Huit années après la publication de «
Dawn of Bitterness » et de «
Guillotine Supremacy » ses deux et uniques démos, faisant toutefois abstraction de «
The Hunt Is On » (Ep sorti en 2015),
Mithridatic revient littéralement d’entre les défunts, avec son premier full-length intitulé «
Miserable Miracle ». Inspiré par le nihilisme, l’occultisme, les addictions ou encore les angoisses, les Stéphanois ont trouvé refuge chez Kaotoxin Records (
Antropofago,
Nephren-Ka,
Putrid Offal...) et ont concocté leur premier effort longue durée au Studio Sainte-Marthe, avec Francis Caste comme cuisinier en chef. Le line-up a subi quelques chamboulements et intègre désormais Kevin Paradis (
Svart Crown, batteur live pour
Melechesh,
Benighted,
Seth,
Agressor...), en lieu et place de Simon Digonnet.
« To Supply... » est en charge d’introduire «
Miserable Miracle » et plante immédiatement le décor. Chants incantatoires en forme de messe noire dont les participants semblent être tous atteints de pathologies mentales sévères, accueillent l’auditeur, avant une montée crescendo sur des rythmes tribaux. Cette atmosphère malsaine, sombre et dérangée, enveloppera chacune des compositions que renferme cet album. « ...For Terror
And The Crowd » ouvre, quant à lui, véritablement les hostilités sur une attaque blastée qui laissera très peu de survivants. Ce morceau est assez court (mais qu’il faut associer à « To Supply... ») et son maître mot qui pourrait être « violence » serait loin d’être usurpé. En effet, en plus des blasts prédominants, il faut y ajouter un riffing énorme, un solo de haute volée, soutenu par une rythmique démentielle, rehaussé de vocaux oscillant entre death et black.
Et, en matière de brutalité,
Mithridatic en connait visiblement un rayon, « Dispense The Adulterated », les maintes accélérations de «
Miserable Miracle », « Funambule
Penitent » ou «
Hell Compasses Point » et « I
Will Harm » sont autant de mandales assénées qui laisseront plus d’un deathter, pourtant aguerri, dans le caveau. Cette violence émane également de l’alternance des cadences qui émaille cet opus et les accélérations féroces sont mises en exergue par les breaks qui les précèdent, et vice-versa.
Pourtant,
Mithridatic ne se contente pas d’une bastonnade en règle et a su insuffler à ses compositions une ambiance oppressante et obscure, en prenant soin d’éviter l’asphyxie à l’auditeur téméraire comme sur le morceau titre mais surtout sur « Oxydized
Trigger Sabotage » qui confine à la folie. Il faut dire que Guitou ajoute à ce sentiment, le bougre semblant être totalement possédé et dément sur cette composition, renforçant aussi cette oppression dérangeante.
Guitou est un élément essentiel de cet album car il utilise toute l’étendue de sa palette vocale allant d’un death viril au black, en passant par du chant diphonique (« Dispense The Adulterated ») et du growl grassouillet porcin, façon « chasse d’eau » que n’aurait pas renié «
Last Days Of Humanity », s’octroyant même une imitation des croassements typiques d’
Abbath sur « Vitrified
Desert » ou « Funambule
Penitent ». Les musiciens sont également tous au diapason avec une mention spéciale à Kevin Paradis qui éclabousse de toute sa technique ce disque. La production de Francis Caste est tout simplement irréprochable, ajoutant beaucoup de relief aux compositions du groupe et dote cette galette d’un son monstrueux, chose assez rare pour être signalée, surtout pour une première livraison.
Même si «
Miserable Miracle » est d’une qualité intrinsèque élevée, il comporte pourtant quelques défauts, au premier rang desquels, les influences
Morbid Angel. Certes, il y a pire comme source d’inspiration et l’expérience (ne n’est là que leur tout premier album) gommera assurément cette imperfection. Pour l’anecdote, il est à signaler que la partie solo de « Dispense The Adulterated » renvoie au « Sublime
Dementia » de
Loudblast. Aussi, quelques longueurs, peu nombreuses, il est vrai, parsèment ce disque comme le final interminable de « Vitrified
Desert » ou sur «
Miserable Miracle ».
Mithridatic vient de frapper fort avec son premier long format qui, pour un premier essai, s’avère être un coup de maître. La violence, alliée à l’oppression, rebutera assurément quelques néophytes aux cages à miel encore trop chastes. Quant aux autres, la formation pourrait dores et déjà postuler au titre de révélation de l’année, même si les influences sont encore trop présentes.
Mithridatic pourrait bien bousculer la scène extrême hexagonale dans un futur proche. Espérons simplement que la formation n’explosera pas en vol pour s’avérer n’être qu’un feu de paille.
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