Encore un ixième groupe de metal symphonique à chant féminin, sans doute voué comme tant de ses pairs à une disparition prématurée des tabloïds, me direz-vous, et qui, en ces temps agités par une féroce concurrence dont ce registre continue de faire l'objet, pourrait bien songer à vous donner tort ? Ce serait faire fi de l'indéfectible motivation de ce vert mais talentueux duo finlandais créé à Lappeenranta il a peine huit mois à chercher à essaimer ses riffs et à faire plus largement entendre sa voix. C'est néanmoins avec prudence que nos acolytes se lancent dans la bataille, à l'instar de leur introductif et présent EP, «
My Burned Paradise », une auto-production modeste de ses quatres pistes dispatchées sur une bande auditive de 18 minutes tout au plus. En quoi cette laconique offrande serait-elle à même de tenir en respect leurs si nombreux opposants ?
Né du fusain de la productrice, auteure/compositrice et interprète Amanda Aalto, avec la complicité du guitariste/bassiste et claviériste Jani Myllymäki, ce set de compositions d'obédience metal mélodico-symphonique aux relents heavy, inspiré par
Nightwish,
Theatre Of Tragedy,
Xandria,
Delain et consorts, témoigne d'un réel potentiel technique et d'une créativité mélodique que pourraient leur envier bien de leurs homologues. Co-enregistré et finement mixé par nos deux compères, et jouissant en prime d'un mastering affûté signé Kari Laaksonen (vocaliste d'
Abhordium), sollicité, à cet effet, par The Lifted
Veil, Sarvekas et Arche, l'opus se dote d'une qualité d'enregistrement de bon aloi, laissant entrevoir une belle profondeur de champ acoustique. Mais entrons sans plus attendre dans la frêle goélette en quête de pépites intimement enfouies dans ses entrailles...
Ce serait à l'aune de ses pièces les plus enfiévrées que le duo marque ses premiers points. Aussi, non sans rappeler
Theatre Of Tragedy, l'entraînant «
My Burned Paradise » imposera d'un battement d'ailes sa sente mélodique toute de fines nuances cousue tout comme ses riffs crochetés. Mis en habits de lumière par les enivrantes modulations de la déesse, alors apparentées à celles de Nell Sigland (
Inner Fear, ex-
Theatre Of Tragedy, ex-
The Crest), couplets bien customisés et refrains entêtants glissent avec célérité dans nos tympans alanguis. Dans cette énergie, on retiendra non moins le ''nightwishien'' up tempo «
Cold Black Snow », tant pour la finesse de ses arrangements instrumentaux que pour ses rayonnants arpèges d'accords qu'encensent les troublantes oscillations d'une sirène bien habitée.
Le combo révèle d'aussi séduisants atours à l'instar de ses passages à la cadence plus mesurée. Ce qu'atteste, d'une part, le tubesque et ''xandrien'' mid tempo « The
Core » eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques, la délicatesse de ses gammes au piano et à son refrain immersif à souhait mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la maîtresse de cérémonie. Le félin et ''delainien'' « Chaotic Dreams », pour sa part, se fait à la fois énigmatique et caressant. Si d'aucuns auraient souhaité un refrain un poil moins répétitif qu'il n'apparait, cette carence se voit toutefois compensée par un sillon mélodique des plus enivrants, sur lequel se greffent les hypnotiques volutes de la princesse. Et la sauce prend, in fine.
On ressort de l'écoute de la menue rondelle interpellé par les qualités compositionnelles du combo finlandais. Si le projet n'est pas réelement novateur et si les exercices de style s'avèrent peu diversifiés, l'une ou l'autre ballade, fresque, et/ou instrumental manquant cruellement à l'appel, la qualité de production d'ensemble comme celle de ses lignes mélodiques autorisent l'écoute d'un seul tenant de la galette. Pour l'heure, nos acolytes nous octroient une œuvre certes agréable et aux portées finement esquissées mais des plus convenues. Ils se devront donc d'affûter encore leurs armes pour espérer tenir la concurrence en respect. Bref, un séduisant mais classique premier essai, dans l'attente à peine voilée d'un album full length...
Note: 13,5/20
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