Dans la hiérarchie du Death
Metal, les États-Unis semblent encore régner en maîtres, auxquels sont assujetties les redoutables scènes suédoise avec les titans d'
Entombed, Grave ou
Bloodbath ; canadienne avec
Archspire,
Beyond Creation, ou encore allemande avec
Morgoth,
Debauchery ou
Defeated Sanity pour ne citer qu'eux parmi la masse. Hors de la cour du roi, si la scène japonaise semble presque laissée pour compte,
Coffins,
Defiled, Gotsu-Totsu-Kotsu et
Desecravity gardent plus ou moins la tête hors de l'eau. Et c'est de ces derniers que cette chronique souhaite faire part.
Formé en 2007 par le batteur Yuichi Kudo sous forme d'un trio, le groupe livre en
2012 son premier méfait «
Implicit Obedience », produit par le légendaire Erik Rutan. Malgré une technicité et une brutalité impressionnantes, le trio ne livrait pas encore une personnalité qui lui était propre et la batterie laissait malheureusement à désirer, laissant un goût de synthétique. 2014 signe donc la délivrance du second opus « Orphics Signs », que le groupe s'est lui-même chargé de produire.
Dès la première seconde, les blasts effrénés de « Deviltry » vous annoncent la texture de cette offrande : ultra rapide, ultra carrée et très technique. En effet, le groupe a très nettement amélioré ses capacités techniques qui étaient déjà très bonnes. La forme est beaucoup plus variée, comme le prouveront les sonorités «
Depth Of
Misery » ou encore les parties acoustiques de « False
Oath », qui d'ailleurs marquera un temps de pause très agréable au milieu de cette pluie d'obus.
La variété tient également dans le grand caractère mélodique des titres et dans la structure, qui se révèle assez imprévisible, mais toujours débordante de variété, entre soli foisonnants et usant de sweepings et de tappings, breakdowns ultra carrés sur l'excellent « Bloody Terpsichorean Art » entre autres et les interminables descentes de toms sur « Deviltry ».
Quelques notes dissonantes et traînantes sur « Black Palingenesis » laissent à M.Kudo le plaisir de nous faire vivre son jeu de batterie varié, de sa ride très clairement mise au premier-plan et de ses influences jazz notables. On reprochera toujours, hélas, une production bien trop lisse qui se distingue très nettement sur son instrument.
M.Ichiboshi trouvera également quelques moments de gloire personnelle, notamment sur l'introduction de « The
Serpent of
Ishtar Gate », et faisait preuve tout au long de l'écoute d'une vitesse de jeu absolument époustouflante. Le tapping de basse ne manque pas à l'appel dans l'énumération des prouesses du trio, pour notre plus grand plaisir.
Quant au chant, la puissance est également au rendez-vous, alternant entre growls typiques du genre, à la dissonance démoniaque semblable à ce que le plus grand exemple
Deicide sait offrir, et aux cris grinçants et plus rares. Les paroles, remplies de haine religieuse et d'un profond nihilisme conduisent davantage à rendre le groupe un peu particulier, l'incluant dans la faible proportion du Death metal satanique.
Desecravity fait donc preuve à travers ce nouvel opus d'une nette amélioration de son talent, offrant à sa discographie huit nouveaux titres beaucoup plus riches dans la structure et dans la technicité. Sa production, bien que plus agréable que sur «
Implicit Obedience » (à la grande surprise vis-à-vis du producteur), reste toutefois toujours trop lisse, mais ne rend heureusement pas le tout trop « mécanique ». Si le groupe continue sur cette lancée, il pourrait, et je l'espère de tout cœur, percer à travers les frontières de son pays et se placer dignement auprès des sujets suédois par exemple.
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