Patience est mère de toutes les vertus ou tout vient à point à qui sait attendre. On aurait aimé que ces deux expressions se confirment pour le groupe de metalcore américain
Of Virtue. Malheureusement, guetter une prise de conscience ou une progression de la part du quintet michigan, c’est comme attendre que les poules auront des dents, à savoir que le miracle ne risque de ne jamais se produire. Pourtant, la formation ne manque pas d’arguments et de qualités qui pourraient la propulser vers les marches d’or mais notre collectif se contente du strict minimum avec une empreinte on ne peut plus élémentaire. Et ce n’est absolument pas la dernière galette de nos musiciens
Omen publiée sous le label
Arise Records qui viendra contredire ces faits.
Le précédent disque
What Defines You était déjà un signal d’alerte sur le savoir-faire du quintet américain avec un metalcore assez téléphoné, dont les structures couplet/refrain/couplet/refrain sont le leitmotiv de la plupart des compositions et où le chant clair, d’un classicisme profond et souvent inexpressif ne valorisent en rien le travail de nos artistes. Ces sonorités que l’on peut parfois qualifier de pop, cette voix mielleuse dès que l’on sort du cadre du screaming, ces riffings élémentaires et inoffensifs, toutes ces caractéristiques ont été entendus dans une multitude de groupes et autant ils sont concevables sur les premières pièces d’un combo novice, autant ils sont inadmissibles pour une formation qui approche de sa seconde décennie d’existence.
Ce petit nouveau est sensiblement similaire à son prédécesseur, et s’avère même plus décevant, dans l’indifférence et la nonchalance les plus totales. L’intro de
Hypocrite résume à elle seule ce rock-metal moderne où la patte hardcore a complètement disparue pour laisser place à ces synthétiseurs sans grands intérêts et à ce « chant » (si on peut encore l’appeler ainsi) dénaturé, retouché sans le moindre avantage si ce n’est un constat désolant. La suite du titre n’affiche pas de meilleurs hospices avec certes un chant hargneux mais qui ne casse pas trois pattes à un canard et un instrumental qui ne nous fera pas non plus bondir au plafond. Le refrain à la palette claire est basique, la mélodie est routinière et on sait immédiatement où le morceau va nous emmener.
Et pourtant, comme pour
What Defines You, certains morceaux sans non plus être exceptionnels ou mémorables, n’éteignent pas totalement la faible lueur et le maigre espoir posés sur les épaules des Américains. Parmi eux, A.N.X.I.E.T.Y est sans conteste l’illustration de ce que fait de mieux
Of Virtue. Si l’on ne se concentre pas sur le lyrique finalement assez pauvre, le reste du tableau est assez convaincant avec un vocal hargneux, un riffing certes sommaire mais tout à fait efficient et un rythme dans son ensemble groovy. Même dans le refrain où le chant clair refait surface mais mêlé à une prestation plus screamé, l’équilibre est plutôt intéressant et évite que l’on retombe sur un énième poème sans envergure. Le breakdown, l’un des rares de cet opus, est aussi bienvenu et offre un arc de révolte bien souvent absent.
Notre quintet a fait venir un nouvel invité à savoir Rory Rodriguez (
Dayseeker) dans sa balade Floating. Le morceau est frappant d’un point de vue comparatif entre le vocaliste convié et celui de notre petite troupe. D’un chant fastidieux sans esprit émotionnel pour Tyler Ennis, on passe après le premier refrain d’une voix sensible et déchirante de la part de Rory Rodriguez, sans doute une nouvelle preuve que le nuancier clair de notre principal chanteur n’est pas pertinent. Au-delà de ces mélopées largement questionnables et de ces instrumentalisations rudimentaires, le groupe américain n’est pas non plus aidé par la durée moyenne des compositions qui dépasse péniblement les trois minutes et qui, assurément, empêche le développement et la progression au niveau du travail d’écriture.
L’expérience d’
Of Virtue avec ce nouveau venu n’est qu’une conformation des craintes déjà soulevées sur les précédentes parutions du quintet. Le groupe semble stagner dans un metalcore prévisible marqué par ces structures conventionnelles et ce chant clair dénué d’émotions. De même, les sonorités pop, les riffings primaires ainsi que ces sonorités électroniques peu inspirantes ne font que renforcer un constat déjà assez terne. Bien que peu de qualités puissent être formulées,
Omen se laisse tout de même facilement dompter et même si nos écoutes s'avèrent peu fructueuses, la production demeure correcte. Dans tous les cas, il apparaît tout de même que l’espoir d’une prise de conscience ou d’une amélioration de la part de notre formation s’éloigne de plus en plus et laisse place à une immense désillusion face à un potentiel artistique sous-exploité.
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