Liste des groupes Thrash Metal Nervosa Perpetual Chaos

Gros changement chez Nervosa. Après 3 albums menés tambour battant avec Fernanda Lira au micro et qui était un peu la tête de gondole du trio, Prika Amaral, seule rescapée d'origine recrute en 2020 un nouveau trio. Diva Satanica au chant, Mia Wallace à la basse, et Eleni Nota aux baguettes. Les deux ex-Nervosa, Lira et la batteuse Luana Dametto forment en parallèle Crypta dont on aura l'occasion de reparler, pendant que Nervosa, qui n'est plus tout à fait Brésilien, sort chez Napalm Records son quatrième album, Perpetual Chaos, non sans faire un petit clin d'œil avec ce titre aux changements de personnel d'un des groupes de thrash les plus actifs du moment (une tournée au Japon, juste avant le 1er confinement, notamment, et plusieurs passages en Europe dont la France, copieusement visitée).

Si Victims of Yourself restait très scolaire et enfermé dans un carcan thrash convenu, Agony (2016), second et meilleur album du groupe, est un disque solide et plus confiant en ses capacités, alors que Downfall of Mankind, aux contours plus "blackened", cherchait un peu sa voie. Avec Perpetual Chaos, aidé par les changements de personnel, Nervosa évolue encore encore en terme d'orientation. Accordé plus bas que ses prédécesseurs, l'album ouvre le bal avec "Venomous" que l'on croirait un peu sorti d'un album récent de Destruction. La voix, filtrée, de l'espagnole Rocio Vazquez (oui, bon, c'est sûr, ça fait moins evil que son pseudo) se situe entre Schmier et Angela Gossow (ex Arch Enemy), et si les compositions sont toujours très majoritairement composées par Prika Amaral, on assiste à un mix entre ce que le groupe sait faire de mieux. Refrains répétés à gogo, riffing classique mais percutant, mélodies parfois présentes en solo (notons celui de "Guided By Evil") et batterie en premier plan pour marquer les breaks et martèlements de tempi. Le style reste thrash, mais l'accordage et les vocaux doublés rapprochent maintenant Nervosa d'un mix entre le Holy Moses le plus classique (comprendre sans son parfum techno-thrash) et le Destruction le plus récent, saupoudré d'une once d'Arch Enemy pour le côté mélo et les vocalises. Pas dégueulasse, mais pas forcément appelé à sortir du lot non plus, stylistiquement parlant.

Ressortent assez clairement le hit "People of The Abyss", au refrain entêtant, enchaîné avec le title-track, au riffing tournoyant réussi, à l'instar de "Time To Fight". Mais aussi "Genocidal Command", avec la participation reconnaissable de Schmier (Destruction) au micro, accréditant si besoin était les désormais flagrantes accointances entre Nervosa et les vétérans allemands (qui ont fait tournée commune en Europe notamment). Malheureusement, Perpetual Chaos, affublé de 13 titres, n'évite pas l'écueil des morceaux plus convenus, gonflant la liste des titres mais aussi l'exigence pas forcément assouvie au vu du caractère plutôt passe-partout global de l'album, et à l'absence de titres réellement marquants. Citons les quelconques "Blood Eagle" ou "Pursued By Judgement", comme issus de chutes de studios de récents Destruction, et une seconde partie d'album globalement moins enthousiasmante/plus commune.

Si Perpetual Chaos permettra aux adeptes du Arch Enemy période Gossow ou aux fans invétérés de Destruction de se satisfaire de leur soif de musique agressive, le manque de personnalité, bien compréhensible au vu des changements de line-up, ne permet pas à Nervosa, au stade de son quatrième album, de se placer directement dans la liste des formations les plus en vues dans le petit monde du thrash metal. Mais tout espoir n'étant pas vain, et vu la première partie du disque et le final réussi "Under Ruins" aux accents Slayeriens période Seasons In The Abyss avérés, il est raisonnable de placer à nouveau une oreille sur les nouveaux et ex-Nervosa, et par ricochet comment vont renaître tous ses transfuges à l'avenir.