C'est dans un registre metal déjà surinvesti, et de plus en plus couru par ses compatriotes (
Vandroya,
Enarmonika,
Lyria,
Silent Cry...) que se lance dans la fosse ce jeune sextet brésilien originaire de São José dos Campos, créé en
2012 par la frontwoman au timbre mordoré Naimi Stephanie. Ce faisant, le combo sud-américain officie dans un rock'n'metal symphonique empreint d'une touche atmosphérique gothique, influencé par
Nightwish,
Evanescence,
We Are The Fallen,
Lacuna Coil,
Autumn et
Ravenscry.
Prudents dans leur démarche, en guise de message introductif, nos six compères nous octroient cet EP 5 titres dénommé «
Past in Flames » ; modeste auto-production où ne se succèdent guère plus de cinq pistes à la fois avenantes et éthérées sur un ruban auditif de 26 minutes. Finement enregistrée par Diogenes Lima, la galette accuse cependant un léger sur-mixage des lignes de chant, des arrangements plutôt convenus et des finitions encore lacunaires.
Dans ses espaces d'expression les plus offensifs, le collectif brésilien délivre une énergie aisément communicative. Ainsi, à mi-chemin entre
Evanescence et
Autumn, «
Taste of Wine » n'a de cesse de nous asséner ses riffs épais adossés à une rythmique éminemment frondeuse. Doté en prime d'un léger tapping et de saillants gimmicks guitaristiques, le manifeste déverse son impulsivité tout le long, nous octroyant, au passage, un envoûtant refrain enjolivé par les claires inflexions de la sirène, dont le grain de voix rappellera étrangement celui d'Amy Lee.
Parfois, nos acolytes se plaisent à jouer sur les contrastes rythmiques pour tenter de nous rallier à leur cause. Aussi, retiendra-t-on le mid/up tempo syncopé « Breathing in Death » dans la lignée de
We Are The Fallen, avec un zeste de
Lacuna Coil quant à son cheminement harmonique. Et ce, aussi bien pour ses délicats arpèges au piano, ses soudaines montées en puissance, qu'au regard des félines impulsions de la belle. Mises en exergue sur une ligne mélodique toute en nuances, elles sauront impacter l'aficionado des maîtres inspirateurs de la formation sud-américaine.
Quand il ralentit un tantinet la cadence, le combo nous propulse dans une atmosphère crépusculaire, ne parvenant pas toujours à encenser le tympan. D'une part, le mid tempo « Under the
Moon » aux accents de
Ravenscry glissera avec célérité dans nos pavillons alanguis. Délivrant des couplets bien customisés et un fin legato à la lead guitare, ce titre aurait les armes requises pour l'emporter. Aussi, regrettera-t-on les limites de l'élargissement du spectre vocal de la frontwoman, notamment dans les aigus, sur une piste qui, pourtant, l'aurait appelé de ses vœux. Quant au poussif et ténébreux « These
Hands », eu égard à un manque d'homogénéité de ses harmoniques et à un sillon mélodique évanescent, peu enclin à une quelconque modularité, il ne fera guère plus illusion. Peut-être le bémol de l'opus.
En revanche, lorsqu'elle nous mène en d'intimistes moments, la troupe nous livre ses mots bleus les plus sensibles. Ainsi, on restera suspendu aux lèvres de la déesse sur « Losses and Fears », ballade progressive et romantique jusqu'au bout des ongles. Sous-tendue par de jolies gammes au piano et un gracile violon samplé, la tendre et mélodieuse aubade réserve également un vibrant solo de guitare ainsi qu'une belle gradation du corps orchestral. Une prestation d'ensemble soignée, que n'aurait nullement reniée
Evanescence.
Arrivé au terme de notre parcours, on reste à la fois interpellé par le potentiel technique du groupe et déconcerté par le manque de vivacité rythmique de la galette dans son ensemble. On subodore que le groupe en a encore sous le pied et qu'il n'exploite pas suffisamment ses capacités, peinant même à emporter l'adhésion sur les passages en demi-teinte. D'autre part, les exercices de style tendent à se répéter et les volutes de la maîtresse de cérémonie, si elles s'avèrent parfois magnétiques, demeurent en proie à quelques irrégularités. Il leur faudra encore se détacher de leurs sources d'influence pour développer un message musical moins emprunté, et donc, d'une épaisseur artistique plus probante qu'il ne l'affiche ici. C'est dire que l'on en attend plus, beaucoup plus, pour espérer voir le jeune collectif brésilien sortir de l'ombre. Peut-être à l'aune d'un album full length ?...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire