La suffisance avec laquelle les Brésiliens de
Syren avaient, en cette année 2011, affirmé leur talent était d'une impudence d'autant plus impertinente que les qualités de ce premier album, répondant au nom sobre et direct d'
Heavy Metal, leur donnait admirablement raison. Autant dire qu'à l'aune de ce second opus baptisé
Motordevil, nous autres, pauvres erres, critiques patentés aigris, étions tapis dans l'ombre afin de fustiger quelques hypothétiques erreurs de la géante des mers.
Tout d'abord, en parcourant ce nouvel effort, une évidence nous saisit : aucun gros bouleversement ne viendra bousculer les habitudes de ce groupe originaire de
Rio de Janeiro. Il continue donc à appliquer les mêmes recettes que précédemment, à savoir un
Heavy Metal aux guitares lourdes et tranchantes, prenant par instants des aspects rugueux menant sa musique aux frontières du Thrash
Metal. Mais ce sans pour autant les franchir complètement. Le tout étant merveilleusement accompagné, pour ne pas dire mis en exergue, par les chants de Luiz
Syren, vocal tantôt aigu assez proches, c'est le moins que l'on puisse dire, de ceux de
Bruce Dickinson et tantôt plus agressif. On notera simplement que l'usage de ces interventions aux délicieuses aspérités, celles-là même que d'aucuns à l'audace audacieuse, ou à la méconnaissance crasse, allez savoir, oseraient même qualifier de Thrash, sont désormais plus en retrait. Une réalité qu'une frange non négligeable d'irréductibles râleurs, menée par votre humble serviteur, pourraient sincèrement regretter tant ce trait avait, certes, l'avantage de donner un surplus de caractère à la musique de cette formation, mais aussi, et surtout, celui de l'éloigner de ses accointances anglaises les plus manifestes (Iron Maiden pour n'en citer qu'une).
Quoi qu'il en soit, venons-en au fait et disons que nos quatre musiciens, une fois encore, ne déméritent aucunement ici, mais qu'il leur manquera cependant toujours ce petit quelque chose susceptible de les mener dans la sphère très privée des très grands. Toutefois, reconnaissons tout de même que le niveau de cette formation est bien meilleur que celui de nombreux autres se vantant pourtant d'être d'illustres cadors, ou de méritants successeurs, alors que pourtant il n'en est rien (la bienveillance obligatoire, ou plutôt la retenue, imposée par la fonction de chroniqueur m'empêchant, bien évidemment, de citer quelques-uns des noms de ces loups aux canines fatiguées).
Et, dès lors, des profondeurs aquatiques où vit la bête séductrice, mi femme mi poisson, s'élèveront quelques séduisantes aubades venimeuses telles que, par exemple,
Eyes of the
Anger au solo très "neo classique" ou telles que le somptueux
Motordevil aux couplets pesants et incisifs, précédant des refrains mélodiques parfaitement salvateurs (la corde utilisée pour ce titre étant donc, une fois de plus, celle du contraste pour, une fois de plus, une réussite tout à fait convaincante). Mais aussi telle que
Rebellion à l'entame aux faux airs du 2 Minutes to Midnight (Iron Maiden - Powerslave (1984)), aux chorus réussis et aux séquences âpres délicieuses ou que Fighter au break si typiquement britannique.
Loin de l'expression mielleuse de nombre de ces ballades copiées/collées, peuplant avec un systématisme imbécile, et fatigant, une foultitude d'albums insipides, on trouve aussi ici un joli moment poignant du nom de Long
Road.
Avec ce
Motordevil, les Brésiliens de
Syren continuent donc de nous offrir un travail sérieux et appliqué qui, à défaut d'être novateur et bouleversant, sera efficace et agréable à écouter. Ce qui, après tout, n'est déjà pas si mal en ces temps troubles.
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