l’oreille. Mais je reconnais volontiers que c’est essentiellement une affaire de préférence individuelle. En outre, il va sans dire que je n’en tire aucune vérité absolue concernant la qualité de ce que l’on me propose. En effet, un disque n’est selon moi, pas moins bon parce que chanté dans une autre langue que l’Anglais. C’est vraiment au cas par cas. Enfin, je m’égare…
Disons également que le vocaliste, et fondateur, du groupe Tato de Luca est le seul rescapé de l’aventure
Landscape Revolution.
Pindorama, second opus d’
Aclla, est donc un album disparate et foutraque sur lequel les morceaux sont jetés les uns à côté des autres sans ce lien qui fait l’homogénéité d’une œuvre. En outre, les mélodies, et notamment les refrains, de cet opus sont souvent prise à défaut versant dans le mièvre embarrassant.
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