La suprématie d’une force presque toute puissance, quasi omnisciente sur l’ensemble d’un monde néanmoins souterrain, sa célébration et l’avènement de sa pérennité est une date et un évènement qui se fête, se signe et se symbolise comme il se doit.
Lorsque la force toute puissante se nomme
Nuclear Blast, que le monde en question est la scène métal et que l’évènement sont les 20 ans d’âge du label, il faut s’attendre à une célébration métallique dans les règles de l’art.
Afin de symboliser vingt années au service d’un métal qui aura bien évoluer au fil du temps, en partant d’un death majoritairement brutal à une scène de plus en plus large pour finalement embraser et soutenir simplement les plus gros groupes métal de la planète (qu’il serait fortuit et inutile de citer…).
C’est ainsi qu’en 2007, Markus Staiger et Andy Sirus (les deux label manager de
Nuclear Blast) font germer l’idée d’un double album, symboliquement intitulés "Into the Light" et "
Out of the
Dark", pour représenter les faces mélodiques et extrême du label, avec des compositions originales et non un simple récital des meilleurs morceaux de leurs poulains. Ils s’octroient donc les services de
Victor Smolski (
Rage) et Peter Wichers (ex-
Soilwork) pour composer chacun 10 titres, un par année d’existence du label, sur lesquels viendront chanter moult vocalistes du monde entier.
"Into the Light" est la première partie du projet à voir le jour, munie d’un second disque de morceaux rares pour que finalement, chacun dispose d’au moins vingt titres, le « chiffre magique » de l’année selon Markus.
Que dire de cet album sinon qu’il est composé par un tueur et un homme à l’expérience qui n’est plus à prouver ?
Mais l’intelligence de Victor a été de composer des morceaux en pensant aux chanteurs qui les interpréteraient, en proposant du speed pour Tobias Sammet ou Andy Deris, des morceaux plus agressifs pour Peavy Wagner, Schmier Schirmer ou Marco Hietala ou encore plus ambitieux et orchestrés pour Tony Kakko, Mats Leven, Hansi Kursch ou
Tarja Turinen. Ainsi, l’album se retrouve au final cohérent avec ses interprètes, souvent très réussi intrinsèquement (malgré un ratage complet pour la composition de Mats Leven "
Death is Alive") et surtout produite dans le fer forgé allemand.
Armé d’un son absolument énorme, gras, tranchant et typiquement métallique (
Rage es-tu là ?), "Into the Light" est un plaisir dans le sens où il propose une musique très puissante, agressive et mélodique mais complètement décomplexée de quelconques concepts. Tout est pour le plaisir, sans pour autant tombé dans la fainéantise créative. "Dirty
Wings" ouvre parfaitement la marque, par un riff simple et efficace et surtout un refrain dont seul Toby (
Edguy,
Avantasia) a le secret, tout en proposant une interprétation vraiment impeccable du petit génie allemand, comme le démontre ses envolées aigues superbes sur le refrain.
Si "Terrified" et "Bloodsucker" sont de vrais rouleaux compresseurs, typiquement thrash dans l’âme, et taillés pour Peavy (
Rage) et Schirmer (
Destruction), sans concession et écrasant au possible, on appréciera la richesse d’un morceau comme "Ruling the World", composé pour le chant si théâtral et magnifique du Tony Kakko (
Sonata Arctica) actuel. Un morceau court aux multiples arrangements et cassures rythmiques, aux lignes de claviers très intéressantes ainsi qu’a la performance vocale démultipliée et magique. Un solo de claviers parachève le morceau (à la
Stratovarius) qui montre une nouvelle fois que Tony est l’un des meilleurs chanteurs actuels du circuit.
Hansi Kursch (
Blind Guardian, Demons &
Wizards) héritera néanmoins du morceau le plus travaillé et artistique avec "
Slaves to the
Desert". Une ambiance tout d’abord arabisante s’empare de l’auditeur avant qu’une pluie de claviers cybernétiques ne s’abatte sur lui, ainsi qu’un riff lourd et heavy, influencé directement par son groupe principal. Hansi, en frontman hors pair, dégage une ambiance mystérieuse, unique et poignante grâce à son chant si caractéristique, unique, entre mélodie pure et timbre rocailleux dont lui seul possède les clés. Le morceau envoute progressivement pendant près de sept minutes (à noter que Victor n’a pas composé de simples pièces single de trois minutes…) avant de débouler sur une partie soliste incroyable et magique, où s’affrontent guitare et claviers dans un duel épique.
Le "
A Perfect Day" d’Andy Deris (
Helloween) ainsi que le "Inner Sanctuary" de Marco Hietala (
Nightwish,
Tarot,
Northern Kings) défoncent tout sur leur passage, notamment "Inner Sanctuary" qui, malgré une mélodie celtique un brin ridicule (complètement surjouée), enchante grâce à la maitrise sans commune mesure du blond finlandais qui vous propose ce genre de refrain qui rentre une fois pour ne plus vous quitter de la journée.
Il incombera à la cantatrice déchue
Tarja Turinen (ex-
Nightwish) de fermer la marque avec un "In the
Picture" de plus de sept minutes, très mélancolique et ambitieux, à la mélodie initiale de piano peuplé de sombres éclairs en tout genre. Si on regrettera l’interprétation vraiment passéiste de la chanteuse (ne se foulant réellement pas pour le coup), très peu lyrique, on saluera la composition en elle-même qui, sans égaler la maestria d’une composition de
Tuomas Holopainen (
Nightwish), tient vraiment la route entre son riff très heavy et les multiples nappes de claviers évoquant inéluctablement l’ex-groupe de la chanteuse. Le solo de Victor, poignant, mélodique et langoureux (qui étale une nouvelle fois la quintessence de son talent de soliste) terminera superbement ce disque réaliser pour le fun mais pourtant complètement convaincant et rarement décevant.
Certes, rien de révolutionnaire mais ce n’est ici ni le but ni l’envie des protagonistes. De même, lorsque l’on sait que chaque musiciens concernés a pris de son temps pour venir à bout du disque, que
Nuclear Blast propose ces deux disques dans un superbe packaging double et que l’intégralité des bénéfices sont reversés pour construire des écoles au Tibet, on dira finalement ce que l’on veut de
Nuclear Blast (notamment profiteur, sans éthique, économiste, businessman, vendu…) mais jamais qu’il se moque du fan. Et après tout, que demander de plus à notre modeste niveau ? Rien, juste savourer…et dire merci.
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