Jeune groupe de power symphonique italien, Overcrown nous emmène à la découverte de ses paysages de notes souriants et entraînants au cours d'un bref parcours auditif de dix-sept minutes que compte cette démo d'à peine quatre titres. Inspiré par les arpèges et la dynamique d'
Ancient Bards, l'atmosphère de
Nightwish et l'assise vocale de
Ravenscry, ce quintet arrive à son tour sur une scène pléthorique en formations metal symphonique de tous bords, muni de compositions délicatement élaborées et de textes finement écrits, doté d'une technique instrumentale déjà bien inspirée et d'une empreinte vocale délicate et aérienne. Cette production de bon aloi signifie que le groupe s'est laissé le temps de soigner ses détails, ses enchaînements et ses finitions, pour espérer lui aussi nous rallier à sa cause. Y parviendra-t-il ?
Cofondé en 2006 par les guitaristes Fabio Affili et Aleksandar Djeric et par le batteur et programmeur Dusan Djeric (ex-
Crafter Of Gods), le trio sera rejoint deux ans plus tard par la chanteuse au subtil et enchanteur grain de voix Giulia Morgana Penzo, par Stefano à la basse, remplacé en 2010 par Elia Dalla Pola, assurant également la programmation. Ainsi constitué et témoignant d'une belle unité d'ensemble, le groupe distille une musique rythmiquement puissante, mais peu virulente, mélodieuse, mais sans mièvreries ni fadeurs, témoignant de jolies harmoniques et de jeux d'accords bien pensés et restitués.
Pas de réelle prise de risques, ni d'originalité particulière ne s'observent ici. Cependant, cette galette ne s'en révèle pas moins engageante, rafraichissante, avec quelques passages aussi séduisants qu'inattendus.
Pour nous plonger dans l'ambiance de fond du modeste opus, le collectif a cru bon de nous livrer un instrumental en guise d'entame, et pas n'importe lequel. On peut ainsi se rendre compte des intentions du combo d'en découdre dans un registre où il convient désormais d'élargir son offre, y compris pour un introductif essai. Ainsi, de délicats arpèges au piano nous accueillent sur le titre éponyme de l'album, « Monochrome », instrumental à part entière où les effets d'orchestration symphonique ont été travaillés avec rigueur et s'organisent progressivement. Ceux-ci s'avèrent redoutables d'efficacité, nous livrant un spectacle délectable, haut en couleurs harmoniques par le fait d'arrangements minutieusement échafaudés. Un beau dégradé de l'intensité sonore s'observe également en fin de piste. C'est dire qu'une impression favorable se dégage déjà de cette petite rondelle, nous poussant ainsi à la totale lecture du disque.
Là commence véritablement le bref voyage, suivant les ondulations veloutées, cheveux au vent, de la sirène, seule présence vocale pour nous servir. C'est dans son style de prédilection que nous ravit le plus largement la vaillante troupe. Ainsi, le revigorant «
Death Beside Me », titre typiquement power symphonique, déploie ses riffs corrosifs et sa fouettante rythmique sur un parcours à rebondissements, aux arrangements de bonne facture, enjolivés par les chatoyantes patines vocales de la déesse. Non sans rappeler
Ravenscry, cette infiltrante plage ne ratera pas son effet, notamment sur les refrains. Mais, l'autre point fort de la piste reste le mélodieux solo de guitare d'un délié d'une parfaite maîtrise, hypnotique s'il en est. Une reprise en toucher sur le refrain achève définitivement de nous convaincre du potentiel de ce groupe. Dans cette veine, mais selon une autre rythmique, le mid tempo au tapping alerte «
Phoenix », à la façon d'
Ancient Bards, ne tarde pas à délivrer ses couplets bien dessinés et ses refrains envoûtants, magnifiés par la magnétique présence de Giulia à laquelle répondent des séries de notes synthétiques du plus bel effet. Un délicat piano se fraye un passage sur un bref break avant que la jeune diva ne reprenne les rênes, pour finir crescendo. A l'aune de ces deux passages, l'impression du début ne s'est pas démentie.
Dans une atmosphère différente, le combo semble également à son aise, mais avec un peu moins d'emprise que précédemment. Ainsi, un tapping martelant nous accueille sur « Twelve Touches of
Agony », morceau d'inspiration symphonique gothique. Un peu déroutant par moments, par ses nappes synthétiques peu sécurisantes, le moment ne manquera pas de nous attirer sur le refrain, habilement vocalisé par la maîtresse des lieux. Des variations de tempo et de rythmique complètent un tableau riche en gammes même si parfois on s'y perd un peu dans ce foisonnement instrumental. La reprise sur le refrain compensera cette relative attente. Soudain, une rupture s'amorce, la sirène fermant la marche en solo, dignement, à la façon d'Amy Lee.
On ressort de l'écoute de ce message musical agréablement surpris par la ferveur et les subtilités harmoniques qu'il recèle. Certes, il leur faudra encore faire leurs preuve pour se hisser au niveau de leurs sources d'inspiration mais les compétences et le talent aidant, on peut penser qu'ils n'en resteront pas là et que le projet de réaliser un album full length les habite déjà. Quelques retouches sur les lignes mélodiques et une offre plus variée contribueront à valoriser leur projet qui, en l'état, a déjà de quoi attirer le tympan de l'amateur de power symphonique à chant féminin. Une œuvre à parcourir pour le plaisir de la découverte et, pourquoi pas, à adopter.
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