Déjà un quatrième album pour
The Howling Void, le one-man-band du texan Ryan
Wilson (notamment membre du duo de cybergrind
Intestinal Disgorge), et ce un peu moins de six ans après
Megaliths of the Abyss, son premier opus. Le bonhomme est donc plutôt prolifique, d'autant qu'il faut également compter deux EP...
Nightfall, sa nouvelle œuvre, sort sous l'égide du label russe
Solitude Productions, à l'instar des deux albums précédents.
Stylistiquement parlant,
The Howling Void officie dans un
Funeral Doom assez classique, mais bien exécuté. Les morceaux sont relativement longs, bien que sans excès à ce niveau là, et se déroulent de manière fluide sur un rythme assez lent et aux variations relativement peu marquées, bien que bel et bien présentes. Les mélodies sont globalement peu surprenantes mais efficaces, la mélancolie toute en sobriété qu'elles évoquent étant toujours appréciable pour les amateurs du genre. Autre procédé assez traditionnel, les morceaux laissent volontiers les guitares de côté pour proposer de courts mais fréquents interludes entre deux passages plus lourds permettant notamment de mettre en avant les arrangements, les titres "
God of the
Gallows" et "Voidward" étant en outre des pistes instrumentales essentiellement jouées au clavier.
En effet, et sans grande surprise ici aussi, les claviers jouent un rôle très important au sein de la personnalité du projet, et
Nightfall ne fait pas exception. Qu'il s'agisse de cordes, de chœurs ou de sonorités plus abstraites et plus étranges, les nappes de clavier se font ainsi entendre de manière quasi constante tout au long des morceaux, des notes de piano venant en outre régulièrement agrémenter l'ensemble. De même, le musicien américain utilise abondamment des sons de cloche qui viennent souvent se mêler à la batterie pour appuyer le rythme de la musique, pour un résultat assez intéressant. Car si d'un point de vue instrumental, l'album est de toute évidence très classique, il n'en manque pas pour autant d'intérêt. En effet, le travail de composition et de mise en place des arrangements effectué par le musicien américain est particulièrement soigné, et allie subtilité et sobriété. L'équilibre entre guitares et claviers est ainsi intelligemment géré, pour un résultat à la fois nuancé et cohérent, et qui s'avère des plus satisfaisant.
En outre, il faut prendre en compte les vocaux, domaine dans lequel on trouvera ce qui s'avère sans doute être la principale originalité de l'album. En effet, le growl que l'on pouvait entendre sur les autres albums de
The Howling Void, pour un résultat des plus traditionnel, a cédé sa place à un chant clair plus original et plus proche de ce qui avait notamment été expérimenté sur l'EP
Runa. Si l'absence de chant extrême n'est pas sans provoquer un certain manque, et à ce titre risque de frustrer une partie des auditeurs, il est clair que ce changement de registre est particulièrement réussi. Doux, légers et porteurs d'une pureté que l'on pourrait presque qualifier d’angélique, les vocaux ont en effet pour particularité le fait de ne pas être mis en avant par rapport aux instruments, ce qui donne à l'ensemble une fluidité particulièrement appréciable, qui met parfaitement en valeur l'aspect éthéré du chant (qui a en outre le bon goût de ne jamais vraiment sombrer dans la niaiserie, ce qui était un pari relativement difficile dans un tel registre..). Il est d'ailleurs remarquable de constater le parallèle qui s'impose entre ce dernier et les nappes de chœurs proposées par le clavier, ces deux éléments se mêlant fréquemment de manière très réussie.
L'atmosphère ainsi créée est à la fois froide et étrangement réconfortante, intimiste et majestueuse (bien que cet aspect là soit à mon sens légèrement moins présent que sur l'album précédent). Le voyage proposé par l'album mène-t-il vers le cosmos, vers des espaces naturels inexplorés ou bien vers une dimension plus spirituelle ? Difficile à dire de manière objective, bien que certains éléments (le chant et l'utilisation des cloches notamment) me pousseraient à titre personnel à pencher vers la troisième option..
Quoi qu'il en soit, si il ne révolutionne pas fondamentalement le
Funeral Doom ce nouvel album de
The Howling Void est au final très satisfaisant. Alliant un travail de composition classique mais dont la finesse est assez révélatrice de l'expérience accumulée par Ryan
Wilson dans ce domaine à une partie vocale plus originale (bien que cette originalité puisse légitimement être considérée comme assez anecdotique par certains) et personnelle,
Nightfall a clairement de quoi intéresser les amateurs du genre..
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