Nine Waves from the Shore

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16/20
Nom du groupe Celtachor
Nom de l'album Nine Waves from the Shore
Type Album
Date de parution 25 Novembre 2012
Style MusicalBlack Folklorique
Membres possèdant cet album6

Tracklist

1.
 The Landing: Amergin's Conquest
 10:10
2.
 The Battle of Tailtin
 06:14
3.
 The Kingship of Bodb Dearg
 07:54
4.
 Sorrow of the Dagda
 10:26
5.
 Tar éis an Sidhe
 06:05
6.
 Conn of the Hundred Battles
 05:16
7.
 Anann: Ermne's Daughter
 03:47

Durée totale : 49:52

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Celtachor


Chronique @ AlonewithL

11 Novembre 2013

La musique va parfois plus loin que le texte.

Connaissant l’étendue de ses légendes, l’importance de sa culture, on attend de l’Irlande à ce qu’elle soit bien représentée musicalement. En musique metal, l’île renommée pour son fort héritage celte, compte même quelques formations de forte pointure. Fier de son patrimoine traditionnel, de ses mélodies celtes, qui font partie intégrante de sa particularité, de ses atouts, il est donc naturel de retrouver une dimension folklorique dans son metal. C’est ainsi que le pays fait parler de lui et de son passé, à travers des formations comme « Cruachan », « Waylander », « Primordial » ou même encore « Mael Mordha ». Un petit nouveau serait à ajouter à la liste. Il s’agit du groupe « Celtachor », créé en 2007, à Dublin. On conviendra que chacun des groupes précédemment cités adopte un style reconnaissable entre tous. Dans le cas de « Celtachor », force est d’admettre que l’on est face à un condensé de ces géants d’Irlande, et plus précisément de « Waylander » et de « Mael Mordha ». Que l’auditeur ne prenne pas pour autant ses distances avec la musique de la bande de Steven Roche et de David Quinn. Les similitudes sont maniées d’excellente manière si on se rapporte à leur premier album sorti en autoproduction, avant même que le groupe ne soit signé chez Trollzorn Records. Le label allemand n’est pas habitué à convier des formations étrangères, sauf si elles lui paraissent suffisamment exceptionnelles. Dans son catalogue figurerait pas moins que « Stormlord » ou « Svartby » parmi les quelques non-allemands. Preuve sans doute que la mythologie irlandaise rapportée par « Nine Waves from the Shore » a dû subitement beaucoup intéresser ses oreilles.

Le produit de ces irlandais se rapporte étrangement beaucoup à la mer. Je veux dire par là que l’on entendra énormément des sons de fracas assimilables à ceux réalisés par les vagues sur les rochers bordant la côte de cette île légendaire. C’est d’ailleurs des bruits maritimes qui nous accueillent dans une très courte entame sur « The Landing : Amergin’s Conquest », avant de céder le pas aux impulsions de guitare et de batterie. Le jeu y est délibérément abrasif. Même le chant de Steven participe à l’érosion. Cette impression d’écrasement, d’oppression trouvera des alternances et de courts répits. La douceur de la flûte vient momentanément s’ajouter à ce tumulte puissant, à cette persistance, à cette rage, que l’on reconnaît aussi chez les confrères britanniques de « Winterfyleth ». Des riffs pagan chaloupés, des airs tribaux en arrière-plan, participent aussi à atténuer la grande raideur du black folk de « Celtachor ». On note aussi ce moment périlleux, où les instruments déboussolés interprètent le vertige, l’ivresse. La structure apparemment massive de l’œuvre n’a besoin que de quelques éléments pour éviter toute redondance. Mais parfois, cela ne leur échappe pas. Le long « Sorrow of the Dagda » souffrirait de quelques longueurs en seconde partie de piste, lorsque la musique se morfond tel un « Primordial ». Ce n’est plus la densité ni la violence affichées au départ, ces moments d’obsession, d’avidité enivrants.

Le point fort de « Celtachor » réside pour l’essentiel dans la puissance de ses compositions. Nous en avons un sérieux étalage. Le riffing écorché de la guitare rythmique et les coups brutaux de la batterie parviennent sans difficulté à générer un chaos dissonant très attrayant. Contre toute attente, la personne derrière les fûts n’est toutefois pas une brute irlandaise, il s’agit d’une jeune femme, qui plus est une française. Anaïs Chareyre nous livre un combat sans pitié sur le redoutable « The Battle of Tailtin », qui donne également l’occasion d’écouter un peu de bodhrán sur le break. Cette vigueur dépasserait quasiment l’entendement quand on arrive à « Anann : Ermne's Daughter ». Là, l’auditeur est bien sujet à une agression. Les coups sont redoublés d’ampleur. On observe subitement une cassure en milieu de piste, une sorte de relâchement qui permet d’embrailler sur des rythmes pagan, de plus en plus pesant, jusqu’à se redresser, accélérer de nouveau et nous broyer sous des sonorités concassées. Le passage à tabac n’est pas loin d’être identique sur le morceau qui lui précède. Seulement, les riffs tranchants passés à l’arrache auraient quelques protubérances pagan, les rendant moins durs, moins nerveux. C’est ce qui fait tout le charme de «Conn of the Hundred Battles », ouvrant quelques passages à la contemplation, voire au doom metal si on tient compte des airs trainards et ombrageux entre 04:00 et 04:40. « Celtachor » serait-elle une bête indocile ?

La bête sauvage peut se révéler gracile, si on en croit les diverses entames acoustiques qui ruissèlent le long de l’album. Cette divine promenade reflète joie et liberté sur l’entame magnifique de « The Kingship of Bodb Dearg », où on y ressent un esprit déterminé, l’espoir, qu’ont eu les irlandais durant des siècles d’occupation et de servitude. Le titre sujet à cette poésie, fera pourtant ensuite part belle aux riffs lourds et hostiles, à la rage guerrière, sans que l’agitation n’atteigne cependant celle de morceaux beaucoup plus relevés de l’album. Deux sentiments s’affrontent donc, tous deux transcendants et magiques. Ces sensations vont en revanche se retrouver totalement mêlées sur un titre entièrement acoustique cette fois. Nous ne saurons ce qui prévaut entre la froideur et l’élégance sur « Tar éis an Sidhe ». De manière paradoxale, alors qu’il n’y a pas l’ombre d’un chant haineux ou celle d’une guitare électrique, l’oppression perdurerait presque autant que sur les autres compositions. Tout n’est pourtant que tendresse et volupté, entre les airs souples de la guitare acoustique et la langueur de la flûte.

Malgré ces quelques instants d’émotion, « Celtachor » est avant tout un groupe de guerriers. Sa musique reprend la rudesse d’un « Mael Mordha » et l’esprit combattif d’un « Waylander ». Il est irlandais par essence, dans sa musique et dans ses textes. « Nine Waves from the Shore », premier opus officiel de la formation, qui a fait suite à deux réalisations démos en 2008, puis en 2010, restaure quelques fabuleux récits de la mythologie irlandaise. La musique va parfois plus loin que le texte en reproduisant un tumulte digne des combats les plus titanesques, celui de grandes épopées. Un black folk triomphant par une multitude de coups, par une volonté farouche qui a vu un jour l’île celte gagner son indépendance. Un petit remporte rarement une bataille face à un plus grand, en revanche il peut gagner sa liberté et l’admiration de ceux qui l'observent.

15/20

2 Commentaires

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seppuku - 13 Novembre 2013: Merci pour cette chronique qui donne envie d'aller faire un tour sur leur bandcamp et voir ce que ca donne. En effet, ca semble bien sympa !
Darksaucisse - 13 Novembre 2013: Merci bien pour cette excellente chronique fort alléchante ! La précédente démo "In the Halls of Our Ancient Father" déjà de relativement bonne facture, m'avait bien plus me faisant pressentir du meilleur quand à ce petit dernier en date. Et semble il je ne me suis pas trompé... reste donc plus qu'à aller poser une oreille attentive à cet album !
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