Niralet

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15/20
Nom du groupe Megaton Sword
Nom de l'album Niralet
Type EP
Date de parution 08 Novembre 2019
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 Vulva of the Nightfall
 04:28
2.
 Pristine War
 04:37
3.
 Born beneath the Sword
 05:01
4.
 For Glory
 04:53
5.
 Realms to Conquer
 06:35

Durée totale : 25:34

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Megaton Sword


Chronique @ Hibernatus

06 Décembre 2019

Sans défaillir d'extase, le vieux briscard du Heavy pourra tendre une oreille intéressée

Avec ce premier EP, le jeune groupe suisse Megaton Sword est bien placé dans le concours de l'artwork le plus esthétique de l'année. Cette magnifique arête montagneuse est certes improbable sur un plan géomorphologique, mais après-tout, que peuvent bien connaître des Helvètes à la montagne ? Si l'on en croit le grand voyageur de l'Antiquité qu'est Obélix, « la Suisse, c'est plat ». Il est vrai que les membres du groupe affirment venir d'un univers parallèle, un autre espace-temps : la fabuleuse contrée de Niralet où rivières et océans charrient de la bière. Nul doute qu'en un tel monde, une monumentale crête montagneuse puisse séparer deux plaines aussi abruptement.

Groupe fondé en 2018, première sortie en 2019, des musiciens officiant sous pseudo : le chroniqueur n'a pas grand chose à se mettre sous la dent pour étoffer un background, sans doute peu conséquent vue la jeunesse des musiciens. Surtout que je n'ai pas réussi à savoir ce qu'ils ont bien pu faire dans leur Niralet natal.

Les Suisso-Aliens officient dans un heavy lourdingue early Manowar-like, avec un poil de Candlemass ; on ajoutera une cuillerée des premiers Ozzy Osbourne plus un soupçon d'Accept et on aura une image globale de ce à quoi on peut s'attendre. Oh, enfin, enlevez les immenses virtuoses de ces formations de référence ; ne cherchez pas de Randy Rhoads ou de Ross the Boss, les soli de guitare sont courts et assez convenus, plus là pour soutenir l'ambiance que pour faire une démonstration de virtuosité. Dans l'ensemble, c'est du déjà-vu, des riffs déjà entendus ou tout au moins sans grande surprise : on est dans un Heavy puissant fermement ancré dans les années 80.

On aurait pourtant tort de reléguer la musique de Megaton Sword au niveau du simple rabâchage. Sans défaillir d'extase, le vieux briscard du Heavy pourra tendre une oreille intéressée. Les Niraleto-Suisses ont en effet quelques atouts dans leur manche et savent les exploiter avec talent.

Ainsi, le travail rythmique est remarquablement dense et efficace. On est campé sur le mid tempo, vif et fluide sur Pristine War et For Glory, plus sage et varié sur Born beneath the Sword, plus lent et Doom sur l'épique Realms to Conquer, aussi plombé qu'agressif et déchiré sur Vulva of the Nightfall. Le batteur Dan Thundersteel martèle ses fûts avec un enthousiasme inspiré, et si la basse de Simon the Sorcerer n'est que rarement mise en avant (comme, parfois, sur Realms to Conquer), elle participe à fond au tabassage en règle. Et autant le jeu de Chris the Axe est un peu léger en solo, autant il est tout simplement parfait en rythmique.

Second atout, le chanteur, dont on appréciera les lignes vocales remarquablement agencées et la puissance bien maîtrisée. Quant au timbre, heu... ce n'est pas pour rien qu'il se fait appeler Uzzy Unchained ! La voix si caractéristique du Madman vient immédiatement à l'esprit, jusque dans ses accents plaintifs (Pristine War, Born beneath the Sword, Realms to Conquer). Variée, néanmoins : il sait passer avec aisance de l'épique à l'agressif, du sauvage au grotesque (le break de Born beneath the Sword) et au déclamatoire (le récitatif de Realms to Conquer) et contribue avec force à la personnalité de Megaton Sword. Évidemment, quand Sharon Osbourne va entendre ça, je gage qu'une armée d'avocats va débarquer à Zurich pour extorquer leur dernier centime au quatuor suisse : bah, ils pourront toujours se réfugier en Niralet, il ne doit pas y avoir de convention d'extradition.

Le dernier atout, justement, c'est le monde imaginaire développé par le groupe : chaque chanson de « Niralet » est un tableau qui évoque des événements et des contrées de cet univers parallèle. Forts de cette inspiration, les lyrics d'Uzzy Unchained valent souvent leur pesant de cacahuètes.

Ce n'est pas toujours le cas : For Glory, par exemple, est une resucée de massacre héroïque bien gore, « My sword stand tall and when you kneel, I strike, godlike... », bon, même s'il faut avouer que ça reste jouissif quand on est énervé, ça ne brille pas par l'originalité. On appréciera déjà plus le déroulé chargé d'émotion d'une sanglante bataille perdue d'avance et finalement victorieuse (Pristine War). Sur Realms to Conquer, la haletante vengeance d'un roi déchu revenu d'entre les morts est un bien beau morceau, servi par une composition de qualité, pas d'une folle originalité, mais efficace et sans faiblesse.

Avec Born beneath the Sword, on aborde une autre facette du groupe : un humour potache teinté de dérision. L'épée dont il est question n'est autre que la majestueuse chaîne de montagnes illustrée par l'artwork. Cet hymne à Niralet affiche des accents d'épopée que relativisent des paroles à la gloire de la picole : « Life is beer and only beer can grant us wisdom » ; et le burlesque appel au génocide des poissons qui conchient la bière est à mourir de rire. On termine en beauté avec l'excellent opener lourd et tendu, Vulva of the Nightfall (déjà, le titre...). Sur un riff écrasant propre à faire bouillir de rage un berserker viennent fleurir des lyrics aimablement incongrus et déjantés : « They don't slay with phallic sword. Nay they kill, oh they kill, they kill with dicks of steel »... Oh my god, Nanowar of Steel rencontre Piledriver ! Après avoir énervé Sharon, les petits Suisses vont nous fiche en boule Tipper Gore : il serait pourtant dommage de déparer une aussi belle pochette avec le sticker « Parental Advisory ».

Cette inspiration héroïque tempérée par un humour graveleux et truculent est ma foi bien plaisante. Armé de musiciens solides et d'un excellent chanteur, Megaton Sword est le type même du jeune groupe qu'on aime à découvrir en festival. Ils promettent de travailler dur pour produire un full length en 2020. S'ils tiennent leur engagement, approfondissant leur art tout en conservant les points forts de ce « Niralet », ce pourrait bien être une bonne surprise de l'année prochaine.

3 Commentaires

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Sperma_frost - 06 Décembre 2019:

Salut JL, il me semble que tu avais déjà posté des extraits sur le fofo. Sur le coup j'ai été un peu surpris, surtout par le chant assez atypique je trouve. Au final, ce qu'on retient le plus de cet effort, c'est précisément le chant plutôt original qui se démarque du reste moins marquant, plus convenu. Je vais me pencher plus attentivement sur cet ep afin de me faire une idée définitive ! ;-)

JeanEdernDesecrator - 07 Décembre 2019:

Le style du groupe n'est pas trop ma tasse de thé, mais ta chronique est très agréable à lire, bien relevée comme il faut. Et cette pochette est si chouette...

Y_RPLEUT - 29 Mars 2020:

A voir, ta chro éveille ma curiosité pour aller voir ce qui se passe en Niralet

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