On Death and Cosmos

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
pas de note
Nom du groupe Ephel Duath
Nom de l'album On Death and Cosmos
Type EP
Date de parution 21 Septembre 2012
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1. Black Prism
2. Raqia
3. Stardust Rain

Acheter cet album

 $7.85  19,00 €  20,00 €  £16.05  $10.29  19,00 €  19,00 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Ephel Duath


Chronique @ GandhiEgo

06 Septembre 2012

Chronique d'une mort annoncée

La chronique est un exercice difficile et même si l’adage veut que ce soit l’art qui soit difficile et que la critique au contraire soit aisée, les discussions passionnées relatives au sujet tendent à montrer que l’art de la critique ait son propre niveau de difficultés. Les uns et les autres l’appréhendent chacun à leur manière et s’il est vrai que chaque individu, et a fortiori chaque chroniqueur, soit unique, on peut finalement distinguer trois grandes familles de chroniqueurs.

C’est dans cet exercice tout aussi difficile de la parodie que nous allons aujourd’hui tenter de décrypter le nouvel EP du groupe italien Ephel Duath qui s’intitule « On Death and Cosmos ». Il s’agit tout d’abord de déterminer les trois catégories de chroniqueurs citées ci-avant. Dans un but de simplification mais sans pour autant tomber dans le simplisme, on distinguera : l’émotif, le factuel et le littéraire. Afin d’illustrer mon propos, je compte vous présenter cette nouvelle sortie d'Ephel Duath au travers du prisme de ces trois orientations majeures. Avant de commencer, il est cependant bon de repréciser que la parodie se veut l’exacerbation de la réalité même si quelquefois le singe imite l’homme à la perfection. Je vous laisse juge.

Commençons donc par l’émotif. Comme son nom l’indique, ce dernier, ou cette dernière, fait passer surtout le ressenti avant toute chose. On ne sera donc pas étonné de voir que la note médiane donnée aux chroniques par l’émotif se rapproche sensiblement de 10/20. Ce n’est pas qu’il trouve moyen chaque album qui passe entre ses oreilles, c’est juste qu’au contraire, l’émotif est un être d’absolus. Il aime... ou il n'aime pas. 1/20 ou 20/20. Le monde des nuances lui est étranger et ses affirmations sont autant de vérités acérées qui ne souffrent aucune discussion. Il lui faut aussi peu de mots pour exprimer son ressenti car finalement l’émotion ne s’explique pas : elle se vit.

« Ephel Duath est un groupe génial. J'ai commencé à suivre le groupe depuis 2000 et le premier album Phormula et depuis, c’est comme une drogue. Je guette chaque sortie telle la mante religieuse guette sa proie et dès leur sortie je me jette dessus et les dévore sans en perdre la moindre miette. D’ailleurs le plus souvent, je n’attends pas la sortie officielle. Je n’ai pas la patience donc je télécharge. Je sais que ce n’est pas bien mais que voulez-vous, Ephel Duath est un groupe génial. En revanche, je commanderai plus tard la version die-hard double 10" marmur-splattered avec le patch et la clé USB en forme du logo de groupe. Inutile de vous dire que je suis fan.

Ephel Duath est un groupe génial et On Death and Cosmos ne déroge pas à la règle car cet EP est tout simplement génial lui aussi. Quand on est fan du groupe, il faut vraiment l'avoir. La musique c'est du 100% Ephel Duath et franchement c'est génial. C'est juste dommage qu'il n'y ait que trois titres mais vous devez, comme moi, avoir une touche replay sur votre lecteur CD.

Je vous le recommande donc chaudement parce que, forcément, c’est la sortie à côté de laquelle il ne faut pas passer parce que, vraiment, Ephel Duath est un groupe génial. »

Si vous trouvez ceci un peu court et un peu... obsessionnel. C'est le but. Nous avons déjà tous rencontré ce type de chronique qui quelquefois passe par l'œil vitreux de nos chers correcteurs qui par facilité, par fatigue ou par complaisance ou dans le but d’engranger un maximum de prestigieux points valide sans coup férir ce genre de textes. Ce ne sera que plus tard, post-validation, que la vérité éclatera suite au passage d’une certaine mafia cryptique dont on sait, sans oser le dire tout haut, qu’elle est au final le véritable Grand Orient de Spirit Of Metal, son Opus Dei, son clergé maléfique qui trame ses méfaits par derrière en ayant soin de montrer son visage radieux par devant. Par souci d’équité et pour ne pas froisser les égos, ladite chronique passera au statut de simple commentaire et de ce fait, reléguée dans les limbes de Spirit Of Metal et pour un chroniqueur, il n’existe pas pire châtiment que le déclassement.

Passons désormais au factuel. Le factuel est un être de logique. S’il distingue plus de nuances que son alter ego émotif, son but n’est pas de vous émerveiller et encore moins de vous éveiller. Comme le factuel le rappelle à tous vents : appelons un chat… un chat. Le factuel analyse et informe, c’est un instructeur né. Les informations qu’il assène dans chaque chronique comme des rafales d’AK47 sont toutes vérifiables et en contrepartie, il ne souffre ni les approximations ni le blabla inutile qui vient fleurir les autres chroniques non-factuelles.

« Ephel Duath est un groupe italien formé en 1998 à Padoue par Davide Tiso et dont le line-up évolue très régulièrement de sorte que ce dernier est tout simplement le seul et unique membre fondateur qui soit encore présent. Il mesure 1,97 m, pèse 86 kilo l’été et 88 l’hiver. Depuis la première Demo « Opera », enregistrée en 4 pistes analogues, le groupe a sorti la bagatelle de six albums dont le dernier en date « Through My Dog’s Eyes » sorti en 2009 sur le label britannique Earache Records. Le label prestigieux qui signa entre autres les premiers albums de Napalm Death (Scum, MOSH3, 28 titres, disponible en version limitée à 2000 copies « splatter vinyl ») ou de Carcass (Reek of Putrefaction, MOSH6, 22 titres, disponible en version limitée à 1000 copie, vynil noir 220g) voit finalement partir le groupe transalpin vers le label Agonia Records qui doit ensuite sortir leur futur méfait en full-length.

On Death and Cosmos comprend trois titres pour 20 minutes et 33 secondes de musiques et est disponible en digipack CD et 10" EP (barcodes respectivement 5902020284260 et 5902020284277). Steve Di Giorgio a rejoint le groupe à la basse (Death, Testament, Sadus, Iced Earth, Obscura) et c’est Marco Minnemann (Paul Gilbert, Necrophagist, Kreator, Tony MacAlpine) qui prend la place derrières les fûts. Le groupe s’adresse tout particulièrement aux fans de ISIS, Neurosis, Death, Faith No More ou encore Dillinger Escape Plan.

Sorti le 21 juin 2012 à minuit précisément, cet EP allie technique et virtuosité, moments plus calmes qui annoncent la tempête à suivre et montre une idée d'évolution chez le groupe désormais basé aux Etats-Unis.

Un EP de qualité qui inscrit Ephel Duath dans une nouvelle démarche et disponible sur Itunes, Amazon et Agonia Records. »

Le factuel aime les détails. S’il ne rechigne pas à donner son ressenti par moments, ne se sentant pas très à l’aise dans l’exercice, il tient son rendu « émotif » à la portion congrue car rien ne vaut un article digne de l’encyclopédie de Diderot. Pointilleux, à la limite, souvent supérieure, de la sodomie du drosophile, le factuel fait un vrai travail de recherche, sur le net et surtout parmi ses CD rangés sous armoire blindée avec système de classification décimale de Dewey (CDD = http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_d%C3%A9cimale_de_Dewey). Même si au final, une lecture rapide de la page du groupe sur Spirit Of Metal permet d’en apprendre tout autant, le factuel aime enfoncer le clou… et les portes ouvertes.

Finalement on aura gardé le meilleur pour la fin. Le littéraire. Ou plutôt devrais-je dire le faux-littéraire et le vrai boursouflé. Si la prose du littéraire est souvent intéressante, offre des formules savoureuses ou un regard novateur sur une œuvre, il n’y a qu’un pas à franchir pour qu’elle se transforme en apologie des vanités et dans un exercice complètement narcissique plus proche de l’onanisme que de la chronique. Le littéraire jouit de sa prose qui finit par prendre l’ascendant sur le contenu pour devenir une œuvre principale reléguant ainsi l’objet étudié, le disque, comme accessoire et véhicule du talent incroyable du chroniqueur. Talent incroyable qui malheureusement ressemble à l’arbre qui cache la forêt et qui accouche de nombreuses coquilles (le talent à l’état brut ne se relit pas) mais surtout d’UNE coquille, qui aussi belle soit-elle, n’en demeure pas moins vide.

« Ephel Duath. Un nom comme une interrogation sur le sens caché et véridique de la vie. Une prise de conscience sur le réel en forme de pied-de-nez, sur la transformation d’un individu, son passage entre son état larvaire, vain, celui de la chrysalide et finalement de l’imago : achevé, beau mais déjà agonisant. Le groupe transalpin finit d’achever sa transformation et offre à l’auditeur qui veut bien s’en donner la peine, une réflexion personnelle désarmante intitulée sobrement (mais d’une ambition paroxystique) : sur la mort et le cosmos. Mais la vie dans tout cela ? Et bien la vie et la mort viennent du cosmos. Si la Terre n'est pas un astre fragile et ce, malgré les catastrophes qui la façonnent depuis tout temps - des fougères et des dinosaures à nos jours – la vie souffre à fréquentes reprises, par elle-même, mais aussi par les vicissitudes du cosmos. L’impactisme est flagrant et le catastrophisme d’origine cosmique est l’un des moteurs essentiels de l’évolution et, a posteriori, d’Ephel Duath.

Ephel Duath, dans le folklore tolkienien de la Terre du Milieu, désigne nommément Les Montagnes de l’Ombre qui forment un rempart alpin qui officie en tant que garde avancée des frontières du Mordor occidentales et septentrionales. Elles rejoignent Ered Lithui et Morannon, la Porte Noire, et sont défendues par la cité au nom qui fait frémir : Minas Morgul. Le choix du nom n'est donc pas du aux fruits du hasard et démontre, s'il fallait le rappeler, la vision eurocentrique inconsciente du groupe qui par son patronyme soulève la question du racisme, ou pour les plus timorés d’entre nous, du racialisme.

Impactisme cosmique et racialisme, mamelles de haine et d’innocence martiale refoulées, s’inscrivent dans les trois chansons du groupe sur leur nouvel opus et aliènent de ce fait l’ouverture musicale dans une entreprise de domination de la pensée unique, telle que Nietzsche la préfigurait dans ses penchants plus droitistes. Nietzche et Tolkien qui se rejoignent involontairement dans leur volonté de pouvoir. Nietzsche qui s'élève de l'espérance humaine pour cette volonté de pouvoir et qui doit sortir triomphant des faiblesses et des misères des superhommes sur tous les acquis historiques. Et Tolkien dont la grande épopée semble vouloir offrir un contrepoint intéressant d’une réflexion dans un genre parfois proche de celle utilisée par le philosophe allemand.

Comme Frodon qui trouvait terrifiant le fardeau des anneaux, une métaphore pour le matérialisme ambiant, seule la pénombre attend ceux qui sont attirés par le pouvoir pour le simple fait de posséder ce pouvoir et, tôt ou tard, les puissances des ténèbres, incarnées ici musicalement, finissent par les dévorer. »

Il manque évidemment encore cinq ou six bons paragraphes pour terminer correctement la prose du littéraire qui ne se contenterait pas de si peu mais le message semble clair. Alors que l'émotif ne fait rien passer d’autre que sa très grande joie ou sa très grande déception, le littéraire, pour qui ces concepts sont dignes de la plèbe, préfère nous les expliquer dans des mots qui semblent aussi savants que de la confiture Bonne Maman. Faux littéraire et vrai boursouflé !

Il va de soi que ces trois exercices sont parodiques et, comme le veut la coutume, il est bon de rappeler que toute ressemblance avec une ou des personnes existant ou ayant existé serait purement fortuite. Il est aussi vrai que certains chroniqueurs arrivent, rarement, à mêler émotion, faits et pensée dans une seule et même chronique même si ces dernières sont aussi fréquentes que le passage de la comète de Halley. En dire trop ou pas assez, se contenter du strict nécessaire ou l'enrober copieusement, tel est le dilemme du chroniqueur. Il faut cependant garder à l'esprit que la musique se suffit à elle-même et qu’une chronique, quelle qu’elle soit, jamais ne retranscrira en mots exacts l’esprit de cette musique. Faut-il alors continuer à chroniquer et si oui de quelle manière ? Oui, il faut continuer. Pour la manière, au final, il est bon de rappeler que chaque chroniqueur a ses aficionados et ses détracteurs et que tant que la chronique ne laisse pas indifférent, elle remplit son office.

18 Commentaires

13 J'aime

Partager

Morgart - 10 Septembre 2012: Alors là, chapeau bas! De l'humour qui fait vraiment du bien quand on lit certaines chroniques; continuons à ne pas donner de noms ;-)

N'hésite pas en refaire des lyriques!
Morgart - 10 Septembre 2012: Et si je puis me permettre, la traduction habituelle de Nietzsche évoque une volonté de puissance et non de pouvoir. C'est d'ailleurs après avoir lu Schopenhauer qu'il a utilisé ce concept.
Morgart - 10 Septembre 2012: Rien à voir mais tu as écouté Middian, le projet qui émergé à la suite du split de YOB? Vraiment dans la continuité de The illusion of motion et the unreal never lived, bien qu'un cran en dessous donc tout bon quand même.
Shoupeth - 19 Septembre 2012: Hum...
Bel exercice de style, certes, mais au final je ne sais toujours pas si cet album est plus proche de "phormula" ( que j'adore) ou de "through my dogs eyes" ( j'accroche moins ).
Le line-up laisse penser que E.D ne doit pas faire du funk-musette sur cette galette mais après lecture; je ne sais toujours pas à quoi m'attendre. Peut-être est-ce le but ?
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire