Avant de devenir une « super star » du cyber metal en Russie même et en Europe de l'Est,
Illidiance c'était d'abord une entité black metal, encore hésitante mais ambitieuse, désireuse de montrer tout son potentiel et son originalité, malgré quelques soucis évidents de promotion mais aussi de production. Fondé en 2005 par Xyrohn, chanteur/guitariste, il fallut peu de temps au groupe pour sortir un premier EP «
Withering Razor » suivi du premier opus «
Insane Mytheries to Demise » la même année, signé chez Magik Art Entertainment, un petit label russe. Déjà, le quintette officiait dans un style de black metal assez métissé, sans non plus trouver la combinaison gagnante. Mais ce n'est qu'en 2008 avec la sortie de «
Nexaeon » que tout changea...
Inspiré par des groupes tels que
Fear Factory,
The Kovenant, Prodigy ou encore
Dimmu Borgir,
Illidiance arrive à adopter un style bien à lui en faisant son propre cyber metal. Un cyber black glacial, apocalyptique et résolument futuriste, prenant source dans les thématiques science fiction et l'imagination débordante de ces cinq membres. Qui aurait cru que cette année, les russes allaient changer la vision du cyber, tout en faisant un gros pas en avant...
Illidiance signe chez Haarbn Productions et s'arme d'une production, certes laissant à désirer, mais donnant sans aucun doute un charme et une force supplémentaires à l'ensemble de ses compositions. davantage crues au niveau des vocaux et des riffs, mais plus puissantes en ce qui concerne les claviers.
Le groupe enrichit le tout avec des ambiances bien atypiques et un rythme mécanique, tel un rouleau compresseur. De plus, l'imagerie est totalement remise à niveau, en témoignent cette pochette électrique froide, ces costumes cyberpunk tout droit sortis de l'imagination du bassiste, et ce livret cybernétique totalement magnifique (l’œuvre se présentant dans un digibook ultra moderne). Les paroles, quant à elle, évoque le futur, l'espace, mais aussi l'annihilation d'une certaine race d'homme et la création d'une nouvelle : les demi-dieux (demigods).
L’album est assez compact, entraînant et mélodique malgré une agressivité prédominante. Tandis que la batterie mécanique enragée nous fait tourner la tête, blast et double pédale aux premières loges, le chant black bien crié et très charismatique alterne, sans pour autant dénaturer le style, avec un chant clair lamenté et presque déshumanisé. Les guitares sont assez techniques et rentre dedans, mais parviennent à des mélodies grâce à des riffs, des solos, ou un simple frottement. Quant à l’électronique, elle joue un rôle capital à l’élaboration des titres. Omniprésente, en fond sonore, ou au premier plan, variée et surtout bien appréhendée, elle apporte beaucoup d’émotion et de sensibilité à la musique. De l’harmonie à travers une musique de brute…de l’harmonie d’autant mise en valeur par des breaks atmosphériques en milieu de titre ou par des parties symphoniques plutôt sombre.
«
Bleed for
Deliverance », reflète parfaitement l’album en lui-même. Un condensé de brutalité et de mélodie, ô combien bien amenées par des guitares en furie, une batterie énervée et bien frappée, ces claviers si charismatiques lors du couplet et aux notes bien futuristes et tristes…et cette fin magistrale et inattendue, sans guitares, spatiale et symphonique.
Alors que le titre éponyme «
Nexaeon » nous livre un refrain aux guitares émotives, au mix de vocaux et aux harmonies enchanteresses, « In Thousand Gales I Dwell » et «
Countdown to
Annihilation » nous proposent un déferlement des guitares, un pur rouleau compresseur et une ambiance assez dimmu borgienne, où l’orchestre est de la partie, agrémenté de petites touches électroniques…tout ça pour bien mettre en valeur le côté apocalyptique des paroles.
La baffe glaciale se produit avec un «
Paranormal Activity » tout en atmosphères. Bien que lent, ce morceau nous embarque littéralement en plein futur, alternance de vocaux en prime, avant de terminer en apothéose avec un déluge de riffs. De même avec un «
Cold Day in
Hell » dont la puissance froide des claviers n'est plus à contester.
Neuf titres et pourtant, «
Nexaeon » est un album culte dans le domaine du cyber metal, mais aussi un album important dans la carrière d'
Illidiance, le transportant pour de bon dans cette petite sphère musicale. Voici donc une œuvre indispensable, responsable de façon positive de la montée en puissance d'un groupe ayant déjà tourné avec des formations tels que
Behemoth,
Thy Disease,
Deathstars ou encore
Rotting Christ.
D'ailleurs, le seul morceau de l'album précédent que j'ai pu écouter (Rebellion) m'a l'air mieux fait que tous ceux de Naxeon.
Par contre, le travail d'"électronisation" est magnifique.
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