Liste des groupes Dark Ambient Archon Satani Of Gospels Lost and Forsaken

Heureuse initiative des musiciens de Archon Satani et de Cold Meat Industry, que cette sortie d’un double digipack sobre regroupant titres perdus (Lost), et titres abandonnés (Forsaken, pour ceux qui sèchent leur cours d’anglais) qui dorénavant ne le sont plus.
Mais d’abord, Archon Satani, c’est quoi ? C’est un groupe dark ambiant ritualiste à fortes consonances sataniques. Ici, il n’y a pas d’entourloupes, l’auditeur sait à quoi s’attendre de cette pièce.

Dark ambiant à la frontière du minimaliste, Archon Satani propose des titres incantatoires à bases de voix monolithiques et sombres se mariant à des souffles macabres. Ponctuée de pulsations rituelles se rapprochant de l’indus, la musique de Archon Satani fait le même effet que d’entrer dans un sanctuaire interdit, lieu de toutes peurs et pulsions où plane l’aura d’une déliquescence discrète. Musique d’une tonalité très fin du monde, ces disques jouent plus sur l’imagination et la suggestion de l’auditeur que sur son ressenti direct.
Si, ici, l’incarnation de la peur se fait très minimale, elle n’en est pas moins efficace. Une simple respiration, légèrement délétère, semblable à une psalmodie venteuse donne naissance à une atmosphère lugubre et entêtante. Car, ne vous y trompez pas, si d’apparence première les titres se ressemblent tous plus ou moins, ce qui est un fait inhérent à tout combo de dark ambiant, la profondeur intrinsèque des morceaux les rend tous singuliers. Aussi simple que profondément casse-gueule, la démarche de Archon Satani est originale, outre son approche rituelle de l’humanité, car ce qui en ressort le plus, n’est pas vraiment sa misanthropie, mais la crainte fantasmée de sa perte.

Fort d’une distribution équitable des titres sur les deux disques (près de deux heures de musiques, petits canaillous), « Of Gospels Lost and Forsaken » présente un dark ambiant plus varié qu’il n’y paraît et dont son côté ritualiste perdure tout en disparaissant dans des morceaux complètement atmosphériques du plus bel effet, se rapprochant du terrifiant Coph Nia.
Le second disque en est tout aussi intéressant par la présence de morceaux sans titres (huit sur dix), des morceaux abandonné réellement par le groupe, laissant à l’auditeur la plus grande liberté d’interprétation, bien que déjà lourds de signification. D’une tonalité plus apocalyptique, ces titres (finis ?) sont globalement plus courts, mais gorgés d’une profondeur sourde et malsaine qui raviront les amateurs du genre.

Si vous avez des envies de messes noires. Si vous voulez vous confronter à une expérience de la peur autrement plus intéressante que le film du samedi soir, alors « Of Gospels Lost and Forsaken » vous sera précieux et effrayant.
À écouter dans l’obscurité, muni d’une bougie et vous aurez la nette impression de rentrer dans un tableau de Francisco de Zurbaran… Ambiance garantie (véridique) !