Après deux démos à l'identité encore peu affirmée, quoique marquant une progression significative, le groupe d'Eure et Loir
Bestial Soul sort son premier album en autoproduction, tiré à 200 exemplaires. Orné d'une pochette faisant immanquablement penser à la mascotte de Sodom, l'album est doté d'un son très brut, mais fort agréable, avec un rendu de batterie organique à souhait (Eddy Polo martèle avec conviction une caisse claire bien lourde, qui pèse divinement, et le grain de guitare est old-school à souhait). Les premières productions d'Harris Johns, le chantre du thrash made in Germany, ne sont pas loin.
Loin de coller à la mouvance "evil-thrash" chère à la scène Sud-Américaine,
Bestial Soul propose un thrash qui se rapprocherait plutôt des premiers Sodom, avec le timbre de gros matou de Steven Joré assez proche de Thomas Such (Tom Angelripper de Sodom, pour les étourdis), et une musique mettant en valeur des structures de morceaux construites avec à propos. Bien mieux mis en avant que sur les démos, ces titres prennent ici une dimension toute germanique. A ce titre, l'exemplaire "
Demonic Art", meilleur titre du disque, et sa furie thrash communicative, doit être un sacré moment en live. Mettant également l'accent sur les intros de morceaux acoustiques ("Dedicated To
Slavery", ou le superbe "
Perpetual Darkness" et son pont digne de "The Last
Warrior" de
Turbo, pour les connaisseurs), souvent recherchées,
Bestial Soul conforte sa progression, les morceaux ressortant ici de manière bien plus énergiques que sur les démos. Si l'influence de Sodom est palpable, elle n'est en rien gênante, le groupe préférant judicieusement lui emprunter son sens du refrain et des rythmiques carrées plutôt que son côté "evil", plein de réverb', très en vogue en ce moment.
Un peu dans la veine d'un
Madrost (qui, lui, a beaucoup écouté
Darkness),
Bestial Soul rappellera aux fans un vieux Sodom donc, voire le
Necronomicon allemand à ses débuts à de multiples égards car, outre les vocaux, les changements de plans et autres breaks sentent bon l'école allemande ("Disciple Of
Death" et ses leads lugubres, les cassures abruptes de "Trench For
Forgotten" et son refrain typique), et sans sacrifier à la mélodie, on est facilement embarqué dans un album qui aurait pu sortir en 1985/1986 de l'autre côté du Rhin. Si ce ne sont quelques approximations mineures dans le son, ou des vocaux parfois forcés ("The New Era-
Acid's
Reign"),
Perpetual Darkness convainc assez largement, et marque réellement l'acte de naissance du groupe.
Avec des structures fondées sur des vrais riffs thrash, des leads efficaces et des breaks tout en rythmiques ("Chaos of
Insanity" et sa batterie virevoltante),
Bestial Soul peut sans souci arpenter les routes, après un MFest au printemps dernier. Le groupe ayant choisi sa voie sur ce premier jet, à la durée idéale (41 minutes qui passent très vite), on ne peut que leur souhaiter une carrière comparable à celle de leurs aînés, sous le signe du thrash bien sûr.
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