La notion de
Metal Expérimental est un fourre-tout conséquent dans lequel on range sans trop forcer tout ce qui semble sortir de l’ordinaire. On y trouve des compositions alambiquées, des rythmes extra-terrestres, des compositions débordantes d’imaginations et régulièrement des gros capharnaüms nauséeux sous prétexte que ça fait avant-gardiste. Mais l’avant-garde est une chose, mais il faut savoir lui insuffler un souffle de vie et surtout croire à 100% dans son projet pour en faire ressortir l’essence. Un peu comme Rémi Gallego, artiste à part ayant déboité beaucoup d’idées reçus des mélanges entre musique électronique et
Metal.
«
Polymorphic Code » était un véritable OVNI. Quelque chose partagé entre les rythmiques du Djent et une électronique puisant son inspiration aussi bien dans les sons vintages que plus moderne. On rajoute par-dessus un nom à faire cauchemarder les plus scientifiques d’entrevous et «
The Algorithm » prend place dans la sphère des Metalleux les plus ouverts d’esprits (ou des plus curieux). «
Polymorphic Code » est à l’instantané ce que cet «
Octopus4 » est à la réflexion, à savoir un disque beaucoup plus dans la recherche, dans le métissage des sonorités et dans une sensation de voyage technologique. Une phrase de Rémi illustrant totalement mon ressenti après les écoutes successives : « Une course dans F-
Zero super rapide avec des lumières partout et des gens qui ont des casques avec des lasers. Quelque chose comme ca ».
L’homme ne désire pas prendre le risque de décevoir en faisant un pâle «
Polymorphic Code 2 », il préfère, à choisir, déconcerter en expérimentant davantage. On retrouve sa patte, cette syncopation du rythme, ces guitares toujours autant saturées et saccadées, mais pas que. Pour tout vous dire, les guitares seront bien plus en retrait ici, faisant corps avec l’aura électronique plutôt que de la dominer comme cela avait pu être le cas. Ainsi, on se lance très tranquillement avec « AutoRun », dont le démarrage se fait tout en longueur, prenant le temps d’agrémenter les ambiances, de les titiller avec différents éléments. Des percussions, une guitare qui s’élève doucement, tout transitent avec une insolente facilité, nous accueillant même parfois dans des contrées très proches du Post-Rock. Mais c’est difficile. Il n’y a que très peu de liants entre les morceaux, chacun développant une nouvelle aura qui lui est propre.
De curiosités en légèretés, « Discovery » démarre en claquement de doigt et bonne vieille sonorités funky tout en gardant quelques impacts de guitares (et d’un jeu de batterie ahurissant de la part de Mike Malyan) pour alourdir l’ambiance, créant un objet dansant et résolument puissant, avec une patte atmosphérique judicieusement ancrée dans le mélange. Et pour les fans de sonorités vintage, « MOS » propose un court intermède vidéoludique excellent, rappelant de vieilles parties sur nos 8bits favorites. Dans un autre registre, « Loading » appose des pattes ambiantes et entrainantes, me rappelant à mes parties de « Quake », dans cette volonté d’opposer rythmique agressive et rapide et d’autres sonorités bien plus lentes et angoissantes. On retrouve également un « Recovery Fail » pouvant s’incorporer dans ses pays-là, Drum’n’Bass majoritairement, mais aux transitions rapides mettant en avant encore une fois des percussions lourdes et techniques.
L’album recèle de trésors en tous genres, donnant une patte encore plus personnelle à ce projet. « Will_Smith » et sa techno rapide (me rappelant ces lives destructeurs des Bloody Beetrots), un peu tribal et riche en bruitages changeants témoignent de la volonté du musicien de s’amuser à brouiller les pistes.
Plus synthétique, «
Synthesiz3r » témoigne de l’avancée sonore, multipliant les changements de rythmes, rendant l’écoute complexe, rajoutant des basses sourdes et de moment fort, comme ce passage vocale empreint des DJ des boîtes à la mode, puis remplacé par un surprenant growl venu d’ailleurs, alourdissant l’ambiance de techno puissante et d’un long moment de guitare mélodique complètement extra. Autre curiosité de taille, « Un Dernier Combat » propose une ambiance peut-être un peu plus Dubstep tout en incorporant de manière intelligente un sombre monologue rap, par Niko, le frère de Rémi.
« PYTHAGORAS », moins folle, plus sombre, nous entraîne dans des instants de déstructuration Mathcore, d’éléments électroniques plus ambiancés et d’une progression judicieusement construite. Ces passages de guitares atmosphériques somptueuses et cette ambiance si particulière nous transportent avec facilité, jusque dans cette conclusion minimaliste... Dans le même état d’esprit, « Damage Points » aura beau démarrer avec une certaine légèreté, cet amas électronique ultra-saturé nous transportera en des terrains bien plus sombres, bien que le titre a tendance à se montrer un peu longuet sur le long terme, et jouant dans la continuité de «
Void », longue plage ambiante et mystérieuse, voile musical intéressant se concluant sur quelques notes plus acoustiques.
L’ «
Octopus4 »-titre final sera un joyeux résumé de deux albums de génie. Psychédélique, rapide, dans un rythme à l’apparence constamment décalée,
The Algorithm plantera d’ahurissant blast assourdissant, déconstruisant le rythme et le rendant complètement chaotique dans son développement, détruisant ses propres limites pour faire un mélange entre l’agressivité de «
Polymorphic Code » et le travail d’expérimentation de «
Octopus4 », jusqu’à finir son titre sur … une douceur un peu jazzy, trompette à l’appui, donnant à tout ça un magnifique air de film érotique M6 du dimanche soir.
«
Polymorphic Code » était une bête de puissance, «
Octopus4 » est un murissement complet du son de
The Algorithm. Beaucoup plus aéré et moins écrasant que son prédécesseur, Rémi Gallego opte pour la difficulté de revoir sa technique pour la développer davantage, le tout en réussissant avec la manière à concilier les genres pour accoucher d’un bloc qui trouve sa cohérence dans son extraordinaire variété. Addictif jusqu’au dernier code, il serait incroyablement dommage de ne pas se laisser aller juste une fois à l’écoute de cet impitoyable
Metal Binaire.
Moins chaotique que le premier album, mais toujours un peu. Puis électro, c'est réducteur, en fait, puisqu'il ne s'agit pas d'un Metal avec des touches électro, mais bien d'électro avec des touches Metal, et ça change pas mal de chose ^^
Je pense que la conclusion de l'album tient plus du petit délire de fin de production haha
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