Lorsqu'une formation s'aperçoit que le chemin qu'elle emprunte mène à de nombreuses impasses, un radical changement de style peut alors s'opérer. C'est le cas de
Spellblast qui, lors de ses premiers essais, choisit de se rapprocher du
Power épique de l'école allemande. Il y eut
Horns of Silence, premier essai de qualité, fortement influencé par des groupes tels que
Blind Guardian, puis,
Battlecry, dans le même style, à la production plus faible, mais se voulant plus direct. Les deux oeuvres démontraient que la formation, bien que talentueuse, avait peu d'années devant elle avant de tomber dans la redondance. Fort heureusement, en 2014, SpellBlast revient avec
Nineteen, troisième album, et le constat est sans appel, une remise en question a bien eu lieu.
Pas une évolution, mais un changement radical vers un style plus frais, plus accessible, et exploité avec maestria.
"
Banished" ouvre l'album avec une atmosphère semblable aux anciennes oeuvres. Mais le tout semble plus direct, plus catchy, avec un travail remarquable sur les riffs d'une simplicité redoutable. Kaste, au chant, montre un timbre radicalement différent de celui de Jonhatan, à la voix bardique. Le bonhomme possède une voix (très) légèrement rauque pour insuffler un maximum de dynamisme à la musique.
"Shattered Mind", par exemple, est un parfait cocktail entre riffs saccadés, rythmique headbangante, orchestrations tranchantes, et lignes de chants d'une grande efficacité. Le pont orchestral est une petite merveille de puissance, tandis que Kaste semble vivre pleinement sa musique, la ponctuant de "han" et de "ow".
Dans ce nouveau style, direct, fougueux et homogène, on aperçoit très clairement l'influence de
Mob Rules dans les refrains, d'une efficace simplicité, ou les riffs plus directs que jamais (
Eyes In
The Void).
Kamelot n'est parfois pas loin non plus, notamment dans les orchestrations, pleines de majesté, et n'engloutissant jamais l'espace sonore. "Into
Demon's
Nest", pour ne citer que lui, reprend l'ambiance chevaleresque du
Power à l'ancienne, en y ajoutant du punch, de la maturité, de la puissance et toujours ce chant qui prend aux tripes dès les premières secondes du refrain.
Spellblast, dans cet album, fait preuve d'un naturel et d'une aisance très plaisante, n'hésitant pas à varier ses ambiances tout en gardant à l'esprit ses objectifs : énergie et simplicité. Ainsi, refrains aériens, riffs savoureux et breaks de batterie orgasmiques (A World
That Has Moved On) coopèrent pour construire une pièce d'orfèvre s'écoutant d'une traite. D'ailleurs, pour que la pilule passe encore mieux,
Spellblast se propose d'évoquer des ambiances presque country. "The Reaping", par exemple, au superbe riff et au fabuleux refrain, incorpore un pont où la guitare entraînante se mêle au son d'une cloche lointaine. Le tout est très frais et donne à l'auditeur une pèche d'enfer ! De même, les rythmiques galopantes de "
We Ride" ou de "
Blind Rage" insufflent une superbe énergie et une ambiance vraiment unique. Certains interludes ou ballades (Until
The End) évoquent également avec force cette atmosphère. Ainsi, la formation combine simplicité, énergie et originalité, tant le filon "Country
Metal" est assez peu exploité dans le
Power.
Le groupe nous achèvera sur un "The Calling" dévastateur. Une guitare sèche nous pond encore une fois un riff country coloré. Kaste, légèrement mélancolique, monte vite en puissance avant une partie orchestrale gracieuse et majestueuse. Un break de batterie amortit un couplet plus simple et épique que jamais. Encore une fois, le chant fait mouche dès la première mesure, tandis que le refrain est une merveille de dynamisme, d'optimisme, et d'efficacité, et encore ce "Ow !!" à la fin qui achève de nous mettre à genoux...
Nineteen fait partie de ces remarquables innovations qui récompensent les heures acharnées de recherches pour dégoter les groupes de
Power apportant de la fraîcheur. Direct, accrocheur, dynamique, frais, lumineux, les superlatifs se succèdent pour décrire ce chef-d'oeuvre d'efficacité que nous livre
Spellblast. Bourré de tubes, ce troisième essai se consomme sans modération, sur la route des vacances, ou lors d'un long voyage en train. Bien sûr, pas de révolution à l'écoute de ce
Nineteen, mais un travail impeccable de composition et de fougue pour un album sans prise de tête... parfois, ça fait du bien.
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