Liste des groupes Heavy Metal Syren Heavy Metal

En parcourant succinctement la biographie officielle des Brésiliens de Syren, le quidam un tant soit peu perspicace aura tôt fait d'y remarquer une évidente évidence: la modestie est un concept auquel ces quatre musiciens ne sont pas vraiment sensibles. Développant crânement la théorie consistant à dire que la scène actuelle n'est qu'un marasme d'où émergent nombres de formations plus ou moins insignifiantes, ils nous expliquent que distinguer le bon grain de l'ivraie est une épreuve. Toujours selon eux, extraire ces uns méritants de l'anonymat pour ne laisser que ces autres négligeable croupir dans l'oubli, ne peut se faire qu'à l'aune d'une seule caractéristique vertueuse : le talent. Un talent que, bien entendu, nos quatre musiciens originaires de Rio de Janeiro possèdent. Du moins selon leurs propres déclarations. Ils seraient d'ailleurs bien stupides de leur part de penser le contraire attendu que d'aucuns, et non des moindres, ont été dithyrambiques à leurs égards. Parmi ces vils flagorneurs citons les noms de gens, et de groupes, tels que celui de Roy Z., de Conception ou d'Ark.

Quoi qu'il en soit, ne nous laissons pas impressionner par de telles manœuvres de bonimenteurs prétentieux et abordons avec sérénité le premier effort de cette formation baptisé Heavy Metal.

Un nom qui lui sied parfaitement puisque cet opus est, effectivement, une ode dédiée à un Heavy Metal pourvu de guitares aux sonorités lourdes et de chant aux intonations particulières plaçant d'emblée son auteur, Luiz Syren, dans la catégorie, peu enviable, puisque si décriée, des clones vocaux de Bruce Dickinson. Une ressemblance qui, de surcroît, bien évidemment, donne à ce disque les allures britanniques manifestes d'un Iron Maiden.

Fort heureusement Syren ne se contente pas de cette unique affinité et parvient à affirmer son caractère au travers de quelques éléments distincts attachants. Pour ce faire, comme évoqué précédemment, ils usent de guitares moins aériennes, et plus pesantes que leur modèle. Ensuite ils disséminent, çà et là, quelques interventions vocales rauques et rugueuses, extrêmes, donnant à leur musique de ce charme particulier propre au Thrash. Entendons-nous bien, il ne s'agit nullement d'affirmer ici que Syren pratique un Heavy Thrash dans la lignée des Helstar ou des Meliah Rage mais simplement de reconnaître qu'il règne en cet opus, par instants, une saine agressivité mise en exergue par des voix âpres accompagnés par des guitares particulièrement à propos.

Mais entrons plus précisément dans le vif du sujet et abordons quelques-unes des pistes de cette œuvre. Parlons de Blindfold et de Devil Road qui sont d'agréables moments pour peu qu'on s'accommode de leurs accointances anglaises. Tout comme The End aux refrains rugueux, et aux passages laissant subrepticement le chanteur seul en un infime moment (un procédé simple mais brillant que peu utilisent) en est un autre. Stay Alive aux chorus, eux aussi, pourvus de délicieuses aspérités nous procure également quelques satisfactions. Quant à Scourge of Time, il ajoute encore à ces spécificités déjà fort plaisantes quelques guitares sèches très efficaces.

De prime abord, ce Heavy Metal n'est donc qu'un ersatz brésilien de ce que la perfide Albion nous aura offerts de meilleur sous la plume de Steve Harris et de ses acolytes. Il faudra cependant aller au-delà de cette première impression car quand bien même cette affirmation ne saurait être totalement mise à mal, loin s'en faut, Syren pratiquera ici l'exercice avec suffisamment de talent, et de modernité, pour nous séduire. Et ce d'autant plus qu'en outre de ce don a parfaitement s'approprier la recette des autres, il sera également très habile dès lors qu'il s'agira d'y ajouter ses propres ingrédients.