Les russes ont toujours été doués pour nous surprendre, autant dans le bon que dans le mauvais sens du terme. Depuis des années maintenant, les voilà qui tentent de nous proposer des choses fraîches mais disparates, sans non plus faire originaliser les choses. Certains arrivent à sortir des sentiers battus, d'autres non. Et même si le manque de reconnaissance pèse, il ne faut pas oublier que certaines formations, malgré leur anonymat (ou presque), peuvent surgir d'on ne sait où, afin de nous proposer une musique différente.
Izmoroz surgit donc de Moscou. Le quatuor a déjà cinq albums à leur actifs, la plupart n'étant pas connus, faute de distribution. La signature chez Grailight Productions est en passe de changer la donne, la promotion étant cette fois-ci plus grosse, et le travail effectué sur le « Otmoroz » en question étant plus conséquent. En effet, les russes ont décidé de jouer la carte de la folie, de la parodie, de la gaieté, afin de nous livrer quelque chose de dynamique, dansant et changeant.
Étrange cependant qu'un groupe au nom russe du givre puisse pondre d'un opus portant la traduction de « engelure ». Il n'y a rien de réellement froid, ni d'irritant au sein de ces onze morceaux. Juste une envie de rire un bon coup et d'entrer dans le monde particulier d'
Izmoroz. N'imaginez rien de péjoratif dans mes propos. Les russes nous montrent seulement quelque chose de parodique et rigolo, à l'instar de la pochette de Tarkan où se côtoient une soucoupe volante, et un chevalier sur son cheval couché, apeuré par un dragon en plastique.
Bien sûr, si
Izmoroz use d'un black folklorique très particulier, à mille lieux des autres
Finntroll,
Skyforger et consorts, il le transforme en quelque chose d'assez « caribéen ». L'auditeur se retrouve avec une atmosphère de pirate, où l'on peut aisément sentir l'odeur de la mer, de la sueur et du rhum. Alors à bâbord d'abord, mettez de côtés les préjugés et c'est parti ! «
Bastard People » ! Larguez les amarres ! L'ensemble dynamique, résolument black et changé en russe, avec des chants pour le moins étranges et parodiques, ainsi que des instruments folk propre à la piraterie, tels que petit violon, flûte, cornemuse, bignou, accordéon etc. On est plus proche d'
Alestorm que de Pirate des Caraïbes, soyez-en sûrs, comme sur un « The Pit Under the Carpet » misant sur le côté fou-fou du refrain.
A contrario, «
Lullaby » nous montrera quelque chose de plus incisif et rapide au couplet, notamment grâce à un côté black plus prononcé, à des blasts et à un chant black tranchant (ne vomissez pas en mer s'il vous plaît). Le refrain lui se verra soudainement ralenti pour laisser place à un chant clair russe sans doute trop gnan-gnan (serait-ce la voix du perroquet?). Mais ne vous arrêtez pas là : « You Can’t Go
Through This Wood » transforme un avertissement en quelque chose de joyeux et festif grâce à l'apparition de cloches, dénonçant la manie qu'ont ces personnages qui vont dans des endroits dangereux, malgré les messages d'alertes.
Un bon exemple de démence et de « ça part dans tous les sens » résidera dans « Silvan Hulked Up from the
Forest » qui en désarçonnera plus d'un, notamment à cause de l'entremêlement d'instruments aussi différents les uns que les autres, et des voix (auriez vous trop bu?). Toutefois, « Caribbean Islands » se verra plus traditionnel et plus linéaire, la faute à un rythme et à une mélodie continues. Ce serait dommage de se faire repérer par d'autres pirates. Restons calmes.
La parodie n'est pas finie,
Izmoroz touche au thème de la série X-Files de Mark Snow sur «
Invasion of Volkhves » (les « Volkhves » n'étant pas des extra-terrestres mais... des magiciens !). La mélodie principale se retrouve jouée par une cornemuse, entraînée par des guitares incisives, avant de se faire dépasser par un chant black puis de pirate. La fin cependant, reste bien mystérieuse et proche du thème original, avec ce xylophone en fond.
Vous descendez du bateau au bout de quarante six minutes, l'esprit un peu bancal, le regard flou. Mince, pourquoi avoir bu autant de rhum avec cette bande de pirates fous ? Peut-être, finalement, avez-vous apprécié la balade en navire, malgré sa longueur et cette impression que le capitaine vous a fait faire le tour de l'île à deux ou trois reprises. Oui, c'est bien de ce capitaine dont je vous parle, ce type avec sa voix gutturale, faisant chanter de façon étrange tout un équipage, pris entre le devoir de faire avancer le bateau et celui de festoyer avec vous à leurs côtés. Le voyage n'est pas tout à fait fini, cependant, il vous suffit juste de monter à...d'insérer le vinyle (je rigole...à peine) et de repartir.
Belle chronique! J'espère retrouver les mêmes sentiments que le ressenti en lisant ta chro
Merci pour ta chronique.
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