«C'est la racine de l'ancienne parole de ce lieu nommé Quiché. Ici nous écrirons, nous installerons l'antique parole, l'origine, le commencement de tout ce qui a été fait dans la nation quiché, pays du peuple quiché.» Extrait du Popol Vuh.
Souvenez-vous. Leur premier album
Divinity était sorti il y a 2 ans et laissait présager un avenir radieux au groupe.
Divinity avait apporté une dose de fraicheur au genre qui (selon moi) commençait plus ou moins à manquer d’originalité et dont les formations les plus connues manquaient terriblement d’inspiration. Le CD a été bien accueilli par les critiques ce qui permit à
Noctem de tourner un peu partout en Europe.
Noctem nous revient cette année avec son second album intitulé
Oblivion qui lui aussi comme son prédécesseur devrait faire parler de lui. Le premier single
Invictus posté sur leur Myspace avait de quoi ravir les fans du groupe qui on put voir que les espagnols n’avait pas changé et que ses membres étaient restés fidèles à leur musique depuis leur absence. Ayant un look plutôt lié au black métal,
Noctem reste toujours dans un black death relativement violent sans laisser de côté l’émotion de la musique qui était moins présente sur
Divinity.
Concentrons-nous plus précisément sur l’album et en particulier sur l’artwork du CD que je trouve très réussi et plus beau que celle de
Divinity. Sur celle-ci on peut y voir un serpent et des ailes d’oiseaux, le tout apparemment empalé dans des aiguilles sur un motif religieux qui m’est tout à fait inconnu (certainement un rituel d’une religion ancienne). Une cité antique fait office d’arrière plan. Est-ce que cet album est de nouveau un récit sur une quelconque civilisation disparue ? Car si quelque chose inspire bien le groupe c’est ce genre de thème. Sur
Divinity, les espagnols nous avaient conté l’histoire de la cité d’Atlantis. Etant intrigué par la pochette et le concept de cet album (notament par l’orthographe de certains morceaux), il est évident qu’une fois de plus
Noctem s’inspire d’une civilisation disparue et plus précisément de la civilisation Maya. Le premier morceau Popol Vuh fait référence au livre du même du nom qui est considéré comme la bible de la civilisation Maya.
Pour les personnes n’ayant aucune connaissance sur la culture Maya, voici très brièvement, un résumé de l’histoire de ce livre trop méconnu des gens et qui pourtant révèle les fondements d’une civilisation toute entière. Il s'agit du livre de référence des mayas dont le contenu relate l'origine du monde et plus particulièrement du peuple quiché, l'une des nombreuses ethnies mayas. Le manuscrit ne fut découvert par les Européens qu'au début du XVIIIe siècle. Pour plus d’information je vous conseille de faire des recherches vous-même car l’histoire du peuple maya est très complexe mais aussi très longue. Le titre de l’album a lui aussi été choisi méticuleusement car le terme
Oblivion est un terme anglais signifiant l’oubli. Il y a là je pense, une volonté du groupe à faire part au monde des connaissances concernant les mayas qui est un peuple qui a certainement le plus influencé l’humanité par ses prouesses techniques et scientifiques que l’on utilise encore de nos jours surtout en astronomie. Le groupe veut certainement montrer qu’il ne faut pas renier le passé car il est à l’origine de ce que nous sommes. Mais tout ceci reste des suppositions et mon point de vue personnel, je pourrais comprendre que certaines personnes ne soient pas d’accord avec ce que j’avance. Maintenant analysons plus en détails cet album.
L’inspiration d’ancienne culture n’est pas seulement présente dans les textes mais aussi dans la musique en elle-même. Les morceaux Popol Vuh et Q'uma'rka'aa'j sont deux pistes instrumentales avec des airs pouvant rappeler la musique orientale et ancienne liée au peuple maya. Sur le dernier morceau
Oblivion qui est très convainquant et assez long (un peu plus de 13 minutes), on peut remarquer que la piste s’arrête brutalement pour laisser place à un bruit étrange qui va durer plusieurs minutes qui va seulement être plus fort et moins fort à certains moments (on dirait avoir à faire à un rituel religieux assez intriguant) pour retomber dans un déferlement de violence dont
Noctem nous a habitué. Les riffs de guitares ont tendance à réutiliser ces caractéristiques. Le petit bémol qu’on peut ajouter à cet ensemble c’est qu’à la longue, on comprend comment fonctionne la musique de
Noctem et que certains morceaux finissent par manquer d’originalité et donne l’impression de déjà vu. Mais même si cela devient un peu gênant il est à constater que la musique est d’une technicité incroyable et qu’elle dure sur tous les morceaux de l’album.
Noctem peut perdre en originalité, ce n’est pas pour autant que les membres du groupe n’ont plus rien en réserve. Les grosses claques de cet opus sont certainement les morceaux Unredemption et
Invictus. Unredemption est un morceau qui sort du lot car celui-ci contient des claviers qui contribuent à créer une ambiance mélancolique et pour la première fois triste (chose plutôt rare chez
Noctem). Un très grand moment de l’album.
Invictus est quant à lui un titre plus direct et plus brutal qu’Unredemption. La chanson a été postée sur le Myspace du groupe avant la sortie de l’album et représente bien la musique de
Noctem que l’on aime.
Invictus en latin signifie invaincu et peut faire référence au célèbre poème d’ William Henley qui disait lui-même que ce poème était une démonstration de résistance.
Voici la traduction du poème :
Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,
Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,
En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,
Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.
Si ce poème est une démonstration de résistance, on peut donc faire un lien entre la résistance physique et les rituels maya. Car si une chose était importante chez les mayas c’était l’obsession du sang. Pour les Mayas, le sacrifice sanglant était nécessaire à la survie des dieux et des humains. Un des rituels maya était d’utiliser des aiguillons pour sacrifier des animaux comme on peut le voir sur la pochette.
Oblivion est un très bon album qui confirme les progrès du groupe. Après
Divinity,
Noctem s’est doté d’une nouvelle arme qui va lui permette une plus grande reconnaissance parmi les autres groupes de Black death. Ce second obus n’est pas seulement un objet musical. C’est aussi un objet culturel permettant à quiconque de mieux connaître le passé de l’humanité.
Noctem n’est pas le seul groupe à avoir abordé le sujet de la civilisation maya.
Melechesh avec son dernier album The Epigenesis a tenté le coup mais le résultat est moins convaincant que celui de
Noctem. On peut noter une certaine ressemblance entre les riffs de
Noctem et de
Melechesh. Pour conclure je trouve que cet album mérite un 17/20 car comme son prédécesseur,
Oblivion est un album original, varié et différent des groupes du genre.
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