Bizarre, bizarre pour le groupe Grind du moment, variante fanatique et jusqu'au-boutiste de la brutalité, de proposer un EP avec un seul long titre. Le groupe pose une ambiance très introspective et onirique, tout en clignant très fort de l'oeil vers
Godflesh pour les rythmiques et vers
Methadrone (plutôt période
Retrogression) pour les ambiances, le son et les samples, voire vers les Swans.
Venant de
Pig Destroyer, on pourrait être un peu choqué, mais ce serait faire peu de cas de l'attitude ouverte du groupe qui a toujours proposé au sein du Grind une profondeur et une originalité de bonne tenue (tout en étant affreusement bourrin). Du reste, les connections historiques entre Grindcore, Death
Metal, et le style ici pratiqué ont été suffisamment démontrées par le parcours des groupes précédements cités :
Godflesh et
Methadrone ont eux aussi été des surprises en leur temps pour les fans de leurs auteurs.
Alors en quoi consiste ce titre de rien moins que 37 minutes ? D'une longue introduction, déjà, qui fait démarrer la musique vers la cinquième minute après de longs samples de sons naturels. Puis d'une dizaine de minutes de riff lourd, très très lourd, très
Godflesh, donc, et lent, avec un chant prenant mais légèrement lointain, presque éthéré. Puis le riff se dissout en larsens insinueux. Enchaînement, arpège reposant de guitare électrique, bruits d'eau qui s'écoule, chuchotements inquiétants, et nappes de claviers qui amènent un riff de basse saturée, tirant plus vers
Methadrone. Re-larsens, final sur des samples de la mer qui vient s'écraser sur la plage, silence, et fin. Construite sur un mode narratif, la musique est en réalité une mise en forme du texte, fort bien écrit et bien representé par la pochette, qui décrit une descente aux enfers fantasmatique pour un homme qui se souvient d'une jeune fille, et qui semble-t-il finit par la retrouver. Ou pas.
Pig Destroyer démontre certes qu'ils savent faire autre chose que démastiquer à tout va. Reste que j'aurais aimé une intro un peu moins longue, et plus de contenu que les deux/trois riffs (très bons par ailleurs) qui tournent pendant le titre proprement dit. Néanmoins ce n'était probablement pas le propos du groupe de ne faire qu'un titre lent et long pour le plaisir de tenir le même riff pendant une demi-heure. Grâce à un chant bien posé, concentré, convaincu, et à un sens de la composition aigu, alternant respiration, riffs lourdingues, arpèges, samples, silence, chuchotements et effets divers, cet EP réussit à créer une ambiance qui surprendra énormément les habitués du groupe, mais qui ravira les amateurs d'expérimentation sonore. A écouter seul, dans le calme, pour une séance d'écoute qui s'approche plus d'une mise en scène quasi-théâtrale. Original, pour le moins.
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