Mû par un élan d'inspiration renouvelée, l'expérimenté combo belge ne sera pas resté terré dans l'ombre bien longtemps... Déjà à la tête de deux albums full length («
Rent to Kill » (2005) ; «
Skepticalized » (2010)) et de deux EP («
The Beauty Must Die » (2007) ; «
Living in a Movie » (2013)), le collectif enrichira sa discographie d'un album live, « Run for Your
Live! », qu'une année seule séparera de son troisième et présent effort de longue durée, «
Omega Thanatos ». Ce faisant, les 11 pistes de cette galette permettront-elles à la prolifique formation de se démarquer de ses concurrents, toujours plus nombreux à affluer dans ce registre metal ? Ses 44 optimales minutes lui autoriseront-elles l'accès aux valeurs confirmées du-dit registre, voire de porter l'estocade ?
Dans ce dessein, on retrouve l'équipe de «
Living in a Movie » au grand complet, à savoir : Michel Stiakakis aux guitares, Benjamin Lazzano à la batterie, Patrick Brugneaux à la basse, sans oublier la cristalline empreinte vocale de Karolina Pacan (guest chez
Apparition et
Dark Wings Syndrome). De cette étroite collaboration émane un propos électro gothique et industriel à la fois pulsionnel, enivrant et énigmatique, dans la lignée coalisée de
Regardless Of Me (première période), feu
Skyward,
Silentium et
The Flaw. Enregistré au Noise
Factory Studio (à Namur, en Belgique) par les soins de l'ingénieur belge Gérald Jans (
Channel Zero,
Triosphere,
Fading Bliss...), l'opus n'accuse que d'infimes sonorités résiduelles. Mixé par l'actuel batteur de
Nightfall et producteur grec Fotis Benardo (
Fallen Arise,
Acid Death,
Chaostar, Endsight,
Innerwish...), s'observe également une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation. De quoi nous pousser à aller explorer plus en profondeur la soute du vaisseau amiral...
C'est à la lumière de certains de ses passages les plus abrasifs que le combo marque ses premiers points. Ce qu'attestent « Alone » et «
Escape », mid/up tempi électro gothique tourmentés dans le sillage de
Silentium. Dans un cas comme dans l'autre, des effets de contraste atmosphérique et rythmique s'observent : des couplets tortueux aux riffs acérés adossés à une frondeuse rythmique se voient relayés chacun d'un apaisant et fondant refrain. Dans cette mouvance, « Fears » se pose, lui, tel un intrigant mid/up tempo intrigant, doté de couplets plus finement ciselés et d'un refrain immersif. On regrettera toutefois la survenue à mi-morceau d'un pont instrumental à la fois techniciste et étiré qui ne s'imposait pas.
Quand la cadence du convoi instrumental se fait un poil plus mesurée, nos acolytes trouvent quelques clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ainsi, « Balcony Dreams » s'offre telle une ballade atmosphérique gothique aux riffs grésillants dans la lignée de
The Flaw ; aussi effeuille-t-on un low tempo à la fois éthéré et délicat, reposant sur une mélodicité toute de fines nuances cousue où se calent les caressantes oscillations de la maîtresse de cérémonie. Dans cette même veine s'impose également «
Emptiness », jolie ballade atmosphérique gothique aux riffs émoussés ; infiltrée de délicats arpèges au piano et relevée par les angéliques modulations de la belle, la tendre aubade comblera les attentes de l'aficionado du genre intimiste. Livrant, quant à lui, d'insoupçonnées accélérations et d'un refrain enivrant mis en habits de lumière par le gracile filet de voix de la déesse, l'aérien et souffreteux low tempo rock'n'metal industriel « Last Friends » ne saurait davantage être éludé. Enfin, en raison de répétitives suites d'accords, et en dépit de ses grisantes ondulations atmosphériques, le low tempo «
Hopeless Hope » se fait à la fois intrigant et invariablement lascif.
En dépit de ses mérites, la rondelle ne va pas sans accuser l'un ou l'autre bémol, atténuant de fait son impact sur le tympan du chaland. A commencer par « The
Sign », up tempo syncopé électro gothique ; pourtant headbangant à souhait mais laissant entrevoir une sente mélodique éminemment linéarisée doublée d'une tenace répétibilité des arpèges d'accords dispensés, l'offensif méfait ratera sa cible. Un schéma que reproduira également l'incisif et tourmenté « Horror Show ». On pourra non moins occulter « Deca-Dance », up tempo metal industriel aux rampes de claviers tourbillonnantes ; incitatif à l'esquisse d'un pas de danse quasi ininterrompu, le frénétique effort se voit toutefois contrarié par de bien ternes séries de notes. Enfin, faisant office d'interlude, «
Thanatos » se présente tel un cinématique, organique et, somme toute, dispensable instrumental, et ce, en dépit d'arrangements instrumentaux de bonne facture.
Quelque treize années après sa sortie de terre, à l'aune d'un album à la fois enivrant, énigmatique et jouissant d'une ingénierie du son de bon aloi, force est d'observer que le combo belge franchit un échelon supplémentaire dans sa carrière. A quelques encâblures de ses tâtonnants débuts en matière de production et d'un complexe et lascif «
Skepticalized », ce nouvel arrivage s'avère varié sur les plans atmosphérique et rythmique et repose sur de louables qualités d'interprétation. Pour se sustenter, d'aucuns auraient sans doute espéré des lignes mélodiques plus enveloppantes, des séquences d'accords plus aisément lisibles et moins sujettes à répétition qu'elles n'apparaissent. Aussi, à l'aune d'une proposition aussi tortueuse qu'intrigante, un brin déconcertante, la troupe conforte sa place parmi les valeurs montantes de cet espace metal. Affaire à suivre, donc...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire