Parfois, une pochette donne le ton d'un disque. Parfois, c'est juste un handicap. Espérons que ce ne soit pas le cas pour la pochette, assumée mais ô combien maladroite du premier album des Bulgares de
Mosh Pit Justice. En effet, le gorille encarté de patches de groupes des années 80 et à la casquette mentionnant la ville d'origine du groupe ne donne pas vraiment envie. Tout au plus, peut-on espérer un groupe sympathique à base de compositions à deux euros, et au rendu aléatoire.
Que nenni ! Nos trois Bulgares, non seulement proposent un thrashmetal racé, fin et énergique, mais se paient le luxe de singer (!) avec talent le
Forbidden des deux premiers albums. C'est notamment le cas avec les vocaux de Mariyan (également à la basse et principal compositeur), très proche de ceux de Russ Anderson. C'est particulièrement flagrant dès "Pray To Me", et on retrouve cette tessiture sur de nombreux moments du disque, mais aussi avec ce sens des rythmiques véloces chères au groupe de la Bay-
Area ("
Blood Of The
Tyrant" ou l'énormissime "Wicked
Messiah", faisant revivre ponctuellement le fantôme du magnifique
Forbidden Evil dans les grandes largeurs).
Aussi étonnant que cela puisse paraître, et après quelques écoutes nécessaires pour bien distinguer la personnalité avérée du disque, les Bulgares réussissent ici un vrai coup de maître. Les morceaux, alternant rythmiques thrash rapides et moments plus lourds, ont ce petit quelque chose (
Exodus n'est jamais loin) qui devient vite addictif. Un sens de la mélodie vocale (quiconque ne succombera pas à "In Dollar We
Trust" peut se racheter des oreilles), des breaks fort bien amenés ("
Blood Of The
Tyrant", au solo et à la structure imparables), et une facilité à faire mouche à chaque titre.
Mosh Pit Justice, s'il ne perd que rarement son petit côté
Forbidden, fera aussi penser à Iron Maiden (sur le début de "
The Serpent", très Dickinson dans les vocaux, ou par certaines rythmiques galopantes), ou aux meilleurs moments de Laäz Rockit, par sa fougue et son énergie palpable dans chaque sillon de l'album.
Comme quoi, il est encore possible de découvrir des perles au fin fond de l'Europe de l'Est, en 2015.
Plus américain qu'un groupe californien millésimé 1988,
Mosh Pit Justice vaut bien plus que sa pochette et que sa distribution erratique (
Endless Butality Of Men Records - EBM pour les intimes). Même le fan de thrash blasé pourra se retrouver retourné devant ce savoir-faire, passé les premières écoutes, inévitablement teintées de sourires béats tant son influence principale ne pourra laisser insensible le connaisseur.
Mosh Pit Justice vaut beaucoup plus que ce sentiment de plagiat Forbiddenesque, difficile à contenir lors de la première écoute. Les compositions de cet album méritent vraiment le détour pour ce qu'elles sont, à savoir de belles pièces d'un thrash savoureux, bien produit comme il faut et ne comportant pas de réelle faiblesse, si tant est qu'on ne soit pas allergique aux vocaux haut perchés.
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