Fiou. Cinq cent chroniques. Cinq cent albums et plusieurs milliers de commentaires, parfois d’empoignades ou de joyeuses engueulades lorsque les avis se confrontent. Je ne sais pas si c’était toujours à la gloire du metal mais en tout cas, c’était avec ferveur et passion, que ce soit pour des disques que j’estime modestement comme des chef d’œuvres ou au contraire de complets ratages.
Alors, est-ce que nous allons fêter ça ? Fêter quoi ? Mon scoring ? Quelle abus de pouvoir, prétention…bouarf, je ferais ça tout seul si vous ne voulez pas venir lire ce texte.
Bon, parlons un peu musique. Quel est le disque déjà ? "
Out of the
Dark" ? Ah oui, ce machin concocté par
Nuclear Blast en 2007 pour les 20 ans du label, composé par deux musiciens et proposant des titres originaux avec des chanteurs de plusieurs horizons pour deux doubles albums luxueusement emballé dans de fort jolis fourreaux.
Il y a d’abord eu "Into the Light", écrit par
Victor Smolski et interprété par une ribambelle de vocalistes clairs (Sammet, Kürsch, Deris, Wagner, Turinen, Hietala…) puis cette seconde partie, "
Out of the
Dark", évoquant le côté sombre de la force, écrit par
Dark V…heu Peter Wichers (alors débauché de
Soilwork).
Comme pour le premier volet, on retrouve dix compositions originales avec dix vocalistes différents (et des instrumentistes changeant aussi selon les titres) ainsi qu’un disque bonus avec des morceaux inédits des musiciens n’ayant pu participer au projet (
Dimmu Borgir,
Immortal,
Nile,
Meshuggah,
Exodus…). En voilà qu’elle est bonne et généreuse l’idée de nos allemands préférés et/ou détestés (par les die hard fans velus et nihilistes). Bien évidemment, pour en rajouter une couche, ces vendus commerciaux (qui ont quand même parmi les meilleurs groupes du moment, chercher l’erreur) reversent tous les profits de ces disques à une association caritative pour construire des écoles au Népal. Bref, la démarche est sympa, honnête et surtout, ils ont le mérite de ne pas nous rabâcher une compilation sans intérêt que l’on aurait tôt fait de bazarder dans un coin. La première partie possédait même de véritables pépites d’inspiration, et les musiciens s’étaient réellement investis dans l’interprétation. Qu’en est-il ici ?
Et bien on trouve du bon, du moins bon et de l’excellent, selon les gouts et les couleurs ; le tout étant logiquement bien moins cohérent et logique puisqu’on passe de vocaux death à d’autres thrash ou metalcore. Forcément, pour l’homogénéité, même lorsque tout vient d’une seule plume, il y a plus simple. Peut-être un léger cran en dessous de son prédécesseur, ce volet fera le bonheur d’un public pas forcément difficile, qui veut avant tout écouter un truc sans prise de tête, qui envoie les rillettes sans se poser de questions. C’est exactement le cas de l’énorme "
Schizo", avec Peter Tägtgren au chant, torpillé par Henry Ranta (ex
Soilwork) bien connu de Peter. Un riff gras, le chant unique et criard de Peter qui hurle comme un damné pour notre plus grand plaisir, posant même une merveille de refrain en chant semi-clair dans la droite lignée des
Hypocrisy plus planants. Sensiblement syncopé, le riff se retient facilement, se veut volontairement « brise-nuque » et très facilement assimilable, tout autant que le lead mélodique mais impossible de ne pas accrocher sur un single en puissance de trois minutes comme celui-ci. En revanche, l’ami Peter sort la très grosse artillerie sur l’incroyable "Devotion" de Jari Maenpaa (
Wintersun). C’est Dirk Verbeuren qui s’occupe de marteler les futs à 240 bpm pour une ambiance bien plus black pagan absolument dantesque, au riff inspiré et surtout à la violence jouissive après les deux premiers titres très « single ». De ce blast faramineux va émerger un plan mélodique à tomber, dévoilant les immenses progrès de Jari au chant clair (l’ombre de
Devin Townsend est plus que jamais présente) multipliant les pistes de chant dans une complexité progressive à couper le souffle (et une production magistrale signée Wichers qui donne à rêver sur ce qu’aurait pu être "Time" avec ce genre de son). De très loin la meilleure composition de l’album, "Devotion" est une véritable tuerie que pas mal des musiciens présents sur l’album aimeraient probablement posséder dans leur discographie respective.
A côté de ça, on va trouver des compositions très proches des groupes dans lequel le vocaliste officie. Ainsi, le thrashy "My Name is
Fate" avec Mark Osegueda se veut très loin du death mélo habituellement composé par le suédois. Cependant, il s’en tire avec les honneurs avec ce titre punchy qui donne envie de lever le poing et hurlé en chœur les « Hey » du refrain. Ceci est d’ailleurs moins le cas sur "Paper Trail" (avec John
Bush d’
Anthrax/
Armored Saint), moins frénétique et quasi anachronique dans sa sonorité eighties vieillotte et pâlichonne. A l’inverse, mais tout aussi proche des groupes des vocalistes, "The Overshadowing" rappelle sans sourciller
Scar Symmetry ou
Solution.45 tant le chant de Christian Alvestam porte la composition de son charisme unique et particulier. Son chant clair semble toujours aussi cristallin que son growl n’est bestial et profond sur fond de soli en tapping ultra technique et d’une ambiance légèrement spatial qui confère au titre l’envergure que
Scar Symmetry n’a désormais plus. Idem concernant "Dysfonctionnal Hours" qui sent le
In Flames moderne et pas forcément inspiré, bien qu’efficace et officiant parfaitement son rôle d’introduction d’album.
Le challenge aura peut-être été pour Peter de composer un titre plus original pour son comparse de toujours Bjorn Speed
Strid, ici mélancolique et lent, s’éloignant de
Soilwork le temps d’un titre. L’ensemble se termine sur les plus anecdotiques (hasard, force des choses ou fatalité ?) ; à savoir le relativement mauvais "The Gilded
Dagger" avec les vocalistes de
Sonic Syndicate (toujours aussi pauvres en voix ces pauvres suédois) et le moyennement convainquant "
Closer to the Edge" avec notre Guillaume Bideau national (cocorico !). Alors jeune rejeton dans l’écurie
Nuclear Blast après son arrivée chez
Mnemic, le chanteur propose un chant moderne sur une composition taillée pour lui : lourde et bardée de dizaines de samples d’effets. Le type de morceau que l’on écoute une fois avec plaisir et dix fois en finissant la corde au cou.
Quoiqu’il en soit, on tient quand même un disque sympathique, honnête, visuellement sympatoche et audiblement (ça se dit ?) des plus requinquant. Certes, ce n’est pas encore une liqueur fabuleuse mais le sirop reste agréable lorsqu’il est convenablement dilué avec d’autres breuvages plus consistants.
Cinq cent chroniques pour revenir sur
Nuclear Blast, c’est peut-être le reflet d’une certaine réalité finalement non ? En tout cas, souhaitons qu’il y en ai encore des dizaines d’autres, que le chaperon rouge continuera d’aller chercher le loup, que la reine des glaces soufflera le froid polonais et russe, que notre Yoda clermontois saignera les ouïes des plus sensibles ou que le papy ("tu la vois ma main sur ta gueule ?") Hells ronchonnera le sempiternel « C’était mieux avant » encore de longues années. Il y en a plein d’autres, mais si ce texte est trop long, vous ne le lirez pas et la publicité (que les chroniqueurs mentionnés ont dûment payée bien évidemment) sera inefficace.
Un dernier mot ? Stay Rock !
J'espère que tu payes un coup à tout le monde pour fêter ça !
^^
Dommage que tu ne sois plus "actif" parmi nous. Metalship a récolté un rédacteur unique et bien particulier ;)
Un style très agréable à lire, des choses dites sans prendre la tête (mais dites tout de même !) et une belle ouverture d'esprit : merci !
Ah, au fait...le disque ! :D
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire