The foreshadowing est une abstraction musicale murissant longuement son œuvre funeste. Preuve s'il en est du savoir faire des italiens à enfanter de perles gothic/doom belles à en pleurer. Né des froides inspirations d'Alessandro Pace (Klimt 98 et surtout
Spiritual Front) en 1997, le groupe mettra près de dix longues années pour se constituer un line up de confiance et surtout trouver un félibre digne de ce nom en la personne de Marco Benevento.
Ainsi, suite à un « Days
Never End » en 2007, assez bon au demeurant malgré quelques légères baisses de rythmes par moment, les versificateurs malheureux ont remis leurs habits de ténèbres et déversent de nouveau leurs flots lacrymaux sur cette terre infectée.
Les corbeaux s'en sont allés vers de lointains horizons, là où le soleil s'est désintégré en un amas de particules obscures. La place étant vacante, les vautours sont apparus et déploient leurs ailes fantomatiques sur cette nuit glaciale où au loin une voix se fait timidement entendre. Une douce caresse pénétrant inlassablement votre crâne, se dispersant dans votre corps tel une calamiteuse ciguë.
Oionos... ou la kyrielle macabre, dont les contours dessinent une vie misérable, fait dignement son apparition en 2010.
Comme vous pouvez vous en doutez ici point de surenchère accélératrice, le down tempo règne sans partage. La lenteur monolithique de certains passages est tétanisante et laisse l'auditeur sali. On en arriverait presque à se dégoûter de soi même, de sa vie, du monde. Les onze complaintes de cette terrible offrande résonnent comme des lamentos apocalyptiques. La voix de Marco, grave, ronde et toute en retenue, confine tout ce petit monde dans une maestria orgasmique. Soutenue par des guitares aux mélodies lancinantes et une rythmique lourde propre au style, le chanteur souffle le froid et ouvre les portes de sa somptueuse bâtisse.
Mais qu'on se le dise,
The Foreshadowing n'a rien inventé et n'est pas original pour un sou. Les touches de piano sur certains titres ou les consonances quasi-religieuses au début de «
Lost Humanity » ont déjà été maintes fois revues. Mais le fait est que le plaisir est coupable lorsqu'il est intelligemment exécuté. De plus, cette réserve affichée agace par moment. On aurait aimé voir les musiciens sortir de leurs gonds, crachant ainsi leur mépris à la face du monde dans une impétuosité cinoque.
Quoiqu'il en soit, confortablement installé dans son nouvel écrin de soie,
The Foreshadowing tisse des pièces classieuses et déprimées empreintes de dysphorie. La transcendance n'est certes pas au rendez vous, mais la maîtrise y est. Tantôt mystique, tantôt liturgique, le voyage est douloureux, le silence est morbide. Amateurs de formations telles que
Katatonia ou encore
Novembre ce voyage au milieu de ces hypogées cyclopéennes attise une curiosité malsaine. Si jamais au détour d'un cénotaphe votre sobriquet y est inscrit en lettre de sang, je n'aurai qu'une chose à dire : repose en paix mon ami !!
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