Vous l'avez sans doute remarqué, mais de plus en plus de groupes se présentent désormais sous forme d'un effectif réduit, et on voit depuis quelques temps pulluler les power duos majoritairement guitare-batterie là où il y a encore quelques années ce n'était pas fréquent dans le metal, et plutôt l'apanage du rock alternatif (les White Stripes étant probablement les plus connus, mais on pourrait en citer maints autres dont les excellents « The Like Young » et «
Blood Red Shoes », ou d'autres comme «
The Black Keys »...
En metal, on a bien sùr les quelques combos de black metal comme
Inquisition ou Bölzer, mais c'est tout de même dans la scène alternative stoner sludge, doom et assimilé que le mouvement est probablement le plus marqué, avec des combos comme
Eagle Twin,
Black Cobra et donc
Mantar, même si rendons à César ce qui leur appartient, c'est bien le couple Amber
Valentine-Edgard Livegood chez
Jucifer qui les premiers se sont présentés dans cette configuration dans le style et ce dés leur premier album en 1999, déjà. On citera également Om parmi les anciens du genre, même s'ils évoluent désormais sous forme d'un trio...
L'exercice présente la particularité de vraiment mettre en avant la notion de riff qui devient même souvent assez exclusif, favorise les relations de groupe et diminue les risques de tensions et de guerres des ego, et a également un certain intérêt financier qui joue probablement un rôle qu'on ne surestimera pas mais qui existe toutefois.
Mantar est un duo hambourgeois que l'on pourrait considérer comme le pendant allemand de
Black Cobra, formé bien plus récemment mais dont l'ascension est assez rapide, puisque il a suffit d'un premier album sorti chez
Svart records pour que le suivant, cet «
Ode to the Flame » voit le jour chez l'armada
Nuclear Blast, excusez du peu !
Si pour certains groupes, rejoindre les grosses écuries, coïncident avec une baisse de qualité ou de niveau, nos allemands arrivent à en retirer les avantages, sans se coltiner les inconvénients. Ainsi, la production gagne en puissance brut et en profondeur par rapport au premier album, ce qui permet de mieux mettre en valeur le coté sombre, cradingue et déglingué des compositions...
En revanche, en terme de composition, le groupe arrive à persister dans son petit bonhomme de chemin je-m'en-foutiste des codes et à tailler dans le gras des styles extrème, qui du gros sludge qui tâche, qui du doom plus sombre que la cave où sont fabriquées tes nike, qui du black strident, qui du punk à chien bien nihiliste pour en faire leur mixture.
Globalement, on peut dire que les allemands sont parti pour faire du bruit, au sens propre du terme notamment. Ainsi, des titres heavy comme «
Cross the
Cross » sorte de stoner puissant dominé par le growl sauvage de son chanteur-guitariste Hanno, le blackisant «
Carnal rising », le thrashisant « Praise the Plague », ou surtout « Era
Borealis », un hymne en soi au refrain prenant « This is Era
Borealis, This is Death über alles » parfait pour être repris par des milliers de gorges, en mode punk rock dégueulis, sont empli d'une puissance au dessus de la norme tout en dégageant chacun une identité réelle, ce qu'on peut parfois reprocher à
Eagle Twin ou
Black Cobra.
Mais le groupe peut aussi faire avec un peu plus de nuances, à l'image de l'ogive «
Born Reversed » dont le thème de base est un pur riff stoner du meilleur acabit sur lequel les allemands saupoudrent une bonne dose de brutalité sludgesque. Le plus doom « The
Hint » et son refrain tragique s'impose également plus insidieusement comme un moment marquant.
Un des bons points également de l'album est son absence totale de moments faibles (à l'exception peut-être d'un « OZ » un poil moins bon et «
Sundowning » qui combine moments-clefs et passages insipides sans véritable fil conducteur). La fin de l'album est d'ailleurs marqué par des titres plus osés et moins immédiats mais qui demeurent intéressants, à l'image du post-black « I
Omen » ou d'un « Schwanenstein » assez ambiant.
Globalement,
Mantar n'est clairement pas ce groupe fait pour la majorité. Il sera probablement jugé pas assez sexy, trop artisanal, pas assez complexe par certains, trop par les autres, trop violent ou pas assez. Il n’empêche, si vous aimez prendre votre café du matin avec du
Neurosis, enchaîner sur du
Kyuss en allant au turbin, un petit Corrosion of Conformity sur la pause de midi, les sheriffs pour les soirées, et du
Anaal Nathrakh ou du
Suffocation pour le jogging, on voit mal comment la mixture personnelle, peu digeste pour le profane mais qui résonnera comme un poing américain dans le cerveau des autres, pourrait ne pas vous plaire...
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