Heureux ! Voici le sentiment dans lequel je me trouve à l’écoute de cette réédition de l’album «
Mind of Flesh & Bones » d’
Archon Satani, terrifiant groupe de dark-ambiant/indus ayant aujourd’hui cessé toute activité. Il en fallait plus pour que les fans irréductibles du groupe se laissent abattre. Certes,
Cold Meat Industry avait sorti une belle offrande avec « Of Gospels of
Lost and
Forsaken », mais l’idée de ne pas écouter un album dans son intégralité se faisait sentir. Loué soit
Cold Spring pour la ressortie de ce disque !! Mais arrêtons les palabres voulez-vous et plongeons nous dans les catacombes ritualistes de cet album.
Il est tout d’abord surprenant que cet album n’ait rien perdu de sa superbe en plus de dix ans d’existence.
Marasme sorti d’esprits tourmentés, «
Mind of Flesh & Bones » respire d’une angoisse, d’une crainte prégnante jamais démentie. Atmosphère insidieuse, ambiance mortuaire,
Archon Satani se montre garant de sentiments voués à l’érosion du temps sentant le dessèchement et la poussière. Cependant, et c’est là toute la personnalité d’
Archon Satani, c’est cette immersion malsaine dans un mouvement venteux qui semble ressurgir de couloirs suintant martelé par un rituel interdit. Source de peur primale, le groupe suédois donne l’impression de déambuler dans les catacombes de Palerme sous les yeux vitreux et les orbites béantes des morts nous entourant acquerrant ainsi une trace presque mémorielle et d’autant plus terrifiante qu’il y a absence d’images sur le livret d’une simplicité extrême…
Et pendant, ce temps, l’auditeur navigue aux portes de sa perception, il s’imagine dans un labyrinthe, évoluant lentement à la lueur d’une bougie, croisant ombres mouvantes et créatures indicibles de la nuit, jusqu’à l’apparition fantasmagorique digne d’une peinture de Füssli ou de la période noire de
Goya. Créatures de cauchemars, délires obsessionnels, la musique d’
Archon Satani fonctionne en écho, nous mettant toujours à distance, nous voilant toujours la crainte de ce que l’on peut voir. Et pourtant, même si cet album se fait moins minimaliste, il aspire à un rapprochement sensitif tout aussi semblable en variant chaque vibration à différentes amplitudes.
Léger ou fort, silence ou bruit, souffle ou bourrasque, lueur vacillante ou ténèbres,
Archon Satani met nos sens en en exergue en les faisant fonctionner de l’intérieur de notre être, un voyage intrinsèque et initiatique dans un couloir … Interminable et si étroit…
Inutile de renchérir, «
Mind of Flesh & Bones » est un album d’une obscurité épaisse qui ne laisse que la peur à laquelle on se confronte. Et quand vous entendrez une plainte rituelle à la frontière de la réalité et du rêve/cauchemar retentir, nul doute que votre perception de l’environnement ne sera plus la même.
Une perle du dark-ambiant, sobre, irréelle et claustrophobe
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