Le charme des autoproductions et des premières démos d'un groupe est unique. On voit naître le groupe, ses influences sont marquées la plupart du temps, le son pas gonflé aux ordinateurs, les compositions parfois maladroites, et aux arrangements approximatifs. Mais les morceaux sont frais, et les chansons, dans le meilleur des cas fruits d'un travail acharné et de répétitions collectives, assez abouties.
A l'heure où
Massacra se voit rééditer ses premiers balbutiements par
Century Media plus de 25 ans après, il est aisé de constater que ces premiers efforts, connus de quelques initiés, sont parfois destinés à devenir de chers (dans le sens total du terme) objets de culte.
Bestial Soul, nous propose ainsi son premier 4 titres, intitulé "First Bleeding", enregistré "à la maison" par le groupe Français. Dans une logique thrash metal plutôt années 88 - 92, à l'instar de nombreux groupes européens de cette époque (au choix parmi la seconde vague de thrash allemand
Sacrosanct,
Vendetta,
Violent Force, voire
Erosion),
Bestial Soul mise sur des riffs bien choisis, entraînants, et fortement rehaussés par des soli excellents (on croirait distinguer le touché de
Kirk Hammett ou Bobby Gustafson dans le terrible "
Demonic Art" : vraiment jouissif), aux breaks flirtant avec le thrash qu'on appelait alors techno. Ni très rapide, ni mou du genou, nos Frenchies ont la judicieuse idée de pondre des compositions recherchées sans être complexes, efficaces mais pas simplistes (le break à 3'35 de "
Pain And Despair" après un bon tabassage rythmique est très subtil, par exemple), agrémentant ainsi leur thrash metal de belle façon.
Après, bien sûr, c'est une démo, la pochette est digne des années 85 (mais pourquoi une simple photo dans l'esprit recherché ne suffirait-elle pas ?), le son malgré tout ne rend pas trop service aux compositions (guitares en retrait et au son brouillon), les vocaux rauques de Steven Joré manquent de personnalité et sont parfois un peu forcés. Mais la qualité de composition est là, les soli sont excellents (gros point fort !), les riffs marquants (celui du refrain de "
Pain And Despair", mais c'est loin d'être le seul) et les morceaux bien pensés.
Loin de la vague evil-thrash des
Perversifier et du thrash basique d'un
Toxic Holocaust,
Bestial Soul joue judicieusement la carte de la différence. Avec des bases comme un "
Demonic Art", très efficace et percutant, nous avons là un départ très encourageant, réellement,
Bestial Soul ayant su éviter le piège des influences trop marquées, avec des compositions variées et réellement intéressantes, et nous donne un goût de reviens-y.
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