« Numenor », autrefois une île de l’imaginaire de Tolkien, survivance du mythe de l’Atlantide, désormais une formation metal serbe née sur les cendres de l’éphémère «
Esgaroth ». On entendra un peu plus régulièrement parler de ce groupe comme appartenant à l’éditeur en chef et fondateur du webzine
Metal Sound,
Despot Marko Miranovi?. Officiant plus précisément en tant que chanteur, il aura semble-t-il beaucoup puisé dans ses ouvrages de chevet pour reproduire l’univers heroic fantasy de « Numenor ». J.J.R. Tolkien et Michael Moorcock en sont les principaux auteurs. Depuis 2009, trois EP sont sortis de ses chantiers. Dès
2012, un album a même pu être réalisé. Les instigateurs auront toutefois attendu que l’ouvrage en question soit signé chez un important label pour assurer sa distribution. Un accord a donc été conclu avec le russe Stygian
Crypt, promoteur de futurs talents originaires de l’Est de l’Europe. L’île de Numenor parviendra-t-elle à refaire surface après avoir été engloutie par les eaux ? Rien n’est moins sûr.
Les serbes ont beau suivre les pas de «
Summoning », ils n’en sont pas moins plus proches des débuts de «
Turisas » à l’heure actuelle. L’instrumental «
Opus Draconis » avait encore moyen de nous laisser dans le doute. L’ensemble épique et atmosphérique, à mi-chemin entre un «
Summoning » et un «
Rhapsody Of Fire » du pauvre, tente de recréer une ambiance symphonique froide et intimidante. Ce qui va suivre chassera toutes nos belles illusions. A l’écoute des premiers assauts power metal de « The
Eternal Champion », on adressera une vilaine moue à la lecture du catalogage du groupe en black épique sur les différents sites.
Pas grand-chose de black chez « Numenor ». On ne retiendra que le chant de Marko. Et encore ! Parfois entrecoupée de chœurs. « The
Eternal Champion » n’est pas un mauvais morceau pour autant. La guitare se montre assez consistante, à l’origine d’un superbe sursaut solo en milieu de piste. Le chant aidé d’un bonifiant chœur épique ne se montre pas non plus inintéressant.
Les serbes font même étalage d’un plus grand dynamisme sur «
The Alchemist ». La frénésie rythmique couplée à des sons cuivrés opère en efficacité, sans néanmoins réussir à ressourcer l’auditeur. C’est le verre à moitié vide, le verre à moitié plein. « Numenor » ne va pas au bout de son exploration. Les débuts se révèlent fructueux, jusqu’à nous mener dans un sillage monotone, sans véritable détour. Ce constat fait figure de triste vérité, hélas, pour des titres comme «
Hour of the Dragon », dont la dimension épique ne renvoie à aucun moment à un sentiment de puissance, mais aussi « While the Gods Laugh », palpitant au premier abord, mais tombant vite dans la linéarité faute de relâcher, au moins temporairement, son souffle.
Les titres précédemment cités ont encore le mérite de rester potables en comparaison d’un « Serviants of
Sorcery » mou du début à la fin, dans un battle metal relevé par l’unique chœur. Les parties narratives greffées se révèlent sans grand intérêt, ni cohérence. L’outro « The Sailor on the Seas of
Fate » se visitera comme une simple curiosité, faisant la part belle aux claviers. Il n’apportera en définitif pas grand-chose, à part peut-être un joli air de flûte en son sein et beaucoup d’ennui. Il est clair que sa durée est excessive, et que ça aurait mérité des mélodies travaillées en profondeur.
Seul le titre « Chronomancer » retiendra toutes nos attentions. Là, on se dit qu’ils ont fait fort. Les bruits de mécanisme d’horloges et les sonorités abyssales de l’entame donnent le ton. Une révolte s’opère. Il y a enfin un regain d’orgueil des musiciens, bien décidés à livrer bataille, à accélérer considérablement le rythme pour le rendre transcendant. Les machines auront le temps de se reposer le temps d’un break atmosphérique, pour ensuite déballer de nouveau leurs mélodies. Moment vertueux, moment rare.
Des modestes formations à l’image de «
Thronar » ou d’«
Incursed » adoptent un metal pas si différent de « Numenor », mais au moins ceux-là produisent des titres assurément galvanisants. La musique épique en provenance des claviers n’est pas utilisée comme un bête renfort. « Numenor », elle, nous donne cette désagréable sensation d’être peu inspirée, bien qu’étant tout à fait capable sur le plan purement technique. Il arrive ici ou là quelques riffs et solos sympathiques, malheureusement intégrés dans une musique morne, comblée de pauvres artifices. La bande à Marko commence difficilement son périple à travers la terre du milieu, à moins que ce soit plutôt l’Hyperborée. Bref ! Qu’importe le lieu, importe l’action.
12/20
Si j'ai fait allusion à Summoning, c'est uniquement parce que l'album était vendu pour du black épique inspiré par Summoning. J'en veux pour foi certains sites et le papelard que m'a fourni le label.
Je ne m'attendais pas à grand chose de ce groupe, et après quelques écoutes, je dois dire que le disque s'essoufle rapidement. Il est composé de titres parfois creux, les claviers s'illustrent un peu trop à mon goûut dans un style "bontempi". Si vous voulez du power en mode pagan ou épique, allez voir plutôt "Crom" (GER) ou même "Winterstorm".
@Seb: J'ai écouté quelques morceaux de Crom l'autre fois, j'aime beaucoup ;)
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