Liste des groupes Power Symphonique Vrylnia Moonwing

Nouvel entrant dans la sphère metal symphonique à chant féminin, c'est sans complexe que ce jeune quintet canadien originaire de Montreal se lance dans l'arène, venant à son tour marcher sur les traces des grandes pointures européennes, Nightwish (première période) en tête de cortège, suivie de Dark Sarah, Amberian Dawn, Ancient Bards ou encore Sirenia. Ce faisant, la talentueuse mezzo-soprano Ariane Martel, le fin auteur/compositeur, guitariste et arrangeur Charles-William Cummings, le guitariste Louis Lacombe, le bassiste Gabriel Taillon et le batteur Mathieu Le François nous mènent de concert au cœur d'un projet power symphonique singulier, éminemment épique, porteur d'une énergie aisément communicative, voguant sur des lignes mélodiques catchy et témoignant d'une technicité éprouvée de ses membres. De quoi inquiéter quelques jeunes loups aux dents longues, dont Elvellon, Beyond The Black ou encore Once...

En guise de carte de visite, le collectif canadien nous livre un prudent mais néanmoins troublant EP dénommé « Moonwing » ; auto-production où ne s'égrainent guère plus de 5 titres sur un ruban auditif d'à peine 21 minutes et témoignant d'un enregistrement de bon aloi, la galette ne concédant que de rares sonorités parasites. De plus, mastérisé et mixé par Gabriel Fortier-Marceau (Into the North, Silent Memories), Louis Lacombe (Silent Memories) et Gabriel McCann (Eternal, Outsider), l'opus fait montre d'une confondante péréquation du champ sonore entre lignes de chant et instrumentation tout en dispensant une saisissante profondeur de champ acoustique. C'est dire que nos acolytes ont pris la mesure des enjeux d'un tel investissement dans un registre metal aujourd'hui ô combien surinvesti. Mais entrons plutôt dans la petite goélette en quête d'éventuels trésors enfouis...

D'entrée de jeu, le groupe nous plonge dans un vaste champ de turbulences, et ce, au gré de sémillants harmoniques et de riffs susceptibles de laisser quelques traces dans les mémoires. Ainsi, dotés d'arrangements nightwishiens et d'une frondeuse rythmique empruntée à Ancient Bards, « Into the North » tout comme « Outsider » nous propulsent sur un terrain miné d'un tapping martelant, sous-tendu par une basse vrombissante, d'ondulants gimmicks guitaristiques pour l'un et de seyantes rampes synthétiques pour le second. Corroboré par les cristallines inflexions d'une sirène bien habitée, à mi-chemin entre une Tarja à l'époque de « Oceanborn » et Dianne Van Giersbergen (Ex Libris, ex-Xandria), le convoi orchestral se plaît alors à nous bringuebaler pour mieux nous retenir. Ce faisant, ces deux tempétueux méfaits ne lâcheront pas leur proie d'un iota, et ce, jusqu'à la note ultime de leur propos.

Parfois, le combo complexifie ses portées tout en densifiant son corps orchestral, et cela, sans pour autant nous laisser pour compte, loin s'en faut. Ce qu'illustre précisément « Eternal », frondeur up tempo syncopé aux vibes orientalisantes dans la lignée conjointe d'Epica et Sirenia. Aussi, de par les félines oscillations doublées de stupéfiantes envolées lyriques de la déesse, amplifiées par une imposante chorale samplée, cette plage symphonico-opératique ne ratera pas sa cible, celle de nos émotions. Evoluant parallèlement sur d'enveloppantes nappes synthétiques et délivrant un bref mais sémillant solo de guitare, cet effort se dote, en prime, d'une sente mélodique aussi pénétrante qu'exigeante. Bref, l'une des pépites concoctée par nos gladiateurs.

Lorsqu'il nous invite à d'intimistes moments, le groupe nous livre ses mots bleus les plus sensibles, que pourraient bien lui envier ses propres maîtres inspirateurs. Ainsi, « Silent Memories » se pose telle une ensorcelante ballade aux airs d'un slow qui emballe, dans le sillage de « Sleeping Sun », concoctée par Nightwish il y a plus d'une décennie déjà. D'un battement d'aile, les angéliques patines de la maîtresse de cérémonie sauront faire plier l'échine à plus d'une âme rétive. Calé sur une sente mélodique d'une précision d'orfèvre, apte à magnétiser le pavillon du chaland, ce message musical se charge en émotion au fur et à mesure de notre progression. On éprouvera alors l'irrépressible désir d'y revenir aussitôt la dernière mesure évanouie.

Contrairement à moult de ses homologues, la troupe clôture son parcours par un bref et apaisant instrumental. Si elle ne s'avère pas des plus indispensables ni des plus originales, « Shattered Reflections » s'offre néanmoins telle une plaisante pièce cinématique aux fines sinuosités synthétiques doublées de graduels choeurs samplés. Une manière agréable de boucler la boucle.

Résultat des courses : on traverse une mer limpide à la profonde agitation intérieure, apte à éveiller d'authentiques plaisirs. Si le combo canadien ne s'écarte que rarement du cadre et des codes de son registre metal d'affiliation, ne concédant que peu de prises de risques, force est d'observer qu'au regard de ses enchanteurs cheminements harmoniques, de la variété des exercices de style dispensés et de la qualité de la production d'ensemble, il parvient le plus souvent au recueil de l'adhésion. De plus, une technicité instrumentale maîtrisée, une enivrante mélodicité et d'hypnotiques volutes de la part de la frontwoman complètent un tableau déjà richement orné. Bref, une nouvelle étoile du metal symphonique à chant féminin est en train de naître. Aussi, votre humble serviteur subodore qu'il s'agit-là de la toute première page d'une longue histoire...