Il y a certains labels que l’on pourrait appeler comme « dénicheurs de talent en devenir ».
C’est un peu le cas de Klonosphere qui, par l’intermédiaire de Guillaume Bernard (
Klone), n’arrête pas de lancer dans la grande aventure des combos présentant leur premier album avec souvent une maturité et une personnalité impressionnante. Après l’immense claque d’
Hypno5e en début d’année ("
Acid Mist Tomorrow"), la révélation
Nami en 2011 ("Fragile Alignments") ou l’essor de Memories of a
Dead Man sur leur dernier opus ("V.I.T.R.I.O.L"), Klonosphere est un label témoignant d’une nouvelle crédibilité au fur et à mesure que les sorties s’enchainent avec une qualité presque toujours présente.
C’est désormais au tour de
Lizzard de proposer son premier album chez le poitevin et il ne va pas sans dire, qu’une fois de plus, c’est à un combo à l’identité bien affirmée que nous avons affaire. Après deux démos fortement remarquées, c’est carrément à
Los Angeles que le trio emmené par Matthieu Ricou a posé ses valises aux côtés du célèbre Rhys Fulber (
Paradise Lost,
Sybreed…) pour enregistrer "
Out of Reach".
Très américain dans sa démarche artistique,
Lizzard évoque clairement le gros rock très imposant que l’on pourrait retrouver dans
A Perfect Circle avec des plans plus psychédéliques et techniques que ne renieraient pas
Tool ou parfois les thèmes plus alternatifs chers à 30 Seconds to Mars (le morceau éponyme en est le plus bel exemple, avec sa mélodie sublime et les vocaux que l’on pourrait parfois rapprocher de la sensibilité de Jared
Leto).
Mais le meilleur, c’est que si ces influences planent inéluctablement à n’importe quel groupe se penchant de près ou de loin sur ce type de musique,
Lizzard est très loin de s’afficher en un clone sans saveur et démontre très rapidement que sa personnalité est bel et bien existante. Pour commencer, le timbre chaud et puissant, parfois rocailleux, de Matthieu est la meilleure arme du trio qui peut toujours compter sur un duo rythmique (composé de deux britanniques dont une demoiselle, Katy Elwell, à la batterie) à toute épreuve.
Dans cette avalanche d’un gros rock burné avant tout fait pour la scène et le partage, on retrouve des horizons bien plus mélancoliques, presque tourmentés. Ainsi, l’introduction "Skyline" débouchant sur le sombre "Loose Ends", permet à l’album de prendre une nouvelle profondeur d’interprétation. Le chant prend une place prépondérante dans l’émotion de la composition, les guitares s’effacent au profit des élans douloureux de Matthieu, délivrant un flot d’émotions intenses à travers sa voix, toujours claire mais s’octroyant des instants plus agressifs et éraillés. A l’inverse, "Backslide" se veut puissant et hypnotiques par son caractère instrumental et le riff central, véritable pépite permettant de le répéter inlassablement tout en apportant de multiples variations. L’apport de la talkbox, substitut de l’organe vocal ici, apporte également une chaleur étrange et distordue, presque malsaine, prouvant que
Lizzard n’est pas un simple groupe de rock et que les idées ne manquent pas.
Il en va de même pour le surpuissant "
Twisted Machine", véritable rouleau compresseur où le travail de Rhys au niveau de la production est véritablement impressionnant dans le spectre sonore. On peut même retrouver, sur certains plans, l’aspect très catchy qu’à montrer récemment
Jumping Jack (également chez Klonosphere), même si
Lizzard se veut clairement plus sensible et à fleur de peau. Les soli d’"Across the Line" le prouvent aisément, tout comme la richesse rythmique de "The Orbiter", qui confère un véritable flux de sensations et d’émotions (et ce riff monstrueux servant de pont à la troisième minute, ainsi que le solo le suivant). On pourra regretter des compositions parfois plus faciles et trop « typés » manquant de charme et d’impact, notamment "Fakeworld" et ses effets vocaux relativement peu convaincants.
Mais globalement, c’est une très bonne surprise que nous livre
Lizzard, notamment pour ceux qui découvrent le groupe avec ce premier essai, propulsé par une production en béton armé et une maturité ne laissant à aucun moment entrevoir qu’il ne s’agit que d’un premier disque. Il faut également souligner le packaging intéressant, ainsi que l’artwork évoquant les comics (simplement dommage que le digipack ne comprenne pas de livret, mais cela reste pour chipoter). Les amateurs du genre ne pourront en tout cas que se régaler…quant aux autres, ils auraient bien intérêt à y jeter une oreille pour se faire un avis sur ce jeune groupe français qui, s’il n’explose pas dans notre beau pays, pourrait bien recevoir les yeux doux de l’autre côté de l’Atlantique…
Je ne compte pas acheter, mais par contre je surveillerai avec attention l'évolution de leur notoriété, tout est là pour que la sauce prenne.
Et moi j'aime bien les effets vocaux dans Fakeworld. Le riff d'intro est tout pourri par contre. Pour moi, la piste qui fait tache serait plutôt Disintegration, qui est juste plate du début à la fin.
Je deteste aussi le fait qu'ils aient séparé Skyline de Loose Ends. Je vois pas l'intérêt, comme Tool avait séparé Parabol et Parabola sur Lateralus ou Klone pour Hidden Ways et Freezing sur All Seeing Eye. Ça fait chier de devoir recoller les pistes soit-même quand je veux les écouter sur mon baladeur.
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