Tenter de s'illustrer aujourd'hui dans une arène metal symphonique à chant féminin on ne peut plus foisonnante, où moult jeunes loups aux dents longues continuent de sévir, relèverait de la gageure pour une verte formation. C'est pourtant ce redoutable défi qu'a souhaité relever tambour battant ce quintet helvétique natif de Zürich, non sans armes pour asseoir sa défense, loin s'en faut !
Conscient des risques courus à se lancer tête baissée dans la course, le combo s'est précisément laissé le temps nécessaire au peaufinage de sa production d'ensemble comme de ses compositions. Aussi, aux fins d'un méticuleux travail en studio, le groupe ne sortira son premier single, «
Mother of Dragons », que trois ans suite à sa sortie de terre, en 2021. Ce faisant, les événements iront en s'accélérant pour nos acolytes, ces derniers nous en octroyant alors un second, «
Dune Messiah », un mois plus tard à peine, Enfin, un troisième effort de même acabit, «
Obsydiant », sera réalisé ; un enivrant message musical que trois mois tout au plus sépareront de leur introductif et présent EP éponyme. Cela étant, quels seraient les atouts des quatre pistes de cette auto-production pour permettre à nos gladiateurs de tenir en respect leurs si nombreux opposants ?
Plus encore, les 22 brèves minutes de ce premier élan seraient-elles à même de porter nos cinq compères parmi les sérieux espoirs de ce registre metal ?
Impulsé par le guitariste et compositeur Jarmo Kalilainen, le projet repose sur la solide expérience de chacun de ses membres. Aussi, y trouve-t-on savamment conjugués les talents de : Moritz Minder à la guitare, David à la basse, Julian Diaz derrière les fûts, sans oublier la chatoyante empreinte vocale d' Alexandra Wegmann. De cette étroite collaboration émane un propos metal mélodico-symphonique aux relents power, dont les sources d'inspiration sont à chercher dans le patrimoine compositionnel de
Nightwish (première période),
Xandria,
Amberian Dawn,
Dark Sarah et consorts. Jouissant d'une ingénierie du son de bonne facture, à commencer par un mixage équilibrant lignes de chant et instrumentation à parités égales et des finitions passées au crible, la menue rondelle autorise dès lors l'écoute d'un seul tenant de ce set de compositions. Indices révélateurs d'une sérieuse envie d'en découdre de la part de nos cinq belligérants, qui sont autant de raisons de nous inciter à les suivre dans leurs pérégrinations...
C'est sur des charbons ardents que se plaisent à nous projeter nos cinq gladiateurs, non sans de sémillantes séquences d'accords pour tenter de nous faire plier l'échine. Ce à quoi nous sensibilise, d'une part, «
Mother of Dragons », éruptif up tempo power symphonique aux riffs crochetés, à mi-chemin entre
Nightwish et
Xandria ; n'ayant de cesse de nous asséner de virulents coups de boutoir tout en glissant le long d'une radieuse rivière mélodique où se greffent les pénétrantes ondulations de la déesse, pourvu d'un seyant legato à la lead guitare, et recelant d'insoupçonnées et grisantes montées en régime de son corps orchestral, ce hit en puissance ne lâchera pas sa proie d'un iota. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage esquiver «
Red Sea », entraînant up tempo aux riffs grésillants dans la veine d'
Amberian Dawn. Recelant des couplets finement ciselés, relayés chacun d'un entêtant refrain mis en relief par les ensorcelantes modulations d'une interprète bien habitée, et essaimant de soudaines et galvanisantes accélérations, la torrentielle offrande poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée.
Quand le convoi instrumental ralentit un tantinet sa cadence, nos acolytes trouvent à nouveau, et d'un battement de cils, les clés pour nous retenir plus que de raison. Ce qu'atteste «
Dune Messiah », mid/up tempo aux riffs acérés et des plus magnétiques, dans la droite lignée d'un
Nightwish estampé «
Century Child ». Aussi se verra-t-on happé d'un battement de cils par l'infiltrant cheminement d'harmoniques que le rayonnant effort nous invite à suivre. Bénéficiant de fringantes orchestrations samplées, agrémenté d'un flamboyant solo de guitare à mi-morceau décoché, et mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, le ''tubesque'' méfait ne se quittera qu'à regret.
Et lorsqu'ils nous mènent en des espaces ouatés, nos compères nous livrent par là même leurs mots bleus les plus sensibles, avec pour effet de déclencher la petite larme au coin de l'oeil. Ce qu'illustre «
Obsydiant », power ballade progressive aux riffs émoussés, ''nightwishienne'' en l'âme ; enorgueilli de deux poignants soli de guitare, greffé sur une mélodicité toute de fines nuances cousue et recelant un refrain immersif à souhait encensé par les troublantes impulsions de la maîtresse de cérémonie, se chargeant davantage en émotion au fil de sa progression, l'instant privilégié ne saurait être éludé par le féru de moments intimistes.
Résultat des courses : à la lumière d'une œuvre à le fois solaire, épique et sensible, se savourant à chaque fois davantage au fil des écoutes, d'aucuns pourront se surprendre à un réenclenchement quasi automatique de la touche play de leur lecteur dès la chute finale de la menue rondelle amorcée. Un propos, certes, avenant et bénéficiant d'une production d'ensemble plutôt soignée, mais demeurant classique dans son concept comme dans ses riffs, offrant peu de variété en matière d'exercices de style et peinant à s'affranchir de l'empreinte de leurs maîtres inspirateurs,
Nightwish en tête de cortège ; de persistantes carences qu'un sens aigü de la fine et efficace mélodicité et une technicité instrumentale et vocale déjà bien huilée pourront partiellement compenser. A l'aune d'un propos ne manquant ni d'allant ni de panache, le quintet helvétique aurait dès lors une belle carte à jouer pour venir grossir les rangs des sérieux espoirs de cet environnement metal. Wait and see...
Note : 15,5/20
Merci pour cette bonne chronique. Un groupe prometteur, du symphonique puissant ,rapide.
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