Nineteen

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
pas de note
Nom du groupe Philip Lynott
Nom de l'album Nineteen
Type Single
Date de parution 1985
Labels Polydor
Style MusicalHeavy Rock
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1. Nineteen 05:29
2. Nineteen (Dub Mix) 05:27
3. A Night in the Life of a Blues Singer 04:56
Total playing time 15:52

Acheter cet album

 buy  41,81 €  8,49 €  £9.00  buy  buy  189,00 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Philip Lynott


Chronique @ samolice

10 Avril 2017

Pas 19 mais seulement 36

« I think drugs are there to be used ».
Phil Lynott (Hot Press, 4 mai 1984)

Tenir une promesse. Hum, pas toujours facile. Comme de promettre une chronique à des potes et ne jamais en écrire une ligne. Il vaudrait mieux parfois savoir fermer sa gueule.
Ce soir là pourtant, Phil promet. Je vais arrêter la drogue...

Excepté moi même, j’ai deux idoles, Lemmy et Phil Lynott.
Le premier m’a accompagné depuis mes débuts dans le hard rock, en 1984, jusqu’à cette foutue journée du 28 décembre 2015. Autant dire qu’il a toujours été à mes côtés. Je l’ai vu bien évidemment très souvent en live. J’ai même voulu appeler un de mes enfants Lemmy mais Madame a vu rouge, rapport à un jeu de mot foireux que l’association de ce prénom et de mon nom de famille provoque chez ceux qui ont toujours l’esprit mal placé, ce qui est le cas de la plupart de mes amis. On a les amis qu’on mérite.
Pour Phil, c’est le contraire. Il nous a quitté le 4 janvier 1986, soit très peu de temps après que j’ai découvert son existence. Putain, 36 ans seulement. J’ai depuis gardé religieusement le Hard Rock magazine de février 86, avec ce titre en couv’ : « la mort de l’ange noir ». Donc bien évidemment, je n’ai jamais assisté à un concert du bonhomme et je n’ai jamais lu d’interview de lui au fil des années. Et pourtant…
Oui, pourtant, ces deux musiciens ont eu une influence aussi importante l’un que l’autre sur ce que je suis aujourd’hui. Deux passeurs culturels vers l’univers de la musique métallique.

Si le groupe de Sir Killmister, que j’ai découvert avec le fantastique “Killed by death“, m’a tout de suite explosé le citron, il n’en va pas de même pour Phil dont le single “Nineteen“ m’a, comment dire, heuuuuuu, décontenancé. Voilà c’est le mot. En plus, son deuxième prénom, Parris, sonnait mal à mes oreilles. Parce que je suis du sud. Et dans le sud, Parris, Parris, on t’en-----. Autant pour moi, je m’égare.
J’en reviens donc à ce single. Honnêtement, à la première écoute, je n’aime pas trop. En outre, je trouve le clip méga kistch – même si je ne sais pas ce qu’est le kitsch à ce moment là, j’ai seulement 15 ans ok, merci -. Et pourtant, je sens bien que quelque chose me pousse irrémédiablement vers ce grand échalas. Déjà il est le premier black que je vois jouer du rock. J’ai déjà vaguement entendu parler d’Hendrix mais j’ignore qu’il est lui aussi de couleur de peau noire. Vous pouvez vous foutre de ma gueule. Mais à ce moment là, je viens d’avoir la télé pour la première fois et mes parents ne sont pas très rock n roll, ils ne sont pas musique tout court en fait. Ca m’interpelle. Et puis il a un charisme de dingue. Même dans un clip aussi ridiculement kitsch.
Que fait-on à 15 balais en 1985 quand on veut en savoir plus sur un zicos ? On allume pas internet, pas même le minitel, on va voir les anciens. Enfin les anciens c’est vite dit, ces derniers approchant ou entamant tout juste la trentaine. C’est qu’à 15 ans, un mec de 30 ans tu penses qu’il a eu des dinosaures dans son jardin quand il était petit.
Bref, je demande à en savoir plus : « C’est qui les gars ce tocard moustachu dans “Nineteen“ ? »
« Tu parles de Phill Lynott ???? C’est le chanteur de Thin Lizzy mec, un peu de respect ! Putain tu sors d’où toi ! »
« Ouais non ça je sais quand même - gros mensonge obligatoire sous peine de perdre direct la carte du parti -, tu me conseilles quels disques de Lizzy ? »
«Tous ! » (merci, ça m’aide).

Suite au split de Thin Lizzy, Lynott tente de rapidement remettre le couvert début 84 avec Grand Slam. Ca compose, ça répète, ça maquette, mais ça ne décole pas vraiment. Surement est-il encore trop tôt pour Phil qui a Lizzy au cœur. En novembre 84, il retrouve son compère de presque toujours Gary Moore pour l’enregistrement du single “Out in the fields”. En face B, le fabuleux pamphlet anti-guerre – y’en a qui sont pour ? –, “Military Man”, une chanson composée en partie avec Grand Slam.
Le single fracasse les charts. Polydor signe Lynott pour un album solo prévu pour 1986. La roue routournerait-elle à nouveau (Franckie Ribery, si tu nous regardes) ?

Hyperactif malgré ses dépendances, Lynott s’occupe tout azimut. Collaborations avec Huey Lewis, Junior Giscombe - étoile filante de la scène R&B british -, à l’occasion écoutez leur duo sur “The lady loves to dance”. Hélas, il a beau s’agiter comme un poisson hors de son bocal, Phil n’a plus d’air dans les poumons. Il déprime. La pochette du 45 tours de “Nineteen“ fait d’ailleurs peine à voir, les yeux de Phil entre hagarditude et déprimitude, même si, soyons honnête, il a toujours un peu eu ce regard de cocker anglais (mais ne dites jamais ça à un Irlandais). La goute de whisky qui fera déborder le verre sera son absence lors du Live Aid en juillet 85. Il s’estimera victime d’une énorme trahison de la part de Bob « pourriture » Geldof et aura du mal à se remettre de son absence à cet événement planétaire. Et dire qu’un seul des deux a été anobli par cette croute de Queen Elisabeth II.

Back to the studio, au Roundhouse de Londres, pour l’enregistrement de “Nineteen“. Ce titre sonne d’abord comme une rencontre, celle d’une star déchue du hard rock – c’est en tous les cas ce que pense Phil - avec un jeune producteur compositeur en plein boum, Paul Hardcastle, Polo ChateauDur pour les intimes. Le jeune homme, 27 ans, vient de décrocher un énorme hit mondial, 8 millions de singles vendus en 1985, avec sa chanson intitulée, je vous le donne en mille, “Nineteen“ - 19, l’âge moyen des soldats US envoyés au Vietnam -. Encore un titre anti-guerre.
Je ne vendrai pas ce titre comme la 7eme merveille du monde du rock. Pas même comme la 8eme. C’est simplement un bon morceau, à la mélodie agréable emmenée par la voix si attachante de Lynott et qui offre un solo parfaitement maitrisé de Robin George,
J’avais juste envie de rendre hommage au dernier titre paru de manière officielle de la carrière d’une légende. Le tournage du clip est un désastre. Phil a même des difficultés à jouer la rythmique à la basse en playback sans que cela sonne trop « faux » à l’écran. Stone, le monde est stone.
Un titre aux paroles d’ailleurs quasi prophétiques : “And you wanna go on and get high / Sometimes you slip away". A noter que la version 12’’ propose un titre avec un solo magnifique - normal - de Gary Moore, “A night in the life of an old blues singer“, chanson qui, selon les dires de Phil dans certains interviews, aurait été composée et enregistrée dés 74, époque ou Gary faisait parti de Lizzy et auquel n’aurait été ajouté que quelques cordes.
Le titre sort le 21 décembre 85, seulement quelques jours avant la disparition de Lynott.

Le temps d’une chanson, “Blood of Emeralds”, Gary honorera la mémoire de son ami disparu :
I was born up on the North side,
Where the Lagan River flows.
When I came across the border,
I was following my nose.
Dublin city '69,
There could have been no better place,
There was no better time.
Through the thunder and the rain,
The deepest blood of emeralds
Was running through my veins.
Blood of emeralds.

En 2005, Dublin offrira quand même à Lynott une statue en bronze grandeur nature prèt de Grafton Street, là même où gamin il aura passé des heures. La première (et la seule ?) consacrée à un musicien en Irlande. Une statue consacrée à une légende.

Phil Lynott. Un homme probablement bien difficile à vivre au quotidien, quand bien même nous aimons penser que nos idoles sont toutes des « gens biens », mais dont tous ceux qui l’ont côtoyé s’accordent pour dire qu’il avait le cœur sur la main. Ainsi, Paul Hardcastle, tombé raide dingue du jukebox de Lynott lors d’une visite a su casa, recevra quelques temps plus tard comme cadeau de mariage, un énorme paquet contenant le fameux jukebox et ce petit mot, « ‘From your brother’ ». Des potes comme ça, j’en veux bien quelques uns. Un petit coupé sport m’irait très bien les gars.

Ah au fait, si vous pensiez que Phil n’était qu’un alcolo junkie jouissant sans état d’âme de ses potions magiques, la vérité est ailleurs; il était tout à fait conscient de sa propre détresse :
« Drugs are really bad for you. They can cause you an awful lot of misery. Initially, you get some great kicks, and it does give you different perspectives, and you can find all the reasons in the world for taking them, but there's just as many reasons for not taking them. In fact, more. The reasons for not taking them obviously include addiction, they can change your personality without you knowin', so you lose control of your mind and body, and therefore you lose your dignity. And the stigma attached to taking drugs socially is bad news. A lot of people look to Keith Richards, and hold him in reverence, like a hero, but I know if Keith had his life again - he said to me - he wouldn't do them again. Sid Vicious is also held in reverence. He was just a guy fucked up on dope. It sounds like you're preachin' or condescendin', like (adopts admonitory accent) 'Don't take drugs, I've been there'. So I'm not even goin' to try. Just don't. If anybody really wants to find out about drugs, they should go to a Narcotics Anonymous meeting. »

La drogue, c’est de la merde ! Et tu ne sais pas tenir une promesse Phil. Je te déteste.

8 Commentaires

5 J'aime

Partager

tormentor - 12 Avril 2017: Putain une chronique comme ça! C'est rare. Je viens de m'apercevoir que j'ai loupé quelque chose. Je ne connaissais pas ce Phil. Je vais m'y attarder. J'suis pas très hard rock mais ta chro m'a donné envie de m'y coller.
@Greg c'est qu'il serait sensible le poto;-D
Chacal - 12 Avril 2017: Si tu avais chroniqué un album, j'aurais du poser 10 jours pour lire la chronique :)
J'ai toujours bien aimé ce titre, mais c vrai que Phil fait pitié dedans tellement il est à la ramasse ! Mais bon, Phil, on lui excuse tout, c'est tellement un bon gars ... Beau texte d'un beau gosse pour un beau titre ! Vivement la suite :)
samolice - 12 Avril 2017: Merci à tous pour vos commentaires les copains, très sympa.
A dans 6 mois pour une prochaine chro, ce qui, Chacalou, fait finalement peu de temps de lecture si tu appliques le ratio "longueur des chroniques/nombre de chros soumises par an".
vincysteria - 12 Avril 2017: Super chronique de cet artiste hors normes. J'ai pris un grand plaisir à lire ta chronique, on y ressent ta passion pour le bonhomme, merci!
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire