Du groupe canadien qui a enfanté le terrible
None Shall Defy restent aux commandes la paire de guitaristes Steve Terror / Kenny Hallman et le hurleur Chris Bailey. Ce n'est nulle part ailleurs que chez HRRecords, label spécialisé dans la réédition d'albums et la renaissance de groupes de tradition que le gang canadien a trouvé refuge. On avait laissé Infernäl Mäjesty avec le méchant One Who Points Of Death, qui flirtait avec un thrash/death de bonhomme, bien rude sous les aisselles et brutal à souhait. Treize ans après,
No God est bien décidé à montrer que le méchant bâtard de
Slayer (comme il était parfois perçu en 1987) est bien vivant. Produit par le groupe localement,
No God est affublé d'une pochette qui ne fera guère date.
D'entrée, l'auditeur remarquera instantanément un son plutôt propre, mais manquant un peu d'abrasivité et de mordant. Il notera aussi des attaques de guitares précises, parfois plutôt recherchées, typiquement thrash (
Slayer rôde toujours à de nombreuses reprises) et de nombreuses mélodies malsaines. Infernäl Mäjesty s'appuie sur des riffs et des arpèges insidieuses donnant une vraie personnalité aux morceaux (on est loin de certains groupes de revival qui se contentent d'assembler des riffs sans relief). Ainsi "Signs Of
Evil", un hit en puissance, "
Nation of
Assassins" ou "
Another Day in Hell" donnent le change et font diablement plaisir. D'une durée d'en moyenne six minutes, les onze titres bénéficient également de chouettes soli (les bougres n'ont pas perdu le doigté, témoin le final de "
Another Day in Hell", par exemple) et d'une construction plus que plaisante. Toute la différence entre vraies chansons prenantes et simples morceaux à l'assemblage mécanique. On reconnaîtra ainsi aisément le gang qui produisit en son temps
None Shall Defy (refrains réussis et accrocheurs, pincements de cordes caractéristiques), même si le temps a fait son oeuvre.
Cependant, en voulant allonger un peu ses titres, et sans doute ayant conscience que treize ans après son dernier album (sans inclure la compilation
Nigrescent Years of Chaos et le maxi
House of War sortis en 2016 ou le EP
Demon God de 2007) il convenait de fournir un disque plein, les Canadiens perdent un gros poil de rugosité et d'immédiateté. Ceci est contrebalancé par un côté parfois plus groovy (la basse se taille parfois la part du lion, quelques riffs chaloupés) quelque soit le compositeur (Terror et Hallman se partagent le boulot de manière égale). Le thrasher saura s'adapter à cette nouvelle livraison, car le propos reste foncièrement fidèle au thrash traditionnel qu'on est en droit d'attendre d'un tel groupe (le très réussi "
Nation of
Assassins" et son solo magique, l'inspiré et brutal "Systematical Extermination" ou l'entêtant final "
Extinction Level Event").
Pas forcément énervé toutefois (le grain de Bailey reste plus rauque que réellement agressif), en tous cas moins qu'avant, Infernäl Mäjesty ne déçoit guère, mais ne fera sans doute pas le carton plein du fait de quelques passages légèrement superflus (amputer chaque titre d'une bonne minute n'aurait guère fait de mal sans compter l'inutile instrumental acoustique "False Flag") et de fait, d'une durée excessive (on dépasse l'heure d'écoute).
No God reste un bon album de nos attachants thrashers, avec toujours une coloration bien spécifique qui fait plaisir à entendre, toutefois moins brutal que One Who Points of Death. Privilégiant un tempo globalement plutôt raisonnable, même si les accélérations sont nombreuses, le gang a souhaité privilégier ici la construction des titres à l'urgence et l'agressivité juvénile. Solide,
No God rappelle au bon souvenir des thrashers que le Canada conserve bien ses petits protégés, sans décevoir aucunement, même si les adeptes de plus d'agressivité préféreront se rabattre sur le méconnu One Who Points Of Death pour se défouler.
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