Liste des groupes Post Hardcore October File Our Souls to You

La fatigue. Tout est lourd, tout est lent, écrasant, harassant…la fatigue s’abat sur moi…

Un monde pesant, accablant par sa capacité à littéralement nous écraser sous une égérie de basse, de brutalité douloureuse et épuisante…une capacité à passionner tout en éreintant littéralement son auditeur.
"Holy Armour from the Jaws of God" avait surpris son monde en 2007 alors qu’un groupe encore complètement inconnu collaborait avec un Paul Raven qui décèderait quelques semaines plus tard. C’est alors qu’une véritable déflagration était parvenue des anglais, propulsant le hardcore dans des contrées encore vierge. Un hardcore très lourd mais superbement musical, loin de l’énervement parfois vain d’un Hatesphere ou d’un Hatebreed. October File composait différemment…indéniablement…

Il ne va pas sans dire que l’opus suivant est fortement attendu par les fans et les curieux, notamment dû au fait que les anglais aient réussi à séduire des individus en dehors du cercle du genre. "Our Souls to You" débarque donc dans les bacs et la baffe qui l’accompagnant s’annonce aussi violente que jouissive.
A l’instar de son prédécesseur, la pochette se veut très baroque, dans une esthétique qui, sans être abstraite, se veut néanmoins à part et fait déjà partie des particularités d’October File.
"Crawl" et "Corporate Evasion" lancent rapidement l’album et subjuguent complètement. Les riffs sont incroyablement lourds, la batterie claque comme une folle furieuse, les lignes de basse sont d’une frénésie pachydermique, quand au chant…Ben Hollyer développe une tessiture de chant écorché, très brute et violente tout en distillant des mélodies vocales assez hallucinante et ce, sans aucune once de chant clair. La production est proprement exceptionnelle (Justin Broadrick aux manettes), d’une clarté exemplaire sans renier le moindre degré de puissance ou de violence.

Le hardcore de October File est certes violent mais il semble détenir les clés d’un genre tournant fortement en rond et surtout manquant souvent singulièrement d’émotions. Car dans cette alchimie, l’énorme exploit des anglais est de définir un monde assurément sans concession mais tout de même fortement développé, presque prog…si le terme épique rebute les auditeurs.
Cependant, à l’écoute de l’exceptionnel "Dredge", l’emploi de ce mot devient tout bonnement logique. D’une ligne de basse initialement monstrueuse (l’ombre de Ministry plane quelques peu…), les vocaux vont passés d’un déchainement rageur à des ambiances beaucoup plus rauques, vomitives, viscérales. Les riffs prennent le contrôle de l’esprit, hypnotisent, se répétant dans une spirale sans fin mais jamais ennuyeuse car toujours emprunte de rythme malgré les neuf minutes du morceau. Et que dire de ce break magistralement amené par le métronome John Watt (batterie) dans une ambiance fortement guerrière, cataclysmique d’où émanerait presque de la nostalgie. Une atmosphère quasi indescriptible…superbe…presque belle oui…belle dans la violence (et ces hurlements primaires jouissifs).

Le groupe ne se fixe aucunes barrières et passera sans sourciller à la décharge d’adrénaline pure d’un "A Public Display Of Anger" de deux minutes délivrant le seul blast de l’album pour une furie hardcore à des compositions tellement travaillés qu’elles écrasent l’auditeur sous leur richesse et leurs multiples surprises.
"Falter" et sa mélodie évoquant presque Iron Maiden (avec un peu d’imagination…), superbement suffocant et glauque (quel talent ce chanteur…), sublimé par son refrain aliénant au possible, répété jusqu'à satiété pour ne plus sortir d’un crane qui s’écrase sous le poids d’une production si parfaite. L’exemple de "Our Souls to You (Part 1)" est également des plus parlant tant il dénote du reste du disque. Une ambiance ritualiste, malsaine et planante règne sur ce titre atmosphérique presque uniquement marqué par les toms de Watt et des chœurs arabes, latins et anglais, comme une litanie emplie de souffrance. Sept minutes sur lesquelles des pulsations de riffs viennent se greffer, ainsi que des « Fuck » résonnant à ces prières humaines…quand à sa seconde partie, elle termine l’album dans un hardcore plus typique bien que largement plus riche que la normale, à l’empreinte atmosphérique indéniable.

October File signe une œuvre majeure, un album qui va probablement les jeter très loin sur la scène (à l’écoute d’un chef d’œuvre comme "Isolation", la scène risque d’être parfaitement détruite par les anglais) et les propulser comme groupe majeure d’un métal aussi moderne que traditionnel et qui surtout, ne vend à aucuns moments son âme au diable mercantilisme.
Our Souls to You est grand, puissant, pesant et se veut le chantre parfait de ceux qui pensent que le hardcore est en proie à un immobilisme dont il ne pourra plus se sortir. October File prouve brillamment le contraire et délivre un album qui fera probablement date…du très grand art !