Old Smoke

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16/20
Nom du groupe Barishi
Nom de l'album Old Smoke
Type Album
Date de parution 24 Avril 2020
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 The Silent Circle
 
2.
 Blood Aurora
 
3.
 The Longhunter
 
4.
 Cursus Ablaze
 
5.
 Entombed in Gold Forever
 
6.
 Old Smoke
 

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Barishi


Chronique @ JeanEdernDesecrator

25 Mai 2020

Du sludge avec des ambiances allant du death terrifiant au folk champêtre.

Barishi, c'est l'histoire de trois mecs du Vermont, un des états les plus petits et reculés des USA. Des amis de longue date, le guitariste Graham Brooks et le bassiste Jonattan Kelley, qui se sont réunis en 2009 autour du batteur Dylan Blake, sous le nom d'Atlatl pour jouer ensemble. Ils ont été rejoints en 2012 par Sascha Simms au chant, et ont pris le nom de Barishi. A leur grande surprise, leur premier album autoproduit "The Barishi", sorti en 2013, a attiré l'attention des amateurs de progressif complètement barré , mais aussi du label Season of Mist, qui les a pris sous son aile. Un sludge progressif atypique, très rock avec un son de guitare très crunch, et des emprunts à d'autres styles musicaux, americana, jazz et même surf music. Le chant de Simms était presque punk la plupart du temps, mais se permettait aussi du chant clair… à la Mike Patton. Au final, cela aurait ressemblé au rejeton de Mastodon, The Mars Volta et Refused.

En 2016, leur excellent deuxième LP "Blood from the Lion's Mouth" a confirmé tout le potentiel entrevu, et étant plus ouvertement metal dans son ensemble, avec même une évolution du chant de Simms vers le Death. Barishi a complètement laissé de coté les expérimentations débridées du premier album, pour se couler dans le moule d'un sludge à la Mastondon première époque, mais a gardé la même richesse aérienne, insufflée dans des morceaux touffus de bonnes idées. Malheureusement, malgré cette réussite artistique, Simms a vite quitté le groupe. Après la perte de son bouillonnant frontman, Barishi s'est résolu à rester en trio, non sans avoir essayé en vain quelques chanteurs.

La génèse de "Old Smoke" a pris trois années, et au passage, beaucoup de choses ont changé dans leur manière de créer. Le but était de faire des chansons plus longues et de prendre le temps de développer l'ambiance de chacune d'entre elles. Les chansons ont été écrites de manière instrumentale, principalement en jammant en répet, même si pour cette fois, le guitariste Graham Broojks a décidé de maquetter quelques idées mises en forme pour préparer le terrain. Le poste de chanteur lui étant aussi dévolu dorénavant, il a construit les vocaux en passant par l'étape des borborygmes gueulés dans un premier temps (dite du yaourt, en France métropolitaine), en attendant que l'un de ses deux autres compères écrivent les paroles, le chanteur reconnaissant volontiers être le moins doué pour l'exercice.

Pour l'emballage de ce nouveau disque, nous avons une jolie pochette stylisée façon stoner de Kuba Sokolski, avec tout le toutim chasse pêche et tradition. L'animal totem, qui est le cerf, la nature irradiante symbolisée par un tronc aux multiples frondaisons qui se mêlent au bois de l'animal totem sus mentionné, et une couleur de la nature, le caca d'oie. Seulement, ici cela n'est pas un gimmick de mode, mais leur vie de tous les jours, et eux, les petits gars du fin fond du Vermont, peuvent s'en enorgueillir en toute légitimité.

Mais il se trouve que l'album, sorti le 24 avril 2020 chez Season Of Mist, commence avec une ambiance totalement différente que celle des sous-bois nord état-uniens. Cet opus de six titres pour quarante neuf minutes est pour ainsi dire séparé en deux parties.
Sur la première, Barishi prend le risque assumé d'entamer les hostilités par deux pièces de plus de 10 minutes, "The Silent Circle" et "Blood Aurora", puis "The Longhunter" qui fait un bon six minutes, qui plantent le décor, ou plutôt un paysage de cauchemar étouffant, cerné par des essaims de larsens. Un sludge d'outre tombe vous assaille à l'usure, plombé par un growl death résonnant avec un effet boomerang démoniaque. La batterie n'est pas en reste avec de la grosse double grosse caisse sur "Blood Aurora" et des blasts appuyés sur "The Longhunter".
Ces titres vous étouffent comme un boa constrictor pendant de longues minutes, le temps de bien bouffer de la poussière. Les seules accalmies sont quelques envolées de guitares solaires sur le pont de "The Silent Circle", et les extraits de film samplé au début de "The Longhunter", sans popcorn, ni bière fraîche, désolé !

La deuxième partie change de cadre, pour un environnement presque bucolique en comparaison (cf le Cerf dans les sous-bois). Le superbe instrumental "Cursus Ablaze" avec sa guitare sèche qui égrene ses notes dans le vent, et continue sur des envolées de claviers solennels est une bouffée d'air revigorant, récompense pour avoir traverser l'enfer de la première partie. Mais c'est surtout le morceau titre de l'album "Old Smoke", une lente montée finale de treize minutes en paliers , avec de brefs répits avant chaque escalade (un peu comme le coromachin, hum hum), qui nous plonge dans la beauté contemplative des grands espaces. Même le chant est devenu calme, grave et posé, un peu comme celui de Joe Duplantier sur un "Low Lands", bien qu'il reparte en growl assassin plus tard dans la composition.

J'ai en effet trouvé Barishi plus fluide et à son aise quand il joue avec nuance, sur la pression et l'intensité. Quand il est a pleine puissance sur son rythme de croisière, il a tendance à trop se servir des mêmes coups (ce triolet de notes à la Mastodon par exemple, qui revient à peine modifié sur plusieurs titres), et à essayer de faire céder l'auditeur à l'usure.

Le jeu de guitare de Graham est devenu plus sombre et âpre, et a délaissé les riffs à rallonge de "Blood…" pour des riffs un peu plus simples, sombres et jouant sur la répétition et les variations. Il s'est écarté en grande partie de son jeu dans les aigus, pour s'ancrer dans des sables mouvants toxiques et angoissants. Néanmoins, il a toujours ce jeu en accords si singulier, et un chouette son de Telecaster qui l'éloigne des canons du genre.
On pourra apprécier ce gros son de basse plein de texture de Jonattan Kelley, particulièrement audible sur le premier morceau "The Silent Circle" .
La batterie sonne tout à fait raccord avec l'ensemble de la musique, avec un son très ample et naturel, mais une caisse claire qui claque comme le tonnerre et des samples ajoutés qui donnent ambiance surnaturelle (le cryptique et mystique "Entombed in Gold Forever") .
Le chant est très death dès l'ouverture de "The Silent Circle" comme pour marquer sa différence avec celui de Sascha Simms, puis son growl se colore d'accents presque black en étant plus aigu, et nimbé de delay et de reverb, un peu à la Coroner (je sais, c'est pas du black). Graham s'en sort avec brio, et rend la musique de Barishi encore plus sombre et agressive.

Ce nouvel album de Barishi est âpre comme un sale cauchemar, sans concession, et demande du temps pour être digéré. Il manque peut-être des chansons plus évidentes du même tonneau que "The Great Ennead" sur l'album précédent "Blood from the Lion's Mouth" pour appâter le chaland. On a peine à croire que ce sont les mêmes musiciens, ceux qui virevoltaient avec impétuosité sur leur premier LP "The Barishi". L'influence de Mastodon est assez marquée ici, bien qu'elle s'estompe au fur et à mesure des écoutes. Cependant, malgré ces réserves, Barishi parvient à se renouveler, et avec le recul, chacun de leurs albums est très différent, et cela témoigne de la grande richesse de la palette de leur musique. Le trio parvient à remplir l'espace sonore comme quatre ou cinq, et propose une musique avec fort pouvoir évocateur, avec des ambiances allant du terrifiant au champêtre.

Barishi se révèle être un impressionnant outsider du sludge/death, surtout depuis que Mastodon (oui, encore eux) est devenu bien plus progressif et mélodique. Un groupe à suivre de près, à l'avenir !

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