Ils sont uniques, ils sont déterminés, ils sont tournés vers l'épique et ils sont influencés par Tolkien. J'ai nommé Numenor ! Avant d'adopter ce nom en rapport avec une île dans la Terre du Milieu, le combo se nommait
Esgaroth (cité fictive dans le livre "Bilbo le
Hobbit"), l'aventure commençant en 2004 avec plusieurs démos. C'est en 2009 que le changement de patronyme se fit, amenant avec lui un léger changement de line up, la tête pensante restant
Despot Marko.
Numenor fait partie de ces petites formations telles que
Smargroth en Slovénie ou
Lord Shades en France qui officient dans un metal extrême et épique tout en s'octroyant des influences tolkiennienne ou heroic fantasy sans tomber dans le pompeux ni dans le recyclé. La bande a compris la leçon depuis le début, bien que s'inspirant de
Bal Sagoth et de
Summoning. Les premières démos étaient déjà très prometteuses, voici que Numenor a franchi le pas avec la sortie de plusieurs EPs, dont ce «
Opus Draconis » en juin dernier. L'opus reprend des anciens morceaux, dont « Monarchy Divine » présent sur une démo de l'ex-
Esgaroth, et «
Once We Were
Kings » ajouté sur le split «
Dynasty of the Realm Beyond », sachant que le tout se veut remastérisé pour l'occasion afin de rester en continuité avec la nouveauté «
Aeons of Magic ».
C'est dans un monde fantaisiste que les Serbes nous emmènent, prenant un certain plaisir à rendre leurs morceaux très alambiqués et irrésolument progressifs. La base semble black metal même si souvent il s'agit plutôt d'une forme de metal extrême aux forts éléments symphoniques et épiques. Toutefois, les accélérations, les riffs lourds, les blasts et le chant black ne peut que nous conforter sur le côté brute de décoffrage et sans pitié, même si l'ensemble des titres ne sont pas bourrins. En effet, Numenor nous fait part d'atmosphères et d'alternances de passages et de tempos, si bien que le voyage ne se fait pas sans embûches.
Prenons un « Monarchy Divine » (initialement enregistré en 2006) qui bouleverse les codes du black épique en général. Autant on se retrouve avec une ambiance bien épique, très champ de bataille, très travaillée avec ces arrangements orchestraux de grandes qualités, autant on se retrouve avec un refrain improbable, proche de ce qui pourrait se faire dans le power mélodique à la
Blind Guardian, avec son chant clair aigu et son envolée magique.
Pas de soli pour autant, toutefois une partie expérimentale vient s'infiltrer aux alentours de 02:35, chaque instrument profitant de ce moment pour se dévoiler, que ce soit la basse aux notes changeantes ou les violons/piano qui se mélangent. De plus, des narrations arriveraient presque à nous faire penser à celles de Christopher Lee (que ce soit dans le Seigneur des Anneaux ou dans son projet solo
Charlemagne).
Si «
Once We Were
Kings » propose deux parties bien distinctes, l'une agressive et black symphonique, l'autre plus classique dans l'utilisation des violons, «
Aeons of Magic » (aucun rapport avec le titre de
Sirius du même nom) montre un Numenor en pleine forme en ce qui concerne les arrangements orchestraux très entraînants, réfléchis et maîtrisés sur le plan épique et mystique. Le titre semble réellement plus influencé par la musique classique qu'autre chose, même si des riffs furieux arrivent à se poser sur cet océan de mélodies au piano ou au violon.
Sans évoquer la reprise de
Summoning, tout ce que je peux vous dire c'est que ce «
Opus Draconis » de Numenor est une très bonne découverte des plus surprenantes, quelque part entre
Dimmu Borgir/
Bal Sagoth/
Summoning, mais avec cette impression, au final, que les Serbes mélangent de la musique classique avec des éléments metal extrême.
Pas besoin de se diriger vers les gros labels ni vers les pays les plus prolifiques, il y a Numenor qui vous attend.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire