Space Atmospheric Death
Metal, avouez que ça claque pas mal comme dénomination et que l’étiquette a de quoi attiser la curiosité. Pour le coup, si l‘on est déjà habitué au black cosmique depuis l’avènement de
Darkspace il y a une bonne quinzaine d’années, il faut reconnaître que les variations death du style se font bien plus rares, se confinant souvent à des groupes de deathcore synthétique qui agrémentent leur musique de quelques bidouilles électroniques et autres bruitages ambiant, enrobant le tout d’un bel artwork spatial histoire de.
C’est pourtant bien dans le style sus-cité qu’évolue
Sxuperion, one man band américain qui a mine de rien déjà sorti quatre full lenght dans son coin depuis sa création en... 1998.
Lord Sxuperion est seul aux commandes, qui fracasse allègrement les cymbales chez
Valdur et
Weverin, et est également à l’origine de Bloody Moutain Records, label sur lequel est sort la discographie de ses différents projets, dont le petit dernier que voici,
Omniscient Pulse.
Sur le
Owl d’ouverture, les vibrations étranges et lointaines de cordes résonnent, largement amplifiées dans le silence angoissant de ces millions de galaxies obscures qui grondent sourdement. Puis les guitares bourdonnantes et le growl caverneux du musicien interviennent, prenant corps sur un blast costaud et nous propulsant définitivement à des années-lumière de toute vie humaine. Les grattes, accordées très bas, assourdissent et hypnotisent, répétant le même motif à l’envie, nous entraînant vers une fin planante dont les claviers aériens nous maintiennent en apesanteur.
Le contraste entre la lourdeur et l’omnipotence du riffing et ces quelques notes froides et tordues qui flottent, comme des poussières d’étoiles disloquées et perdues dans l’immensité indifférente de l’univers, est proprement saisissant, et renforce cette atmosphère sombre, algide et impalpable (Presque-Vu). La musique se fait quasiment cinématographique lors de ces débuts et fins de morceaux agrémentés de nombreux bruitages et autres samples ou extraits de films (la fin de Death (Bussard Ramjet Malfunction), le début de Presque-Vu, A New
Universe Awaits (
Burning the Cloth)).
Mais en dehors de ces passages ambiant oscillant entre béatitude et angoisse (la fin de
Owl, le début de Death (Bussard Ramjet Malfunction), la fin du morceau éponyme), c’est la guerre totale : entre ce magma bouillonnant de basses et de guitares en fusion, ce growl abyssal qui semble nous poursuivre dans n’importe quel recoin de l’univers, et ces blasts destructeurs dont la vitesse n’a d’égale que la pesanteur, impossible d’échapper à la fureur de ces éléments extraterrestres.
Le riffing écrasant et le growl monstrueux de Planet
Crusher nous assomment, les guitares de Presque-Vu nous harcèlent de leurs vibrations grondantes et malsaines, tandis que l’enchaînement Omnisicent
Pulse (putain, quel missile !)/Betrothed
Catacombs nous atomise sous un déluge de blasts brutaux et d’un riffing compact à la noirceur terrifiante, rouleau compresseur implacable annihilant toute forme de vie.
On pense bien sûr beaucoup à
Archgoat dans ce mélange de bestialité et d’obscurité effrayant même si ici, l’horreur est plus abstraite et « subtile » - pour peu que l'on puisse se permettre d’employer ce mot pour décrire une telle musique - , moins palpable que chez les Finlandais (le long et mélodique Miopyan
Frequency Release de clôture), les démons cornus qui empalent et dépècent des nonnes faisant place aux ténèbres insondables de la cosmogonie primordiale. L’art de
Sxuperion évoque de gigantesques trous noirs, des planètes arides, désertes et sans vie ravagées par des vents désolés, l’immensité glaciale et vide d’un univers résolument hostile et une immense bataille intergalactique qui entraîne mort et destruction dans son sillage.
Vous l’aurez compris, l’ensemble est extrêmement pesant, intensifié par cet accordage grave et vibrant de basses ainsi que l’alternance de frappes lourdes et de blasts supersoniques, de sorte qu’il est difficile de sortir indemne d’un mur du son aussi compact et abrutissant, néanmoins, le tout se fait d’une profondeur et d’une épaisseur atmosphérique incroyables, nous aspirant dans un champ gravitationnel sans fond. En conclusion, voilà un album de 35 petites minutes à peine qui vous possède, vous gèle, vous tétanise et vous terrasse en même temps, et personnellement, cela faisait longtemps qu’un album de death ne m’avait pas fait autant vibrer et mis une telle claque.
« This is the way the world ends » …
Un chouette album de la part de Lord Sxuperion, dans la lignée des précédents, avec toujours cette prédominance de samples et parties ambiantes pour atmosphériser un death cosmique et occulte aussi entêtant qu'hermétique. Mais à l'instar de l'album précédent (Endless Spiritual Embodiment), et même depuis le EP Myriad en 2017, je trouve que l'équilibre parfait qui avait été atteint sur Cosmic Void entre passages blastés et parties ambient / samples n'est plus de la partie. Trop de samples tue le sample, un peu comme sur Through Cosmic Corridors, que j'aime pourtant beaucoup. On aimerait en effet que certains excellents riffs durent un peu plus longtemps plutôt que de les voir s'éteindre et remplacer par un sample ou une partie ambiante venant casser le rythme de certains morceaux. C'est le petit défaut que je reproche à ce groupe, bien entendu compensé par la qualité et la singularité de ce death astral et bestial.
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