Huit ans de silence radio soufflés déjà depuis leur troisième et intrigant album full length, «
Omega Thanatos »... De quoi décourager les plus fervents des fans de l'expérimenté combo belge ! Ce serait méconnaître tant les exigences en matière de qualité de production que la furieuse détermination à en découdre de la part de ce prudent mais néanmoins inspiré collectif créé voilà 21 ans. Le temps pour nos acolytes de réaliser un album live, «
Force Within », suivi d'un single, «
Desert », l'année-même de sortie, toujours chez FYB Records, de leur quatrième et présent opus de longue durée, « Kharon ». Cela étant, les 47 optimales minutes affichées au compteur de la rondelle sauront-elles les distinguer plus encore de leurs si nombreux homologues stylistiques ? A l'aune de ses 11 plages, ce quatrième effort serait-il à même de permettre au prudent quartet de se hisser enfin parmi les valeurs confirmées de l'univers électro gothique à chant féminin qui est le sien ?
Dans cette aventure nous embarquent de concert : Michel Stiakakis aux guitares et à la programmation, Benjamin Lazzano à la batterie, Adrien Josson, en remplacement de Patrick Brugneaux, à la basse, sans oublier la cristalline empreinte vocale de Karolina Pacan (guest chez
Apparition et
Dark Wings Syndrome). De cette étroite collaboration émane une œuvre électro gothique et industriel tout aussi enivrante et énigmatique mais un poil plus éthérée que sa devancière. Aussi, c'est dans la veine de
Regardless Of Me (première période), feu
Skyward,
The Birthday Massacre,
Silentium et
The Flaw que le combo puise, cette fois, son inspiration. Ces nuances atmosphériques et rythmiques seraient-elles alors suffisantes pour conférer à ce message musical son caractère propre ?
Côté production, à l'image du précédent élan, le collectif belge nous gratifie d'une galette ne souffrant à son tour que de bien rares irrégularités : produit, enregistré et mixé par l'actuel batteur de
Nightfall et producteur Fotis Benardo (
Fallen Arise,
Acid Death,
Chaostar, Endsight,
Innerwish et
Skeptical Minds (sur leur précédent opus)), et mastérisé par George Nerantzis, le méfait n'accuse pas l'once d'une sonorité résiduelle tout en bénéficiant d'une belle profondeur de champ acoustique. De quoi nous promettre une croisière des plus sécurisantes dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure. Mais suivons sans plus attendre nos valeureux gladiateurs dans leurs pérégrinations...
Un tantinet moins enfiévré que son devancier, le présent effort nous octroie néanmoins quelques passages aptes à générer un headbang subreptice. A commencer par « The
Old Man », mid tempo électro industriel aux effluves doom, dans la mouvance de
The Flaw ; pourvue de riffs grésillants et recelant d'insoupçonnées accélérations, dotée parallèlement de couplets finement ciselés mais relayés chacun d'un refrain un poil moins fédérateurs, cette aérienne plage pourra alors nécessiter plusieurs écoutes circonstanciées avant son éventuelle assimilation. Dans cette énergie, on pourra plus volontiers opter pour « Compass » et « Cocoon », mid tempi électro gothique empreints de sensualité, à mi-chemin entre
The Birthday Massacre et
Silentium ; en dépit du peu d'oscillations de leurs sentes mélodiques, et en raison d'arpèges d'accords judicieusement échafaudés et de leur mise en relief par les ensorcelantes modulations de la sirène, la sauce prend, in fine. Dans une même optique, le mid tempo « The Key » nous gratifie, lui, d'un fondant refrain encensé par les fluides impulsions d'une interprète bien habitée. Mais le magicien aurait d'autres tours encore dans sa manche...
Quand ils nous mènent en des espaces tamisés, nos compères parviennent plus aisément encore à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, d'une part, «
The Awakening » ballade atmosphérique gothique d'une sensibilité à fleur de peau, dans la lignée de
Skyward. Recelant une mélodicité toute de fines nuances cousue qu'empruntent les troublantes volutes de la maîtresse de cérémonie ainsi qu'un slide à la guitare acoustique d'une grande limpidité, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes. Dans la mouvance de
Beseech, cette fois, se glisse « Reunion », ballade d'une confondante légèreté et pétrie d'élégance. Greffée sur de grisantes harmonies et mise en habits de soie par les hypnotiques inflexions de la déesse, la tendre aubade fera, à son tour, plier l'échine aux âmes les plus rétives. Dans ce sillage, « The
Path » se pose telle une ballade progressive dotée de gammes d'une infinie délicatesse et sur lesquelles semblent danser à la fois les cristallines ondulations de la belle et de seyants gimmicks guitaristiques. Peut-être bien l'une des gemmes de la galette.
Cependant, à l'instar de son aîné, ce manifeste ne va pas sans concéder l'un ou l'autre bémol, atténuant de fait la portée du message musical délivré. Dans cette logique se place, tout d'abord, «
Desert », intrigant low tempo électro gothique à la confluence de
Regardless Of Me et de
Silentium. Inscrivant dans sa trame une ligne mélodique en proie quelque linéarité et de répétitives séquences d'accords, ce titre éminemment éthéré peine à nous convaincre de son efficacité, et ce, en dépit de soudaines et opportunes montées en régime du corps instrumental. On ne retiendra pas davantage « Rebels », mid/up tempo au carrefour de
The Flaw et de
Skyward, et ce, au regard de sa longue mise en route sur fond de clapotis synthétiques et de l'inaltérable répétibilité de ses ternes gammes. Enfin, « The Training » comme «
War Is Coming » se présentent tels deux mid tempi lascifs aux riffs broussailleux, dans le sillage de
Silentium. Egrainant des enchaînements intra piste mal assurés et empruntant moult chemins de traverse, ces deux vaporeux espaces d'expression ne sauraient davantage prétendre à une inconditionnelle adhésion.
Si «
Omega Thanatos » a permis au combo belge de franchir une nouvelle étape dans sa carrière, son successeur, « Kharon », témoigne, lui, d'une certaine habileté de ses concepteurs à concocter de grisantes séries de notes, sans pour autant faire de lui un masterpiece. Reposant à son tour sur de louables qualités d'interprétation et sur une ingénierie du son plutôt soignée, ce frais arrivage se fait cependant moins varié que son devancier sur les plans atmosphérique et rythmique. Là encore, pour se sustenter, on aurait souhaité des sentes mélodiques plus enveloppantes, des arpèges d'accords un poil moins complexes qu'ils n'apparaissent, et l'éradication des nombreuses baisses de régime que compte le propos. Etat de fait permettant tout au plus au groupe de conforter sa position parmi les valeurs montantes de ce registre metal. Ainsi, guère moins headbangant mais plus éthéré que son aîné, ce nouvel effort peine à confirmer le potentiel pressenti...
Je ne t'aurais jamais cru chroniquer un album dans ce style de Metal! Tu arrives encore à m'épater!!! A la limite, c'est certainement pour le côté vocal, mais pour ma part....bien que ce soit des compatriotes...j'accroche pas, mais alors pas du tout!
Ceci dit, rien à redire côté chronique, car c'est parfait...comme d'habitude!
En fait, l'univers électro gothique fait aussi partie de mes goûts, et ce, depuis de nombreuses années maintenant. S'il est vrai que j'en écoute moins aujourd'hui au profit du mélodico-symphonique gothique, il m'arrive néanmoins de faire une incursion dans cet espace rock/metal, et, si je connais le groupe et que l'occasion se présente, un modeste papier de ma part peut en résulter.:)
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